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Avec Transport, Moritz Von Oswald donne à la fois une suite à ReComposed qu’il avait conçu avec Carl Craig, tout en se rapprochant des origines de la musique électronique en collaborant cette fois avec l’un des piliers de la techno : Juan Atkins. En effet, si les deux musiciens, nés la même année, émergent de continents différents, ils partagent chacun des influences communes ou plutôt parallèles, le leader de Basic Channel s’étant éveillé aux sons chauds de Détroit, tandis que la tête pensante de Model 500 et Cybotron doit tout à l’âpreté glaciale du krautrock de Kraftwerk… S’ensuivront des années de collaboration, de partage et de compétition, notamment autour du club et label berlinois Tresor (lire), centre névralgique de la techno en Europe… Partageant le même amour pour les sons âpres et minimalistes, ces deux acteurs majeurs d’une scène qui n’a jamais été aussi omniprésente forment un duo qui vient rappeler à nos mémoires les fondements d’un courant musical vieux de plus de trente ans tout en insufflant du corps à une vague d’artistes aussi prolifiques que rébarbatifs… Transport ne manque ni d’inspiration, ni de technique… Bien au contraire, l’album fait souffler un vent glacial sur la production actuelle, tout en démontrant que les vieux en ont toujours dans la caboche et dans les synthés, n’en déplaise à la nouvelle génération…
Dès le premier titre, Transport, on ressent cette fusion moite, l’union de deux styles racés se mariant à la perfection. Alliage mécanique de beats et mélodies oscillant entre lenteur machinale et suavité contenue… On est loin de l’échec de Digital Solutions, qui devait sonner les retrouvailles des membres originels de Model 500, et du groove visqueux des débuts de Metroplex, mais plutôt un mariage complexe de sonorités crépusculaires entrelaçant canicule et hostilité hivernale. Transport se pose très, très loin de la techno actuelle, qu’elle soit entêtante, brutale ou nonchalante… Le binôme enclave une méthodologie qui lui est propre pour accoucher de tracks en clair-obscur, vacillant entre techno dure et rêverie électronique – des titres comme Lightyears ou Riod en étant l’exemple parfait. Cependant, des morceaux comme Merkur ou 26000 nous rappelle à des mélodies quasi disparues, ramenant la techno à ses origines, c’est-à -dire à un mélange de synth-pop vicié par la funk et le balbutiement de la musique expérimentale. Bref, à travers cet album, c’est un pari risqué auquel se prêtent ces deux papes de la techno, allant piocher à qui mieux mieux dans le répertoire de l’un et de l’autre tout en s’accrochant à des basiques que certains ont, avec le temps, eu tendance à oublier… L’opinion vacillera entre très bon disque et manipulation nostalgique de producteurs. Il n’en reste que Juan Atkins et Moritz Von Oswald accouchent d’un très bon disque, je dirais même essentiel pour ceux qui découvrirent la minimale à travers la discographie d’un Richie Hawtin ou d’un Wolfgang Voigt…
Juan Atkins & Moritz Von Oswald – Transport (Tresor, 22 avril 2016)
01. Transport
02. Lightyears
03. Odyssey
04. Riod
05. Merkur
06. 2600
07. Zeolites
Écrit par: Akitrash
Borderland Juan Atkins Moritz Von Oswald Tresor
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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