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Bien avant que la nuit ne soit échaudée, je débarque frais et enjoué dans le bar du canal à l’idée de poser quelques questions aux petits prodiges du jeune label parisien Pan European. Je croise Arthur qui revient tout juste de Dakar où il a suivi Koudlam, suivant le dauphin dans son escalade scénique inter-planétaire. Il m’accompagne à l’étage où le groupe est en train… de dîner… Sourires francs, bonne humeur, blagues… C’est pas du tout ce que j’avais prévu, me voilà assis au milieu d’une bande de potes prêts à faire la teuf. Ce sont eux au final qui m’harassent de questions… Attention, entretien cocasse…
Comment se sont rencontrés les musiciens de Kill ?
D.Gage : Ca a commencé parce que je travaillais dans un magasin de disques, Intra est venu ensuite bosser un moment avec moi, il avait toute une bande de potes et voilà …
Intra Moros : Je connais les autres membres depuis le lycée, à part Wolfgang qui nous a rejoints au moment de l’enregistrement de l’album. Et maintenant on a un vrai Line-up complet…
Laden : Mmmmhhh… Excellentes ces carottes…
Qui compose dans le groupe ?
D.Gage : Intra Moros compose essentiellement la musique, alors que je m’occupe plus exclusivement des paroles. Mais il arrive qu’on le fasse ensemble également.
Intra Moros : C’est la base, mais on va continuer de construire autour tous ensemble.
Quel est la recette ou l’ingrédient secret de l’originalité de la musique de Kill ?
Wolfgang : Le mix ?
D.Gage : Ouais, un peu… On essaye aussi du classique… On créé notre propre son, tout en se servant de nos propres influences. On est tous inspirés par plein de styles de musique, on a tous acheté beaucoup de disques, on écoute beaucoup de musique, on a des influences à droite et à gauche…
Intra Moros : Chacun joue dans différents groupes donc chacun amène son identité propre…
Ressentez-vous le même engagement que les groupes psychés des 70’s ou est-ce pour vous plus un plaisir de jouer, ou de rendre hommage à cette culture ?
D.Gage : A la base c’est plus un plaisir de jouer…
Laden : On n’est pas des vrais marginaux en fait. Dans 70’s les mecs prenaient les instruments pour revendiquer des trucs…
D.Gage : Tu ne veux pas la fermer (rires).
Laden : Nous quand on fait de la musique, ce n’est pas un hommage mais c’est plus pour se sentir vivre. Pour ne pas se faire chier.
D.Gage : Non c’est réellement un plaisir de faire de la musique, on n’a à aucun moment pensé à l’engagement.
Intra Moros : Et puis les groupes psychés n’étaient pas forcement engagés.
D.Gage : On ne peut pas changer le monde avec notre musique, tout ce qu’on peut espérer c’est qu’un maximum de monde l’écoute. Après je dis ça, je ne dis rien (rires).
Vous actualisez malgré tout le rock psyché et dans le bon sens du terme. Pensez-vous que la fusion revienne à la mode, sous une forme différente ?
Intra Moros : On ne se considère pas vraiment comme psyché, je crois qu’on serait sorti sous un autre label, personne ne nous aurait catégorisés comme ça. On a un côté nettement plus garage.
Laden : Si tu regardes bien, sur Pan European il y a des groupes plus psychés que nous…
D.Gage : En fait, justement sur Kill for, il y a énormément d’influences. Il n’y a pas que du psyché. Il y des effets sur les instruments, c’est sûr : des échos, etc…
Intra Moros : Sachant qu’on a plus écouté de la musique des années 90 que du rock psyché.
Vous m’avouerez que vous sonnez quand même plus psyché que le dernier ANO qui est lui vraiment ultra garage?
Laden : Le dernier quoi, pardon ?
hartzine: Aqua Nebula… Under the moon of.
D.Gage : Ah oui… Oui, c’est sûr. Je crois que tu as raison, on ne renie pas le côté psyché, mais il n’y a pas que ça. Tu trouveras par exemple du dub, même si je n’aime pas trop le revendiquer, mais certaines mélodies s’en ressentent. Il y aussi de l’électronique… Donc nous ne sommes pas un groupe psyché mais faits de multitudes d’influences.
Intra Moros : L’effet scène donne peut-être aussi cette impression. C’est vrai que la musique s’envole peut-être un peu plus en concert que sur le disque. Mais la musique psyché à connotation super vaste, de groupes hippies californiens foireux à des trucs électroniques de l’époque qui en appellent à ton cerveau… Tu as des trucs des 50’s que l’on peut considérer comme psyché… De la musique classique aussi. Et nous on a plus écouté des trucs nineties comme Sonic Youth…
D.Gage : Mais moi, je n’ai pas écouté de truc 90’s, en tout cas pas tout de suite… C’est plus des anciens trucs du Velvet, ce genre de choses… Tout ce qui est Sonic Youth, Sebadoh, c’est venu vraiment beaucoup plus tard.
Intra Moros : Donc ce côté psyché, on l’a mais sans le vouloir en fait.
Je trouve qu’il y a un esprit culture US qui se dégage de vos lyrics, quelles sont vos passions à part la musique ?
Laden : Moi perso, c’est la géographie…
Intra Moros : C’est psyché la géographie
D.Gage : Ah mais attends… Je cherchais… Mais bien sûr… Le vin.
Le vin ?
Intra Moros : Louie Louie c’est l’Espagne.
D.Gage : Ah j’adore le vin et justement j’aimerais monter un bar à vin.
Laden : C’est Psyché…
D.Gage : Ouais, un bar à vin un peu psyché.
Louie Louie : Le vin, c’est totalement psyché… Après ça dépend ce que tu mets dedans.
Intra Moros : Moi ma passion c’est la clope… Après on va te faire les clichés : le cinoche, la lecture…
D.Gage : Les sorties entre amis… Sans le vouloir l’alcool joue une énorme partie dans notre vie… La musique et l’alcool… Et même si tu ne le veux pas toujours, c’est toujours là . Mais moi ça reste particulièrement le vin.
Laden : Wolfgang lui a une grande passion qu’on appelle la dope (Fou rire).
Wolfgang : Totalement passionné.
Et euh tu étudies en fait…?
Wolfgang : Non, je teste.
Ca a un petit côté psyché…?
Wolfgang : Non, pas vraiment… C’est plutôt scientifique en fait (rires).
Quels sont les groupes qui vous ont donné envie de jouer ?
Intra Moros : Nirvana… Syd Matters…
D.Gage : Arrête…
Laden : Bah non… Nirvana pareil… Quand on avait 13 ans, on matait en boucle les vidéos de Nirvana…
D.Gage : Non, la motivation c’est plus les mauvais groupes… Tu vois un mauvais groupe et immédiatement ça te donne envie de jouer.
Intra Moros : Du coup on est influencé par tellement de groupes dont on ne pourra pas te donner le nom car ils sont tellement pourris (rires)…
D.Gage : Et il y en a beaucoup en France en ce moment… Non des bons groupes… En fait c’est plus un groupe dont tu n’auras pas envie de monter sur scène après. Mais on se sent plus influencé par les groupes de merde (fou rire).
Et quels sont les groupes après qui vous flipperiez de passer ?
Général : Motorhead.
Intra Moros : Il y en a aussi beaucoup, il faut être réaliste. Même si a priori, il n’y a aucune raison… Mais quand même Motorhead…
Pensez-vous qu’il existe une époque charnière musicalement ou que tout reste encore à inventer ?
(personne n’arrive à s’entendre sur la question…)
Intra Moros : 67, 68, 69…
D.Gage : Attends redonne-moi la question s’il te plaît…
Pensez-vous qu’il existe une époque charnière musicalement ou que tout reste encore à inventer ?
D.Gage : J’espère que tout reste encore à écrire, sinon ça rendrait tout tellement déprimant…
Intra Moros : Il y a quand même une époque où les codes ont éclaté, et qui permettait aux musiciens d’aller là où ils voulaient.
Laden : Je dirais le début du rock’n’roll… Maintenant on se trouve dans une période de constants revivals décennie après décennie… On peut se poser objectivement la question si tout reste encore à écrire ou si tout est recyclé…
D.Gage : Je pense qu’il reste encore des choses à créer, sinon ça ne servirait à rien que l’on fasse de la musique.
Intra Moros : Cela dit, il y a quand même une époque qui marque un changement que ce soit dans la littérature, dans le cinoche… Je lis actuellement un bouquin sur les Beatles et qui parle de ça justement.
Louie Louie : Il ne faut pas croire que le changement ce sera de voir des mecs faire de la musique en tapant sur une casserole, et jouant sur une gratte pourrave… Autant faire ça chez toi, dans ta piaule, avec des instruments pourris…
D.Gage : Euh… Mais tout à l’heure tu m’as dit qu’il y avait une culture US, et surtout dans les paroles… Qu’est-ce qui t’as fait penser à ça ? On n’a pas cette connotation, surtout que je suis Anglais à la base…
C’était en rapport au titre Captain America sur Kill For, et la répétition de Superman dans Smokes sur l’album de One Switch to Collision?
Intra Moros : Exact… et De Niro aussi.
D.Gage : (Rire) Smokes ? C’est sur mon frère. Mais c’est cool, on a enfin trouvé quelqu’un qui écoute les paroles.
J’ai pensé que vous aviez peut-être une culture comics?
D.Gage : Bah oui forcément, j’essaye d’être un super-héros et je veux sauver le monde.
Bon continuons vers la dernière question…
Général : Oh non… non ! (Rires)
Non, mais ne vous inquiétez pas on vous fera une interview par concert… Mais cela dit ma question ne porte pas sur Kill, puisque j’ai entendu dire que One Switch pourrait revenir sur le devant de la scène…
Laden : Intox… Intox…
D.Gage : Qui est-ce qui t’a dit ça ?
(Je sifflote)
D.Gage : Pour l’instant on ne sait pas, on finit 3 morceaux. On les sortira peut-être en 45 tours. Mais on reste focalisé sur Kill for Total Peace. One Switch reste un peu en pause, mais on ne sait jamais.
Intra Moros : Plus pour un délire de potes à la campagne, mais pour l’instant aucun album de prévu. Mais cela dit tu es peut-être mieux informé (rires).
D.Gage : Nan mais c’est marrant, t’as vraiment entendu ça ? En tout cas si tu as des news, dis-le nous quand même (fou rires)….
Akitrash
Écrit par: Akitrash
2010 ELECTRO Kill for total peace Pan European
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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