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Legowelt, le papier peint paranormal

today20/11/2012 304

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En lisant toute la presse autour de Legowelt, je me demande bien qui retient au final toutes ces anecdotes et détails techniques à propos de la charge matérialiste des différents travaux musicaux du Hollandais. Ça n’a pas beaucoup plus d’intérêt que les threads les plus obscurs des forums dédiés aux VST Behringer et ça reste souvent aussi impactant qu’un entretien avec Arjen Robben autour de la notion de force mentale.

Quand je lui ai demandé si finalement le papier peint qui recouvre les murs de son studio n’était pas le meilleur qualificatif pour sa musique, Danny Wolfers a répondu par un jugement affirmatif ne prêtant à aucune discussion possible.

Je ne saurais jeter la pierre à ceux n’ayant pas encore parcouru le site web de Legowelt. Un fil directeur autour du partage de données semble organiser la production éditoriale de http://www.legowelt.com/. Les papiers peints (le fil rouge, vous suivez) les plus évocateurs (forêts bleutées et nuages radioactifs) et les gifs les plus sournois trustent fièrement la mise en page. La profusion de mp3 à télécharger tirés de chutes de studio ou de banques de son de boîtes à rythmes rend modeste le travail de tous les wanabee-producteurs de l’internet. Si l’on se fie aux dires de Danny, « la house est plutôt simple à produire et ne requiert pas beaucoup de qualités de producteur » ; ceci expliquerait donc cela (visez le Discogs de Legowelt et la rubrique alias). Au fil de la discussion, j’ai quand même l’impression que le gars documente ses inspirations avant de se lancer : « J’aimerais vraiment sortir des albums deep soul ou G-funk… un truc à la Roger Troutman ou un truc qui combinerait tout ça, mais ça requiert beaucoup de travail ».

La notion de travail et plus précisément de routine de travail explique d’ailleurs en partie la fin de Strange Life Records, le label dont il assumait la direction dans les années 2000 et qui documentait à sa manière la musique de synthétiseur : « Ã‡a me prenait trop de temps, c’était devenu une sorte de prison mentale. Je ne me concentrais plus sur la musique et je ne voulais pas devenir un patron de label minable ». Ceux s’étant penché sur le catalogue du label auront sûrement eu du mal à tout ingurgiter (on y retrouve à peu près toutes les déclinaisons de styles musicaux fondés sur l’utilisation du synthétiseur). Wolfers reconnaît la construction bordélique de la chose : « Je n’avais aucun scénario en tête au moment de la création du label. Cela résulte de la chance ». Et de détailler : « En 2004 j’ai gravé des pistes d’ambient sur un CD-R pour des amis. Je n’avais aucune volonté de créer un label à l’époque. Ces CD-R se sont retrouvés indexés sur Discogs et les gens me contactaient pour se les procurer. J’ai vite compris que je pouvais en tirer 100 pour chaque sortie. »

Strange Life Records, Bunker Records, Crème Organization… la dutch consanguinité à l’état pur : une même ville (La Haye), des catalogues qui se prêtent des artistes puis se les rendent, des terrains fertiles pour produire sous une tonne d’alias et brouiller toutes les pistes… Wolfers précise : « Les mecs qui sortent actuellement des trucs sur les labels de La Haye viennent d’ailleurs dans le monde ». Une façon aussi de botter en touche quand je lui demande ce qui fait le son des productions de La Haye.
J’en saurai à peine plus : « Crème a peut-être une approche plus professionnelle avec tout un travail autour du mastering, des pochettes d’albums… Bunker est plus obscur : aucune info sur les artistes, aucun détail sur la production… ».

Quand je lui parle de ce reportage hyper drôle réalisé par nos confrères de Vice qui ont suivi Guy Tavares (boss de Bunker Records) pendant une journée dans son bunker-studio-club en supposant que le contenu soit à mi-chemin de la réalité et de la fiction, Wolfers en rajoute une couche : « Rien n’est romancé dans ce reportage, tout ce que tu vois est la vraie vie de Tavares ».

Ok, cool, je demande un deuxième épisode.

Legowelt jouera live fin novembre à Paris (Le Batofar) dans le cadre d’une soirée dédiée au label Crème Organization. Nul doute que vous devriez y entendre certains tracks tirés de son album à paraître sur Clone, The Paranormal Soul. N’ayant prêté qu’une oreille distraite aux quelques extraits de l’album disponibles sur internet, j’ai demandé à Danny ce qu’était ce fluide bleu qu’il semble maîtriser par sa simple agilité naturelle (cf la pochette). Réponse équivoque : « Interdimensional Plasma balls from Raja Jam ».

La discographie de Legowelt sur Discogs

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Écrit par: Nicolas

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