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Connaissez vous Matt Sharp ? Oui, le type, à l’allure gauche et aux grosses lunettes, qui émerveilla, le temps de deux albums au sein de Weezer (The Blue Album – 1994, Pinkerton – 1996), le petit monde de l’indé pop américaine. Celui qui initia, avec The Rentals, une stimulante relecture de l’héritage new wave par le prisme d’une surf music à la coolitude typiquement californienne (The Return of the Rentals – 1995). Vous y êtes ? Oui. Mais, vous ne saisissez pas le sens de ce who’s who ? Pourquoi parler du bon Matt quand le sujet de la chronique ici déployée sous vos yeux est Letting Up Despite Great Faults, groupe dont on se sait pratiquement rien ? Si la réponse peut être contenue dans la question, ce qui serait un peu léger de ma part, c’est avant tout parce que de la première à la dernière écoute du disque éponyme des LUDGF, il est difficile de ne pas penser à une filiation musicale plus qu’étroite entre ces derniers et le grand gaillard aux allures d’éternel étudiant. Certes, les arrangements différent, le son est moins compact, plus volubile, mais une intention similaire anime l’effort : faire de l’automne la saison omnisciente d’un calendrier grégorien obsolète. La luminescence de synthés accrocheurs comme la monochromie des guitares diffusent, avec cette même candeur, l’insidieuse mélancolie propre au prélude de l’hiver et à son cortège d’effeuillage anarchique. En extrapolant, on aurait pu croire que les californiens de LUDGF, natifs de Los Angeles, avaient franchi le pas et l’Atlantique pour signer sur le label berlinois Morr Music, tant l’on observe une familiarité de ton et d’ambiance avec – au hasard – Electric President. Mais non rien y fait, les LUDGF ont auto-produit leur disque tout en étant estampillés shoegaze par la presse musicale, Pitchfork en tête. De ça on s’en gratte la tête, préférant dire qu’à l’égal de The Pains of Being Pure at Heart, c’est tout une idée de la pop romantique qui transpire de ces balades habilement matinée d’électronique vintage. Et on risquera, dans un soucis de précision confinant à la dérision, l’étiquette – tout en néologisme – d’indietronica. Bien qu’un irrécupérable défaut de fabrication mitraille l’enthousiasme suscité par l’ensemble des parties instrumentales du disque : une absence flagrante de talent ou de maîtrise des séquences chantées. Matt Sharp, pour en revenir à lui, avait une voix incomparable : son timbre, savamment monotone, laissait choir une harmonie vaporeuse que Pétra, la troisième des Haden (les deux autres officiant dans That dog) magnifiait de fulgurantes mélopées aériennes. Sur ce second album des LUDGF, comme sur Movement, paru deux plus tôt, une timidité des voix, constamment étouffées, voir une maladresse due à la production ou, plus grave, aux qualités intrinsèques du quatuor, bousille une atmosphère éthérée du disque que la pochette suggérait pourtant avec goût. Si quelques titres sont à garder précieusement dans quelques unes de nos playlist saisonnières, on citera pèle mêle, les deux d’ouverture In steps et Folding Under Stories Told aux claviers sentant bon la naphtaline, ou encore l’échappée onirique So fast, délicieusement instrumentale, la plupart des morceaux n’échappent pas à un fatras d’idées non converties, parmi lesquelles les ébauches shoegaze (The Colors aren’t You or Me, Release) ou les épures dream pop (So fast : You et Photograph Shakes), n’arrivant pas à la cheville du mirifique duo The Postal Service. L’escapade synthétique Our Younger Noise, la bien nommée, révèle le chemin encore à parcourir pour Rachel, Kent, Chris et Mike : une maturation en règle, sous peine d’anonymat plus qu’infranchissable. D’autant que Matt, après dix ans de silence radio, reforme The Rentals.
Letting Up Despite Great Faults – Letting up Despite Great Faults
1. In Steps
2. Folding Under Stories Told
3. The Colors Aren’t You Or Me
4. Our Younger Noise
5. Pause
6. So Fast: You
7. Photograph Shakes
8. Sun Drips
9. Release
Écrit par: Thibault
2009 Letting Up Despite Great Faults Shoegaze US
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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