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Le garçon traîne ses guêtres et sa drôle de tignasse dans les rues d’un Philadelphie suranné, noyant son amertume d’une nonchalance éperdue. Sa réputation le précède, la gloriole lui pend au nez, fendillant subrepticement son visage anguleux d’un sourire esquissé. Kim Gordon se repait de ses balades étirées, cahoteuses, nimbées d’électricité réverbérée. Et pourtant, il vous toise timidement, préférant dans l’instant mirer cette boue sèche auréolant ses godillots. Sa voix fait défaut au duo The War On Drugs quand sa guitare confère à celui-ci l’écrin d’un unanime enthousiasme. L’Amérique, orpheline d’un Kurt éteint d’une balle en pleine tête, s’en cherche un autre, flirtant tout autant avec l’insidieuse obsession du morbide. Et c’est Matadors Records qui rapièce le spleen décharné du bonhomme, au nez et à la barbe de ses précédents labels (Woodsist, Mexican Summer et Richie), sur un album, Childish Prodigy (2009), à la luminescence automnale, baigné de saturations chaotiques. Sans gamberge aucune, l’illustre homonyme – à deux lettres près – du musicien allemand Kurt Weill, ami et collaborateur de Bertolt Brecht, se meut en stakhanoviste de la bande faisant étal en deux courtes années de trois disques flanqués de deux EP, dont le dernier en date, Square Shells, sorti le 25 mai, me sert de prétexte à l’évocation dans nos pages de ses divagations psyché-pop à l’épure vagabonde. En porte-à -faux d’une transhumance chill-wave ou noise-surf, Kurt Vile décline, sur de variables durées, un songwriting trouvant ses aïeux dans la verve pop d’un Elliott Smith, plus froid que jamais, ou d’un David Freel, architecte du regretté duo Swell, tout en dépeignant des paysages sonores attelant au Mystery Train d’un Jim Jarmusch dévotement mentionné (Losing Momentum – For Jim Jarmusch). Tour à tour enjoué (Ocean City), enivrant (Invisibility: Nonexistent) ou lunaire (I Wanted Everything), Square Shells se fait le parfait prélude cotonneux à un quatrième effort prévu pour novembre en compagnie de son backing band, The Violators, et enregistré derechef par un pape du son nineties, John Agnello (Sonic Youth, Dinosaur Jr, Madrugada). D’ici là , sa flegme versatile matinée de delay aura eu le temps de s’inviter à nouveau à vos oreilles, sur scène comme sur disque. Ne la loupez pas.
Kurt Vile – Invisibility: Nonexistent
Kurt Vile – Square Shells EP (2010, Matador)
01. Ocean City
02. Invisibility: Nonexistent
03. Losing Momentum (For Jim Jarmusch)
04. I Wanted Everything
05. I Know I Got Religion
06. The Finder
07. Hey, Now I’m Movin’
Écrit par: Thibault
2010 Kurt Vile Matador rock Square Shells US
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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