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Personnage iconoclaste et attachant, Jef Barbara n’indiffère jamais. Que ce soit par sa musique – croisement synth-glam affriolent, où le vernis italo-disco s’entiche d’un rimmel à la Ziggy Stardust – ou par sa personnalité tendancieusement attifée et maniérée, l’androgyne Montréalais glane à coup sûr et sans combattre cette ineffable affection cousue d’indicibles extravagances. Marivaudage concupiscent et délicieusement provoquant, les caresses synthétiques de l’éphèbe aux chemises flanelle s’absolvent pourtant de toutes mièvreries guindées ululant un prosélytisme gay rabat-joie et rabâché. Que ce soit par le biais de son univers musical, ou plus spontanément par l’entremise de son journal blogué, Jef fait l’impasse sur tout onanisme pseudo revendicateur, se concentrant sur l’essentiel : l’écriture de pop songs lui seyant à merveille, aussi faussement candides que bien troussées. Tout droit issu de la scène DIY québecoise – où le jeune homme s’acoquine avec une myriade de groupes et de labels dont on n’a pas fini de louer la singularité intrinsèque, de Dirty Beaches à Femminielli en passant par Electric Voice Records ou Fixture Records – Jef Barbara s’apprête à franchir un des caps cardinaux, et non des moindres, de sa chatoyante carrière discographique. Déjà connu en Europe via les insomniaques Pragois d’Amdiscs – participant même au summer tour de ces derniers – et n’ayant dans l’escarcelle que quelques productions relativement confidentielles – sur Amdiscs donc, mais aussi sur EVR et les Japonais de Big Love Records (lire) – notre homme s’est laissé séduire par le label de Bertrand Burgalat, Tricatel, qui sortira le 5 mars prochain Contamination, son premier LP. Mais avant d’aborder dans l’entretien qui suit sa mue patronymique, sa rencontre avec R. Stevie Moore ou encore son bagage à main regorgeant de disques estampillés Mariah Carey ou George Michael, Jef Barbara dévoile ci-après l’un des remix de Wild Boys, extrait de l’EP du même nom à paraitre le 6 février, qui n’est autre que celui de CVLTS (lire), évoqué en fin d’interview.
01. Wild Boys
02. Larmes de Crocodile
Qui es-tu Jef ?
Who are you Jef?
Je suis un chanteur. Je suis de Montréal. Je suis asthmatique. Je suis allergique à la camomille. Je suis obsédé par les tutoriels d’extraction de cérumen sur YouTube. J’aime les serpents. J’aime la pluie. J’aime le gris. J’ai un chat gris. J’aime les hommes. J’aime les femmes. J’aime le jus de pamplemousse. J’aime le coca. J’aime les candy cigarettes. J’aime le cheddar fort. J’aime les crudités. J’adore les framboises. J’ai une afro sous ma perruque.
I’m a singer. I’m from Montreal. I’m asthmatic. I’m allergic to camomile. I’m obsessed with ear wax removal tutorials on YouTube. I like snakes. I like the rain. I like grey. I have a grey cat. I like men. I like women. I like grapefruit juice. I like coca-cola. I like candy cigarettes. I like mature cheddar. I like crudités. I like raspberries. I’m sporting an Afro under my wig.Â
Peux-tu présenter ta personnalité en quelques mots ?
Could you tell us a few words about your personality?
Je suis sensuel. Je suis capricieux. Je suis désordonné. Je suis coquet. Je suis poète. J’aime être bien sapé. J’ai un vague trouble obsessionnel compulsif. J’ai un trouble dissociatif de l’identité. J’ai une personnalité féminine. J’ai de légers troubles d’insomnie. J’ai un penchant anorexique-boulimique.
I am sensual. I am temperamental. I am messy. I am coquettish. I’m a poet. I like being stylish. I am a bit OCD. I have a dissociative identity disorder. I have a feminine personality. I suffer a little from insomnia. I have anorexic and bulimic tendencies.Â
Comment es-tu passé de Jef and the Holograms à Jef Barbara ? Peut-on parler d’une mue artistique ?
How did you go from Jef and the Holograms to Jef Barbara? Should we talk about an artistic transformation?Â
Tout à fait. Si on écoute l’EP que j’ai fait sous le nom de Jef and the Holograms, on verra bien pour commencer que le ton est plus célébratoire que ce que j’ai fait paraître sous Jef Barbara. Cet EP fut un premier jet. Un croquis. Une évacuation de fantasmes. Mon projet solo est plus nuancé, bien qu’il retienne mes qualités burlesques de jadis. D’ailleurs, le titre Contamination témoigne vivement d’une mue artistique. L’EP de Jef and the Holograms s’intitule Truly Contagious…
Absolutely. If you listen to the EP I made under the name of Jef and the Holograms, you will immediately notice that the tone is more celebratory than anything I have ever done under the name of Jef Barbara. This EP was a first draft. A sketch. A way of letting go of my fantasies. My solo project is not as straightforward, even though it does contain some previous elements of burlesque. The title Contamination actually reflects quite strongly this artistic change. The Jef and the Holograms’ EP is called Truly Contagious…
Dans quel contexte as-tu rencontré R. Stevie Moore et qu’est-ce que votre collaboration a fait naître en toi, dans ta musique ?
How have you met R. Stevie Moore and what did this collaboration bring to you and your music?
Je connaissais très peu R. Stevie Moore avant d’avoir collaboré avec lui en 2009. C’est Dominic qui en était fan à la base. J’avais alors écrit un texte destiné à être chanté en duo avec un homme plus âgé, et qui allait faire partie d’un EP concept, fondé sur l’histoire de Pinocchio. Nous avons beaucoup brainstormé, sans résultat conclusif. J’ai donc proposé Stevie tout en étant réticent, sachant que le texte que j’allais lui faire chanter était en français, et que j’allais devoir le lui apprendre phonétiquement et ce, à longue distance. Forcément, la chanson lui a plu car il a dit oui. R. Stevie Moore chante donc dans la peau d’un Geppetto subverti et pervers, qui fait croire à sa marionnette qu’il fera d’elle le prochain Heath Ledger.
L’expérience fut pour moi particulièrement édifiante car je me suis reconnu dans la démarche DIY de Stevie. J’ai depuis enregistré une reprise de Irony, qu’il m’a à son tour dédiée lors de son dernier concert à Montréal. J’ai rarement été aussi ému.
I didn’t really know R. Stevie Moore before working with him in 2009. Dominic was the actual fan. I had written lyrics I was planning to sing in a duet with an older man and that was going to be on a concept EP based on Pinocchio’s story. We did quite a lot of brainstorming, without really getting anywhere. So i reluctantly asked Stevie, aware of the fact that the text was in french, which implied that I had to approach it phonetically, all of which while living apart from each other. He must have liked the song since he agreed. In the song, R. Stevie Moore embodies a perverse and corrupted Geppetto who makes his puppet believe he will help it become the next Heath Ledger.Â
The experience has been really fulfilling for me. I recognised myself in Stevie’s DIY approach. Since then, I recorded a cover of Irony, which he then dedicated to me during his last gig in Montreal. I really got quite emotional.Â
A priori, je situe ta musique à quelques encablures de celle de Marc Almond et de Soft Cell, en plus glam. Comment la définirais-tu et quelles sont tes influences essentielles ?
I would put your musical style between Marc Almond’s and Soft Cell, but with extra glam. How would you define it and what are your influences?Â
Ce n’est pas la première fois qu’on me balance la comparaison avec Marc Almond. Bertrand me l’a dit aussi. Il reste que mis à part quelques clins d’oeil, je ne puise que de manière subconsciente dans l’oeuvre des autres. C’est vrai, j’ai été très excité en écoutant Non-Stop Erotic Cabaret pour la première fois. Idem pour Replicas ou même Dirty Mind, si on veut se pencher du côté plus black, plus américain. Mais il reste que mes intérêts ne se limitent pas qu’à la New Wave. J’adore la pop féminine d’une manière générale, qu’elle s’inscrive dans le disco ou dans le genre adulte contemporain. J’ai intensivement étudié la structure du songwriting de Mariah Carey. Pour le chant, j’ai beaucoup appris du R&B commercial de années 90, principalement en écoutant les interprètes des compositions de Babyface. Mais tout ça ne retrouve son sens que dans ma tête. Que j’écoute des disques de Diane Tell ou de Bonnie Tyler n’a vraiment pas d’importance car leur musique passe par le filtre d’une pensée qui m’est propre. En ressort donc un univers musical qui j’ose croire est assez original, et qui me prouve que faire du namedropping n’a aucun intérêt, si ce n’est que de se conditionner à dire des choses en fonction de l’image qu’on veut projeter pour soi-même. Surtout lorsqu’il est question de musique.
Donc au lieu de parler de trucs que personne ne connaît ou, pire, de jouer l’énième sérénade en l’honneur de Jesus & Mary Chain, je préfère dire que mes influences essentielles sont très variées, ce qui explique le fait que Contamination possède cette allure de trousse à maquillage. J’aime la variété dans son sens premier.
It’s not the first time i’m being compared with Marc Almond. Bertrand said the same. In any case, except a few homages here and there, I only really subconsciously get inspired by the work of others. It’s true I got very excited over Non-Stop Erotic Cabaret when I listened to it for the first time. The same goes for Replicas, or even Dirty Mind, in terms of more black, american music. But really, my interests are by no means limited to the New Wave. I really like female pop music in general, including disco or more contemporary adult genres. I studied intensively Mariah Carey’s structures of songwriting. In terms of singing, I learned a lot from 90’s mainstream R&B music, including a lot of Babyface. I realise this is only meaningful to me. Whether I listen to Diane Tell or Bonnie Tyler, it doesn’t really matter: their music is filtered through my own thoughts. As a result, I like to think it creates a rather unique musical landscape which also proves that dropping names is quite useless, unless you want to attach your personality to an image you’re looking to project. Especially when it comes to music.
So, instead of mentioning people nobody’s never heard of, or – even worse, singing yet another time the praises of The Jesus & Mary Chain, I’d rather say that my inspirations are very diverse, which also explains why Contamination is a bit like a make-up bag. I like diversity in its first instance.
D’ailleurs, si tu es obligé de t’exiler sur une île déserte, quel disque emmènerais-tu avec toi ?
Which album would you bring with you on a desert island anyway?
Tout est une question de timing. J’ai souvent évoqué le Faith de George Michael mais dans un registre semblable, il y a le Nightclubbing de Grace Jones que j’écoute souvent depuis plusieurs mois. J’ai des humeurs changeantes. J’aime le Pull Marine d’Isabelle Adjani. Je ne sais vraiment pas quoi répondre. J’avoue que Psychocandy est très bon…
It’s all about timing. I often thought about Faith by George Michael, but in the same vein, I’ve listened a lot to Nightclubbing by Grace Jones these past few months. But all depends on my mood. I like Pull Marine by Isabelle Adjani. I don’t really know what to say. Psychocandy is rather good, I must confess…
A l’écoute de Contamination, les thèmes liés à la sexualité semblent prendre le dessus, le tout sur fond d’esthétisme burlesque (notamment dans tes vidéos). Quels sentiments/messages essayes-tu de faire passer au travers ta musique ?
Thematically, Contamination is centred a lot around sexuality, with a background of burlesque aesthetics (in the videos for instance). What are the feelings or messages you are trying to convey through your music?Â
Je n’ai pas de sentiments ni de message précis en tête, si ce n’est que de communiquer mon expérience en tant qu’être humain. J’exprime des idées sexuelles certes, mais il y a de tout sur le disque, comme dans la vraie vie. Peut-être est-ce dû au fait que j’aie une sexualité à fleur de peau et un sentimentalisme débordant, je ne sais pas. Tout ça n’est pas calculé.
Contamination n’est pas un album concept. Les thèmes abordés reflètent ce que je vivais au moment où je les écrivais. C’est un album humain qui relate des expériences humaines vécues par de vraies personnes. Il en va de même pour l’esthétisme burlesque. Comme dans la vie, une petite dose d’humour dans la musique ne fait de mal à personne.
I don’t really have anything in mind, except trying to communicate my experience as a human being. I am dealing with sexuality – it’s true, but there is a bit of everything on this album, just like in real life. Perhaps it’s also due to a bursting sexuality and an overflow of sentimentalism on my part, who knows. Nothing is meant purposely.
Contamination isn’t a concept album. Thematically, it reflects what I was going through at the time of writing. It’s an all too human record. The same goes for the burlesque aesthetics. Just like in real life, a little bit of black humour injected in music will not do any harm.
Contamination sort une seconde fois sur Tricatel le 5 mars prochain. Peux-tu nous expliquer ton cheminement entre Amdiscs et Tricatel ?
Contamination is released a second time on Tricatel on 5/03/12. Could you explain your relationship with Amdiscs and Tricatel?Â
Bertrand (Burgalat, ndlr) m’a approché en m’envoyant un email, faisant l’éloge de me mes chemisiers à la Françoise Giroud, ce qui m’a séduit immédiatement. Je lui ai alors filé le contact d’Amdiscs, me disant qu’une collaboration pourrait se faire entre les deux labels. Malheureusement, ça n’a pas marché. J’ai donc été forcé de choisir entre deux voies et j’ai choisi celle que Tricatel m’offrait.
Bertrand got in touch via email, complimenting my shirts à la Françoise Giroud, which I liked a lot immediately. Then, I sent him the contact details for AMDISCS, thinking the two labels could perhaps work together. It didn’t work, unfortunately. I had to choose between the two and opted for Tricatel.Â
Que retiens-tu des premiers, qu’espères-tu des seconds ?
What did you think of your work with AMDISCS and what do you hope fromTricatel?Â
J’admire beaucoup la démarche d’Amdiscs. Je crois qu’ils ont une bonne longueur d’avance sur ce qui se fait dans leur pays et c’est tout de même impressionnant de voir la liste d’artistes qui se sont produits en République Tchèque grâce à  A.M.180, le collectif de musiques indépendantes et d’art contemporain qui en fait est la division promotionnelle d’Amdiscs. Ce sont des gens qui s’investissent énormément. Le problème dans le monde DIY est qu’il y a plein de bonnes intentions mais très peu d’argent et qu’à la fin, c’est frustrant de voir qu’un album de musique pseudo-expérimentale qui peut avoir pris quelques heures à finir obtienne exactement le même support qu’un album qui a pris plusieurs mois à achever.
Je me sens très en confiance avec Tricatel. J’ai eu de forts moments de réticence au début parce qu’on m’avait raconté des histoires d’horreur, non pas sur eux, mais sur les labels en général. Mais cette méfiance passagère ne m’habite plus. Je leur fait entièrement confiance et j’ai la certitude que l’objectif premier de ma signature est de me donner des opportunités que je n’aurais pas autrement, et non pas uniquement de faire rayonner le label. J’espère aussi avoir la liberté de continuer à faire ce que je veux sur le plan créatif. Et ce n’est pas difficile pour Bertrand de comprendre ça, comme il est un artiste.
I really admire AMDISCS approach. I think they really are ahead of everything that’s currently being done in their country. Indeed, it’s quite impressive to see the list of artists who were able to play in Czech Republic thanks to A.M. 180, the indie music and contemporary art collective, which is actually part of AMDISCS. They are extremely dedicated people. The thing with the DIY scene is that there is a lot of good intentions, but very little money in it. It’s very frustrating when you come to realise that a so called experimental album which has been created in just a few hours, ends up on exactly the same format than an album that took several months to complete.
I feel very at ease with Tricatel. At first, I was very reluctant because I had been told a lot of terrible things, not about them, but about music labels in general. But I don’t mistrust them anymore. In fact, I trust them entirely, and I rest assured that the whole point of my signing was to give me more opportunities, things I could never have done otherwise. It’s not just about the label’s interests. I also hope to be able to keep doing what I want in terms of creativity. Bertrand is very understanding: he’s an artist himself.
Revenons à ton disque. Cocaine Love est un morceau éminemment sombre. Peux-tu me raconter dans quelles conditions tu l’as composé ?
Let’s back to your record. Cocaine Love is an eminently dark track. Could you tell me how it was written?
Cocaine Love n’est pas si sombre que ça. La chanson parle d’un amour si passionnel, si addictif qu’on pense qu’il vaudrait mieux y résister, à défaut de se faire mal. Ceci dit Get Off The Coast (R.I.P.) l’a décrite comme un numéro de cabaret qu’on pourrait entendre le soir dans le lobby d’une station de ski pour gens riches et célèbres. J’ai adoré la description. Le morceau a été composé lors d’une période de transition, entre Jef and the Holograms et Jef Barbara. Je passais alors beaucoup de temps à jouer avec Dominic et Bernardino, et de ces jams sont nés Wild Boys et Cocaine Love. J’ai écrit les paroles en moins de dix minutes. Tout s’est fait naturellement. La voix fut alors enregistrée avec Femminielli en background vocals. Une démo en une prise, c’est ce qu’on entend sur le disque.
Cocaine Love is not that dark. It’s about a love which is so strong, so addictive, it would be better to resist, even if that implies getting hurt. That being said, Get Off The Coast (R.I.P.) described it like a cabaret show that one would hear at night in the lobby of a ski resort for rich and famous people. I loved the description. The track was written during a transitional period, between Jef and the Holograms and Jef Barbara. I would spend a lot of time playing with Dominic and Bernandino and that resulted in Wild Boys and Cocaine Love. I wrote the lyrics in less than 10 minutes. It was all very natural. The background vocals were then recorded with Femminielli. It was done in one take, the one you can hear on the album.Â
Tous les morceaux ont une histoire particulière pour toi ?
Have all the tracks a particular meaning for you?
Pas tous. Par exemple, Larmes de Crocodile n’est pour moi qu’une sotte histoire d’amour amer. Ceci dit la majorité des chansons sont biographiques, parsemées d’éléments de sottise et de fantaisie.
Not all of them. For instance, Larmes de Crocodile is only a silly tale of bitter love. That being said, most of the songs are biographical, with added elements of silliness and fantasies.Â
Et si l’on prend le Flight 777, quelle destinée nous promets-tu ?
And what about Flight 777, what kind of fate would you predict for us?
Ça dépend des croyances religieuses de chacun. J’ai entamé l’écriture du morceau lors d’un vol retour vers Montréal qui fut pour le moins turbulent. J’ai alors été confronté à mon propre agnosticisme, n’étant pas en mesure de prier de façon sincère comme le faisaient déjà quelques personnes autour de moi, si ce n’était par opportunisme. J’ai donc commencé à imaginer la chanson dans ma tête, trouvant ainsi dans l’impuissance refuge et transcendance.
It all depends on everyone’s religious beliefs. I started writing it during a rather turbulent flight back to Montreal. I suddenly had to face my agnosticism, and found myself unable to pray in a sincere way like the other people around me. It would have only been sheer opportunism. So I started imagining the song in my head, and managed to find shelter and transcendence in an otherwise helpless situation.Â
Quelle place accordes-tu à  l’objet disque ? Toi qui viens du DIY intégral, de quelle manière la confection de celui-ci a-t-elle pris forme ?
What do you think about the record as an object? Coming from an integral DIY scene, how did the manufacturing take place?Â
J’adore l’objet, à condition qu’il soit analogue. J’éprouve un énorme plaisir à écouter les vinyles, mais surtout les cassettes. Écouter la musique lorsqu’elle provient d’un format digital est moins intéressant pour moi parce que l’accès est plus facile, ce qui rend l’expérience moins importante et l’écoute moins sacrée.
Pour ce qui est de la confection, ou plus précisément du design, j’ai toujours fait appel à des amis talentueux. Par exemple, c’est Frank du label Hobo Cult qui a fait les collages sur les photos de Contamination. Aussi auparavant, j’envoyais le matériel à une compagnie pour la reproduction mais je ne crois pas que j’aurai à refaire ça tant et aussi longtemps que je suis avec Tricatel !
J’ai néanmoins l’intention de continuer à impliquer les gens de ma communauté au niveau de la conception. C’est important pour moi.
I love the object, but it has to be analogue. I always find very pleasurable listening to vinyls, and cassettes even more.
Listening to music on a digital format loses interest for me because it’s more easily accessible, which renders the experience less important and the listening itself less sacred.
In terms of manufacturing or design, I always have some talented friends who can come into action. For instance, Frank from the Hobo Cult label who have done the collage on the photos in Contamination. I used to send the material to a company for the copying process, but I don’t think I will ever have to do that again as long as I’m with Tricatel.
In any case, I still mean to keep on involving people around me in the overall design. It’s important to me.
Quels sont tes amis, Jef ? Tu te sens issu d’une scène particulière ? De celle plurielle et excitante de Montréal ?
Who are you friends with? Do you feel you belong to a particular scene? Perhaps Montreal’s diverse and exciting music community?
Quand j’ai commencé à m’impliquer dans la scène locale, cette dernière avait beau être plurielle et excitante, elle était aussi très homogène. Presque partout c’était de l’indie rock, qui n’est pas un milieu si ouvert que ça, en dépit de ce que ses adeptes revendiquent. Il reste que je n’en étais qu’à mes débuts.
J’ai mis du temps à trouver une communauté. Toujours est-il que je n’ai pas l’impression d’être issu d’une scène particulière, puisque je sens que ma démarche est très différente de celle qu’adoptent les gens que je fréquente. Mais s’il faut donner des noms, voici une liste, comme on voit dans les livrets CD de musique rap : Dominic Vanchesteing. Femminielli. Rape Faction. Passion Party. Chevalier Avant Garde. Wicked Crafts. Institutional Prostitution. Freelove Fenner. Alex Zhang Hungtai. Brave Radar. Le Couleur. Sheer Agony. Spastic Joy.
Sans oublier la multitude de groupes issus d’une sublime communauté du nom de La Brique : Léopard et moi. Bataille Solaire. Les Momies de Palerme. Xarah.
Les labels suivants : Los Discos Enfantasmes. Electric Voice Records. Fixture Records. Kinnta Records. Hobo Cult.
J’ai oublié des gens, j’en suis sûr et certain.
When I started getting involved in the local music community, it was diverse and exciting, for sure, but also very homogenous on the other hand. Indie rock was almost everywhere, and it’s not a very open scene, in spite of what the participants believe. But I had only just started.
It took me a while to find a community as such. Still, I am not under the impression that I emerged from a particular scene, since I actually find my approach is very different from people’s I hang out with.
But if you really had to pick names, here’s a list, like the one you can find in rap CD’s booklets: Dominic Vanchesteing. Femminielli. Rape Faction. Passion Party. Chevalier Avant Garde. Wicked Crafts. Institutional Prostitution. Freelove Fenner. Alex Zhang Hungtai. Brave Radar. Le Couleur. Sheer Agony. Spastic Joy.
Not to mention, the multitude of bands which came from an amazing community called La Brique: Léopard et moi. Bataille Solaire. Les Momies de Palerme. Xarah.
The following labels: Los Discos Enfantasmes. Electric Voice Records. Fixture Records. Kinnta Records. Hobo Cult.
I’m pretty sure I forgot some names.
A ce propos, peux-tu me dire quelques mots au sujet de Femminielli ?
Speaking of which, could you tell me a bit about Femminielli?
Il a récemment rasé sa barbe et ça me plaît moins. Cela dit, j’ai rencontré Femminielli il y a plusieurs années, alors qu’il faisait partie d’un duo électro nommé Violencia Nocturna. Je l’ai vu évoluer à travers ses albums, ses looks, ses phases… Je l’aime beaucoup. C’est notre lien d’amitié qui fait qu’il a participé à l’enregistrement de trois morceaux sur Contamination. J’en suis très fier.
He recently shaved off his beard and I don’t like it as much. Anyway, I met him a few years ago, when he was part of an electronic duo called Violencia Nocturna. I saw him changing through his albums, his style, different phases…I really like him. It’s because of our friendship that he collaborated on three tracks off Contamination. I’m super proud of it.Â
Et de CVLTS dont le remix de Wild Boys est présent sur l’EP du même nom à paraitre le 6 février ?
And what about CVLTS whose Wild Boys‘ remix will be on the eponymous EP which will be released on 06/02?
J’ai rencontré Josh et Gaurav (CVLTS) l’été dernier à Creepy Teepee, festival organisé par A.M.180 et qui donnait le coup d’envoi à la tournée Amdiscs que nous avons faite avec Dream Boat également. J’ai donc passé deux inoubliables semaines sur la route avec eux. Dès qu’on m’a demandé si j’avais des idées de remix de Wild Boys en tête, j’ai automatiquement pensé à eux. Je suis d’ailleurs bien content de ce C V L T S R E M I X.
I met Josh and Gauray last summer at Creepy Teepee, a festival organised by A.M. 180 which inaugurated the AMDISCS tour we did with Dream Boat amongst others. I spent two unforgettable weeks on tour with them. When I was asked if I had any ideas for a Wild Boys remix, I immediately thought of them. I’m actually really happy with this CVLTS remix.Â
Pour terminer, que faut-il te souhaiter pour 2012 ?
To conclude, what should we wish you for 2012?
Du succès et beaucoup d’argent.
Traduction : Simone Apocalypse.
JEF BARBARA – LARMES DE CROCODILE par Tricatel-Vision
Jef Barbara – Wild Boys Remixes (6 février 2012, Tricatel)
1. Wild Boys (Radio edit)
2. Wild Boys (Tulip’s Club mix)
3. Wild Boys ( NZCA/LINES remix)
4. Wild Boys (C V L T S R E M I X)
5. Black Caress
6. Wild Boys (Tulip’s Dub mix)
Écrit par: Thibault
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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