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Jordan l’interview

today13/01/2010 31

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Jordan c’est Adrien, Batiste et Thibault. Jordan est donc un trio, où chacun chante et chacun transpire à grosses goutes, mais sans basse (guitare/claviers/batterie). Et ce n’est pas là leur seule originalité puisque ces parisiens d’adoption sont aussi attachés à la France que les Burger King. Jusqu’à présent, le groupe sillonne l’Hexagone un petit tour et puis s’en va… de l’autre côté de l’Atlantique. « Oh no we are domino ! » a été enregistré, mixé et produit par Jay Pellici des 31 knots à San Francisco quand le second album, sur le point d’être finalisé, a été couché sur bandes à New York par Mike Law des New Idea Society. De quoi cerner l’appétence particulière de ces jeunes gens, à l’humour dévastateur, pour la lointaine Amérique et son mille-feuilles culturel. Jordan c’est aussi et surtout une histoire d’amitié et de démerde, féru d’un esprit do it youself – pour la production et distribution de leurs albums, comme pour la préparation de leur tournée européenne et américaine – que le groupe revendique et qui leur fait partager la scène depuis trois ans avec des troublions aussi talentueux que – outre ceux précités – Les Savy Fav, Robocop Kraus, Parts and Labor, Shipping News ou encore Ted Leo an the Pharmacists. De quoi forcer le respect et l’intérêt d’autant que l’électricité brute dégagée sur scène est impeccablement retranscrite sur disque.

Vous revenez d’une seconde tournée au Etats Unis, vous enregistrez vos albums outre atlantique, expliquez moi cet attrait pour l’Amérique ?

Adrien : L’idée importante pour moi c’est plutôt de s’isoler de chez nous. Être juste tous les trois face à nos morceaux. Après aux USA, il y a aussi l’attrait du studio et de producteurs de renom qui comprennent tout de suite là où on veut aller et qui en même temps sont contents de travailler avec des petits français. C’est donc une expérience totale. Et puis du coup bosser en anglais, c’est pareil, ça nous fait entrer dans un autre état d’esprit, ça nous tire vers le haut.

Batiste : Peut-être qu’on a trop été bercé par la télévision et le cinéma, en tout cas c’est toujours très impressionnant d’être là-bas, alors y faire des concerts, c’est fou.

Thibaut : Je vais te répondre exactement ce que j’ai dit au douanier Américain qui m’a posé la même question : « because you are the best ! ». Sans rire, quand tu vas bosser avec des gens là-bas, ils ont déjà tous une grosse expérience dans le son que tu veux et ce depuis plusieurs générations ; tu n’as que du matériel vintage, des producteurs rodés qui ont bossés sur des groupes que tu écoutes… et tout ça pour le même prix qu’en France vu la conversion du dollar ! dur de faire mieux que le King hé ! Un facteur très important dans le processus d’enregistrement reste aussi l’immersion totale, USA ou autres : il était très important pour nous d’inscrire nos albums dans un voyage, loin de la maison et seulement face à nous mêmes. Partir enregistrer tous les matins en métro, ça n’aurait pas été la même chose.

Des lieux, des endroits, des personnes… votre souvenir le plus marquant ?

Adrien : Ce que je trouve le plus fou en tournant aux USA ce sont les house shows qu’on a fait là bas. On en a enchaîné deux pendant la dernière tournée, un dimanche soir dans l’Oklahoma et un lundi soir en Arkansas et à chaque fois c’est complètement fou, c’est vraiment une expérience spéciale et ça sied vraiment au côté fête de la musique qu’on fait. C’est quelque chose qui est plus rare en France et en Europe. Sinon jouer en Floride sous un climat tellement tropical que la sono finit par céder, c’est assez dépaysant aussi !

Batiste :Il y a des concerts qui rassemblent tout ce qu’on peut attendre : une soirée bien organisée, des gens adorables, une ville nouvelle et magnifique, des bons groupes, des bonnes conditions, un public curieux, et des détails en plus : par exemple la route en Norvège à travers les fjords, le désert en Arizona, le public hyper content en Allemagne, les repas, et surtout les gens après les concerts, ça peut faire des sortes de soirées parfaites. Dans ces cas-là les concerts deviennent des moments très forts.

Thibaut : Pour ma part je dirais le premier concert à Boston ou il a fallut reprendre tous les réflexes d’une tournée américaine: pas de balance, matériel aléatoire, trouver à manger, ne pas sortir dans la rue avec son verre, montrer son passeport au barman, etc… C’est aussi le jour ou on a rencontré les Ho-Ag avec qui on a fait le concert de retour à Paris 6 semaines plus tard, on a dormi chez eux et ils ont dormi chez nous… la boucle est bouclée.

Vous venez de terminer votre second album, une nouvelle orientation ? ou une une suite logique du précédent ?

Adrien : C’est un peu des deux. On a pris le temps de plus travailler les chansons pour arriver à un résultat moins brut et moins garage on va dire. Les structures sont plus complexes, nos parties à tous plus travaillées. On voulait garder l’énergie lo-fi et délurée en passant une étape sur le côté technique. On est vraiment content car si le studio a été très éprouvant, j’ai l’impression qu’on s’est tous dépassé !

Batiste : Mike Law, le producteur du nouveau disque, nous a entraîné vers plus de rigueur, plus de perfectionnisme, on a beaucoup bossé, en peu de temps. C’était nouveau pour nous, mais ça a bien renouvelé notre façon d’enregistrer, pour changer les habitudes.

Thibaut : Pour la première fois on a utilisé l’informatique dans l’enregistrement, ça fait déjà une grosse différence. Le premier album et l’EP ont été enregistrés sur bande donc une grosse partie en live, ça n’a pas été le cas pour celui ci. Il y a aussi beaucoup plus de secondes guitares que nous avons insérées en live grâce a des effets de bouclage depuis un certain temps déjà. Je pense que ces deux éléments rendent cet album un plus riche même s’il reste logique.

Le concert fêtant votre retour à Paris, début décembre à l’International, semble avoir convaincu pas mal de monde. Contents de reprendre la route en France ? Une idée de ce qui va suivre ?

Adrien : C’était super comme concert oui, surtout à Paris où on a parfois l’impression que tout est un peu guindé. Là c’était assez fou et on était super heureux d’y rejouer. On préfère définitivement les petits endroits avec les gens tout près et contents d’être là. Un grand merci au passage à Laure qui a organisé le concert et aux incroyables Ho Ag et Titus d’enfer ! On fait une mini-tournée de dix dates en Europe en Février et ensuite le disque va sortir en mai/juin et suivra une grosse tournée en Europe et en Amérique du Nord et pourquoi pas de nouveaux territoires.

Batiste : L’International est un super lieu, c’était une très bonne soirée. J’adore Ho-Ag. Ravi de tourner à nouveau pour rencontrer des gens, en France ou ailleurs.

Des projets parallèles à déclarer ?

Adrien : Moi je joue dans un duo tout nouveau qui s’appelle Trésors et j’ai un projet solo encore secret !

Batiste : Je chante avec une guitare, mais c’est pas encore prêt…

Thibaut : Pour ma part j’ai plusieurs projets secrets qui sont des Trésors et ou je chante avec ma guitare, chut chut !

 

Écrit par: Thibault

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