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On attendait très fort la sortie de Furiosa de Kablam sur Janus. Janus, vous le savez, on en a déjà parlé beaucoup avec Lotic, c’est un collectif berlinois tout fou qui organise des soirées et sort des mixtapes dont on ne peut pour l’heure en jeter aucune. Et surtout, c’est eux qui ont sorti sans doute le meilleur truc de l’année passée: Agitations de Lotic. Cette fois c’est au tour de la Suédoise Kablam de passer par les cerveaux bouillants de Janus. De Kablam on sait finalement pas mal de choses, qu’elle a grandi dans une petite ville de Suède au climat politique assez nauséabond et qu’elle a très vite rejoint des groupes locaux plutôt punk, radicalement anti-capitalistes et super féministes. Et son propos n’a pas vraiment changé.
Ce qui est marrant avec cette mixtape, c’est qu’on pourrait l’écouter comme une bande son politique et manifeste de la position de Furiosa, dernière héroïne de Mad Max, jusque là saga viriliste s’il en était. D’ailleurs, la mixtape se construit au fond comme une progression autour des mouvements du film. Pitch spoil, dans Fury Road, Max se retrouve dépassé par la lutte impossible d’un groupe de femmes mené par Furiosa, qui est l’imperator en cheffe du convoi de l’affreux patriarche dictateur tortionnaire Immortan Joe. D’ailleurs, point notable, dans Fury Road, c’est un peu comme si George Miller avait déconstruit et renversé l’ensemble des codes et des clichés qui traversaient la saga Mad Max, et on lui tire un grand coup de chapeau, d’avoir amené Mad Max vraiment ailleurs… On pourrait dire que le point de départ de Furiosa, la mixtape-ep de Kablam, est la fin de Fury Road, que l’on taira quand même.
À nouveau, on se retrouve avec une mixtape qui a une certaine ambition politique que l’on pourrait traduire par une prise de position anti-patriarcale, anti-phallocrate et anti-viriliste. En somme, l’absolu inverse de la société comme elle est. Si on lit Furiosa comme la narration d’une protagoniste de fiction, on peut aussi entendre cette mixtape comme une fiction politique. Une prise de position politique donc, autant que musicale.
Musicalement justement, on se retrouve encore autour d’un grand brassage tout à fait monstrueux. Du premier mouvement Crisis, qui pourrait être une droite ligne des expérimentations de Lotic en plus gabber ou moteur de voiture, en passant par une radicalisation des boucles trap historique/vogue/jersey dans Arch, le tout sur fond de voix d’église féminines que l’on retrouve dans Nu Metall, puis en passant par une sorte de mélodie suffocante et essoufflée avec des basses étrangement bouclées dans Choking pour finir enfin dans Intensia par retrouver ces voix d’église et des basses à contre-temps dans un final sous des bruits de moteurs, de pluie, des glitches minimaux et la possibilité d’envisager une nouvelle fiction politique radicalement autre et différente.
Bref, Kablam, vient de sortir sans doute une des très belles masterpiece de l’année, et on a hâte que la fiction politique dépasse son simple statut de narration musicale fictive. Et au fond, on pourrait se demander si Kablam n’est pas une sorte de Furiosa de la scène club comme elle se reconstruit ? Clairement, si c’est le cas, on risque de changer radicalement notre manière de pratiquer les dancefloors et les clubs… Enfin, si l’on peut dire!
Kablam – Furiosa
Kablam – Furiosa (Janus, 17 juin 2016)
01. Kablam – Crisis
02. Kablam – Arch
03. Kablam – Nu Metall
04. Kablam – Choking
05. Kablam – Intensia
Écrit par: Aurèle Nourisson
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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