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Blood Bitch est un album de l’expiation, de la purification. Comme une saignée pour la porphyrie, l’écoulement extraveineux est à la fois le mal et le remède. Le sang, symbole de vie comme de mort, vecteur religieux, garant de la virginité, composante biomécanique et vitale, est ici omniprésent : c’est le suc du mystère dans Untamed Region, l’œuvre de la malédiction dans Female Vampire et de la contamination dans The Plague, le sang écarlate dans In The Red, des menstruations dans Period Piece et celui de la purgation dans Conceptual Romance. L’humeur vermeille s’écoule dans tout Blood Bitch en un filet pourpre continu, indice d’une transformation / sanctification à venir mais aussi — et peut-être l’est-il justement pour cette raison — emblème de la féminité, de sa singularité physiologique. Parcourant ce filet rédempteur, les « blood bitches » sont les archanges purificatrices, personnages vampires à la vertu désacralisée et au discours ironique mais tendre pour le sexe qu’elles protègent.
Le vampire est une allégorie audacieuse pour revisiter la féminité, ses combats et paradoxes contemporains, mais il véhicule l’image romantisée, aseptisée du suceur de sang moderne qui, libéré de la conscience de sa propre fin par l’immortalité, se détache de la frénésie consommatrice et hyperconnectée (Conceptual Romance, The Great Undressing). Seule la métamorphose, associée à l’hémoglobine, est redoutée mais Hval sait mettre de l’eau dans son sang (« Don’t be afraid, it’s only blood ») et accompagner cette romantisation d’une electro-pop habile aux épisodes très expérimentaux, dont l’apogée est à chercher du côté de The Plague. Contemporaine de Glasser et Grouper, la Norvégienne explore ses propres jalons musicaux, développant jusqu’au minimalisme (In The Red) ou s’enrobant d’une approche drone (Ritual Awakening), et ne renâclant pas à compléter un héritage ambient assumé jusqu’aux modulations et nappes schulzéennes de The Great Undressing, et fondu tantôt dans une ligne de basse pulsatile et étouffée, tantôt dans une prose poétique (Untamed Region). Allégorique sans moralisation, à l’occasion érotique et avant tout féminin, Blood Bitch dilue quelques gouttes de sang frais dans une scène electro-pop sclérosée par le manque d’imagination.
Jenny Hval – Conceptual Romance
Jenny Hval – Period Piece
Jenny Hval – Blood Bitch (30 septembre 2016, Sacred Bones)
01. Ritual Awakening
02. Female Vampire
03. In The Red
04. Conceptual Romance
05. Untamed Region
06. The Great Undressing
07. Period Piece
08. The Plague
09. Secret Touch
10. Lorna
Écrit par: Ted Supercar
Blood Bitch Jenny Hval Sacred Bones
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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