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Holy Strays a posé quelques questions à Ital

today17/10/2011 148

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La rédaction d’hartzine partage bien plus qu’un intérêt pour la musique d’Holy Strays. Souvent alignés sur les avis éclairés de Sébastien sur les musiques de niches, nous lui avons proposé d’alimenter le site comme bon lui semble. La première trace de cette collaboration est une interview d’Ital, camarade de label, pour lequel il ouvrira lors de la prochaine édition du Festival Nail The Cross à Londres.
Ital jouera la veille à la Java dans le cadre d’une soirée BLACKÖZLEM, et un peu d’assiduité à la lecture vous permettra de gagner deux places ci-dessous.

Comment en es-tu parvenu à composer de la musique orientée dance et disco ?

J’ai commencé à écrire des titres techno début 2006 – de mon côté. Entre 1999 et 2003, j’ai souvent eu accès à des enregistreurs 8 pistes, ainsi qu’à de multiples instruments. Mes groupes respectifs répétaient généralement dans la maison de mes parents. Durant mes deux dernières années de fac, j’ai donc passé un bon nombre de vendredis soirs à enregistrer seul, des titres inspirés par DJ Shadow, Mahavishnu Orchestra, Prince Far-I, etc. Mais en 2006, j’ai installé Audacity et commencé à composer de vrais morceaux. J’étais fermement opposé à l’idée d’utiliser tout ce qui touchait de près ou de loin aux interfaces MIDI – seulement car j’ignorais ce que le MIDI était vraiment. J’assimilais les sons MIDI à ces terribles instrumentaux karaoké et presets Casio infâmes. Je suivais un cours de musiques électroniques à cette époque. J’y ai appris un grand nombre de points fondamentaux, au sujet de la forme des signaux, des enveloppes, etc. Ce cours m’a aidé à comprendre et à utiliser Audacity ; mais lorsque nous en sommes arrivés à étudier le MIDI, notre prof nous a fait écouter le pire plugin que je n’avais jamais entendu. Je me suis donc dit que j’avais raison et parallèlement… J’écoutais énormément Villalobos, et sa musique – à l’époque – paraissait si bizarre et exagérément détaillée que je ne pouvais me résigner au fait que j’étais le seul à emprunter cette méthode sculpturale. J’ai écrit 5-10 morceaux, puis j’ai rencontré Damon avec qui j’ai formé Mi Ami. Notre premier impératif fût d’adapter ces morceaux en live, mais presque immédiatement nous trouvâmes des directions plus excitantes. Ces titres sont tombés dans l’ombre pendant plusieurs années. En janvier 2010, je me suis dit que j’adorerais sortir un maxi. Mi Ami avait sorti plusieurs maxis, et j’avais cet EP de Sex Worker dans les bacs, mais aucun d’eux ne serait jamais estampillé house, techno ou electronica – et l’idée d’un maxi me séduisait. Je ne possédais pas beaucoup de matériel et je ne voulais pas attendre d’en avoir, je me suis donc rabattu sur Audacity, logiciel sur lequel j’ai travaillé d’arrache-pied. Lors d’une session de 20 ou 30 heures, j’ai terminé Ital’s Theme.

Je sais que tu es impliqué dans Mi Ami et quelques autres projets de groupes… J’ai été (et suis toujours) batteur dans plusieurs collectifs. Qu’en est-il du besoin de mener à la fois un groupe et un projet solo ? Le processus créatif est-il le même dans les deux cas selon toi ? Ces deux dimensions sont-elles nécessaires ?

J’adore les collaborations mais récemment, développer mon propre projet s’est révélé à moi comme une nécessité. Avoir un groupe est génial, mais cela nécessite des moyens, des infrastructures, et beaucoup de recul. Il arrive par exemple que les musiciens doivent quitter le groupe, ou ne puissent partir en tournée en même temps que vous… Cela peut se révéler stimulant de se concentrer intensément sur un projet collectif, de s’efforcer d’exploiter chaque idée ; mais les groupes capables de soutenir ce rythme et de maintenir le projet artistiquement viable sont rares. Faire ses propres trucs peut offrir un véritable souffle et laisser le temps aux collaborations de prendre forme. Cela a également beaucoup de valeur en soi. Il me semble qu’une carrière musicale saine doit pouvoir jongler entre ces deux pôles.

Comment composes-tu ta musique ? Est-elle conditionnée par l’utilisation de samples, comme c’est souvent le cas dans la musique électronique de nos jours ?

D’une certaine manière, les morceaux prennent forme d’eux-mêmes. Je pars généralement d’une idée très basique. “Je veux que le track sonne comme s’il était perçu sous l’eau” par exemple, ou bien “je voudrais recréer tel ou tel motif rythmique”, puis je me mets au travail. J’utilise des samples dans ma musique, mais les morceaux ne sont pas généralement construits autour. Très honnêtement, chaque titre est différent.

Quelle est ta configuration live actuellement ? Est-elle très différente de ta manière d’enregistrer ? Comment se développe Ital sur scène ?

La configuration live est en plein changement. Je viens juste de me procurer une Electribe et suis en train d’apprendre à l’intégrer au set up. J’ai pris l’habitude d’utiliser un ensemble d’outils qui comprend un ordinateur, des claviers live et une table de mixage, sous la forme d’un bootleg en quelque sorte. Cela fonctionne plutôt bien, mais les morceaux sonnent assez différemment. Reproduire un certain nombre de notes compliquées reste délicat, mais j’espère qu’avec le temps, je finirai par y parvenir.

Ital – Live @ Shea Stadium by LiveatSheaStadium

Je crée des beats avec Audacity depuis presque un an maintenant, mais j’ai toujours pensé que j’étais le seul à utiliser ce logiciel – étant donnée la multitude de logiciels incroyables actuellement disponibles ! Quelle est cette rumeur que l’on peut lire sur ton utilisation d’Audacity ? L’utilises-tu beaucoup ? Est-ce un moyen de garder une emprise sur la machine ?

J’aime ce logiciel car il ne “pense” pas à notre place. Nous devons effectuer certaines recherches et fournir beaucoup d’efforts en vue de parvenir à le faire fonctionner. Logic compresse automatiquement tout et possède tous ces patches de synthétiseurs compliqués, etc.C’est un peu comme lorsque l’on se promène dans une boutique de guitares et que l’on demande au vendeur une Fender : celui-ci la prend et commence à se la jouer. Audacity est tellement bizarre et frustrant, mais aussi tellement libre. Je n’arrive même pas à comprendre comment éditer des sons, ou créer des fondus sous Logic, même si je sais qu’il existe forcément un moyen. Je suis sur ma lancée, donc je m’en tape.

Considères-tu la musique d’Ital comme de la musique club, ou plutôt comme une sorte de dance hybride ? La dance a clairement façonné l’allure de tes compositions mais il me semble relever des influences et des instincts qui vont au-delà de la musique club. Cultives-tu cette ambigüité ?

Bien sûr. J’aime l’idée que l’on pourrait jouer mes morceaux lors d’un DJ-set, mais ce n’est pas mon intention principale. Je ne crée pas des DJ-tools, je fais de la musique. J’ai le sentiment que les idées ne doivent pas être conditionnées par cette énergie nerveuse que l’on se doit de libérer en club. Je pense que si chaque disque était conçu dans le seul but d’être jouable en club, nous serions prisonniers d’un milliard d’ennuyeuses étiquettes. Ces sons devraient toujours être fous, surprenants.

A propos de la relation qu’entretiennent tes deux projets, Ital et Sex Worker, à quel moment ces deux facettes se rencontrent-elles ? Tu t’apprêtes également à donner plusieurs concerts en tant que Sex Worker. Comment recrées-tu Sex Worker sur scène ? Comment distingues-tu les deux projets ?

La configuration live est la même pour les deux projets, même si le procédé est différent. Sex Worker renferme une intense substance émotionnelle ; Ital est moins solennel. Mais depuis que je suis très pris par Ital, ce projet a quelque peu pris le pas sur Sex Worker pour ce qui est de transmettre ces sentiments obscurs.

As-tu des sorties prévues pour Sex Worker ? Quels sont tes projets futurs pour Ital ?

Sex Worker n’a plus aucune sortie prévue mais j’aimerais travailler sur un nouveau disque. Les futurs projets d’Ital sont désormais vastes… Un EP paraîtra chez Planet Mu, une floppée de remixes est en cours, beaucoup de dates, puis je l’espère, un album ou que sais-je ? Sur cette tournée, j’ai réellement envie de prendre le temps d’explorer de nouvelles idées, de scruter les directions que je prendrai à l’avenir. J’adore être très très occupé, mais j’aime aussi prendre le temps de penser et de me reposer. L’EP sur Mu est très sombre, j’aimerais faire quelque chose de plus lumineux par la suite, qui sait.

 

Afin d’assister au live d’Ital à la Java, Hartzine et BlackÖzlem vous font gagner deux places en répondant à la question suivante : « Sur quel label sortira le prochain ep d’Ital ? ». Envoyez-nous vos nom, prénom, adresse e-mail et réponse à l’adresse : hartzine.concours@gmail.com. Les vainqueurs seront prévenus avant la fin de la semaine.

Écrit par: Nicolas

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