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Liars – WIXIW

today22/06/2012 46

Arrière-plan
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Tel l’éphèbe se refusant à jouir de ses ultimes conquêtes, les trois Liars contrecarrent systématiquement leur précédent effort discographique dans leur quête d’horizons inviolés. Une manie quasiment ritualisée médiatiquement, l’ensemble du landerneau musical ayant été préparé à la mue électronique du trio via une mise en scène filmée et orchestrée via sa maison de disques, Mute Records (voir) – Daniel Miller, père fondateur dudit label, s’occupant par ailleurs de la production de WIXIW, sorti le 4 juin dernier. Ainsi, de Sisterworld (lire), de sa violence incertaine vertébrée de guitares acérées, il ne demeure rien, ou si peu, hormis cette liberté artistique toujours infinie. Et si Angus Andrew justifiait auparavant la cyclothymie stylistique du groupe par ses déménagements géographiques successifs (lire), impossible d’appréhender la rupture avec Sisterworld de la sorte, les deux disques ayant été conçus au même endroit – à Los Angeles – par la même personne, Tom Biller. En fait, l’ambivalence entre le ferraillage en règle de Sisterworld (Scarecrows On A Killer Slant, The Overachievers) et la nébuleuse synthétique de WIXIW n’est pas étrangère à Sisterworld lui-même, album qui fut, dès sa sortie, remixé par une pléiade d’invités parmi lesquels Thom Yorke (Radiohead), Tunde Adebimpe (TV On The Radio) et Bradford Cox (Deerhunter). Soit autant d’artistes ayant prononcé, au sein de leur groupe respectif, l’oraison funèbre des six cordes. Radiohead justement : le groupe coule dans toutes les encres s’agissant de WIXIW. Au-delà de la symbolique d’un album de transition vers les monts et merveilles du « post-modernisme rock » – où les guitares ne sont plus qu’un artifice dans les textures mélodiques – un morceau comme Octagon semble en effet posséder un lien de parenté subliminal avec l’atmosphérique Everything In Its Right Place des Anglais. Mais après, quel parallèle sinon la curiosité insatiable d’un groupe, toujours en transit, préférant dérouter son public qu’enraciner son savoir-faire, s’adonnant sans réserve l’espace d’un disque aux synthétiseurs et sa méthode d’enregistrement corollaire, exclusivement numérique, jusqu’alors inabordée ? Aucun et c’est tant mieux.

Au-delà de ce contre-pied momentané, ce qui frappe ce n’est pas tant l’aréopage technologique sinon la différence de ton et d’univers qu’implique WIXIW vis-à-vis de ces illustres prédécesseurs. Le chaos – engendré par les ébauches et relectures punk-dance (They Threw Us All In A Trench And Stuck A Monument On Top), light-indus (They Were Wrong, So We Drowned) ou post-krautrock (Drum’s Not Dead) – laisse ici place à un monde ordonné, pacifié, débarrassé de tensions et de toute sauvagerie. Une folie de plus pour un groupe renégat, ou le sacrifice conscient d’une agressivité consubstantielle et instinctive sur l’autel d’une quiétude bardée d’électronique. Le fond et la forme font alors corps dans l’expression d’une volonté artistique toute entière tournée vers le résultat et non plus l’expérience en tant que telle. Et des formes définitives, péremptoires et exécutées telles quelles sur scène, WIXIW en recèle tout autant qu’il ne comporte de morceaux, des luminescentes ballades suspensives (Annual Moon Words, The Exact Colours Of Doubt, Who Is The Hunter), aux émanations dancefloor (Brats, No.1 Against The Rush), en passant par la sophistication d’incantations contemplatives (Flood To Flood, A Ring On Every Finger). Seuls deux indices trahissent cette sérénité faillible, susceptible d’imploser dès la moindre saute d’inclinaison. Si Angus ressasse en toute fin de la patibulaire Ill Valley Prodigies l’assertion Never come back, cette dernière fait écho à la glaçante Can you hear us ? de Grown Men Don’t Fall In The River, Just Like That (They Threw Us All In A Trench And Stuck A Monument On Top). Un frisson parcourt le dos, d’autant plus angoissant que le morceau-titre WIXIW insinue, de par son ambiance délétère, que l’apaisement jusqu’ici affiché n’est qu’une passade, une couardise, préparant au déluge. Pour aujourd’hui ou pour demain, des Liars, on n’en attend pas mieux.

crédits photo : Nada

Audio

Vidéo

Short films

Remix

Mixtape

Field Day Mix x the Quietus

01. Basic Channel – Enforcement
02. Wire – Ahead
03. S.P.K. – Contact
04. DAF – Kebabtraume
05. Robert Rental – ACC
06. Clock DVA – Consent
07. Einstürzende Neubauten – Yü – Gung (Adrian Sherwood Mix)
08. The Leather Nun – No Rule
09. The Legendary Pink Dots – Ideal Home
10. Herb Alpert – Rise

Tracklist

Liars – WIXIW (Mute / Naive)

01. The Exact Colour Of Doubt
02. Octagon
03. No.1 Against The Rush
04. A Ring On Every Finger
05. Ill Valley Prodigies
06. WIXIW
07. His And Mine Sensations
08. Flood To Flood
09. Who Is The Hunter
10. Brats
11. Annual Moon Words

Écrit par: Thibault

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