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Composer pour ou avec l’image. Voilà ce qui anime Maud Geffray depuis quelques années. C’est ainsi qu’après avoir mis en son un film sorti d’un carton à souvenirs de Christophe Turpin et tourné au mi-temps des années 1990 lors d’une rave du côté de Carnac – projet autour duquel son EP 1994 s’était cristallisé -, Maud, accompagnée de l’inarrêtable Jamie Harley (lire), s’est rendue cette fois-ci tout au nord de la Finlande pour réaliser un documentaire musical sur des élèves d’une classe de danse folklorique plongés dans le « Kaamos« , cette période hivernale de Laponie vissée à une interminable obscurité crépusculaire abolissant pour quelques mois le rythme naturel du lever et du coucher du soleil, cette certitude consumériste bien connue ici que le jour toujours advient.
De ce cadre presque irréel, tantôt ténébreux tantôt étoilé et où la nature semble s’animer, Maud et Jamie en ont tiré une ode vibrante à l’adolescence. Jeunesse qui, privée de lumière et noctambule par défaut, cherche à dépasser ce drame naturel et à s’inventer. Polaar – premier véritable album de la Parisienne et sorti dernièrement chez Pan European (lire) – bien qu’il ne soit pas la bande son originale de ce projet en est pour le moins la parfaite continuité. Car c’est à partir de l’expérience vécue lors cette virée polaire que la moitié du duo Scratch Massive (lire) a composé les titres de cet album ample et parfait, véritable hommage à la nuit qu’elle soit insomniaque, festive ou d’angoisse et dont l’obscurité apparaît étonnamment plus lumineuse et consolante que la transparence univoque du jour. Bref, pour résumer, comme le disait Kant, « si le jour est beau, la nuit, elle, est sublime« .
Après avoir brossé le portait de Maud à travers notre petit jeu de questions-réponses favori, retrouvez le clip ovniesque réalisé par Kevin Elamrani-Lince qui illustre avec une pertinence visuelle rare le puissant morceau Forever Blind, ainsi que le très bon remix de Polaar par Voiron.
D’où viens-tu ?
Saint-Nazaire, petite ville portuaire, industrielle, qui borde l’océan Atlantique.
Où vas-tu ?
Je viens de déménager dans le 19ème arrondissement de Paris, a Crimée. Vue de dingue, 7ème étage. J’ai besoin d’horizon, ça me change pas mal du centre de Paris où je vis depuis quelques années. Ici c’est super calme, ça détend. Au final c’est moi qui risque de faire du bruit dans l’immeuble.
Pourquoi la musique ?
C’est un langage qui me permet d’aborder des sensations, des émotions plus directement, qui m’évite de tout expliquer. Ça me convient pas mal et j’ai l’impression de ramener un peu de douceur dans ce monde.
Et si tu n’avais pas fait de musique ?
Je ne sais pas trop… faire de la musique c’est un luxe pour moi. J’ai l’impression que ça m’équilibre, après il faut rien fantasmer, c’est une activité intense, qui peut amener de la souffrance, de la difficulté aussi.
Une épiphanie personnelle ?
Réaliser que je pouvais faire de la musique seule, tout en continuant a faire de la musique avec mon groupe Scratch Massive.
Une révélation artistique ?
J’en ai assez régulièrement, heureusement c’est un vrai moteur. c’est juste compliqué quand ça remet en cause ses propres directions mais au moins ça fait avancer.
Une grosse révélation artistique de ces dernières années; Burial. Particulièrement le track Come Down To Us. Sa musique me fascine réellement, c’est dark et lumineux à la fois, tout ce que j’aime.
Le revers de la médaille ?
De se consacrer a la musique? la solitude peut-être. Parfois j’envie mes potes qui ont des vies de bureau avec des collègues et des vies cadrées : semaines / week-end. Mais ça ne dure jamais très longtemps. Au fond, je crois que j’ai vraiment besoin de cette liberté, de ce décalage, c’est créatif et ça me convient très bien. En même-temps, personne nous oblige à rien quand on fait ce métier, donc il faut apprendre à s’autodiscipliner, à avoir un rythme assez régulier.
Y a t-il une vie après la mort artistique ?
Sans doute oui, j’imagine que ça doit être libérateur .. enfin au moins un certain temps, au début quoi. il doit manquer quelque chose quand même .. créer donne tout simplement du sens à tout ça.
Un rituel de scène ?
Le moins possible de rituels … juste pas trop boire
Quel serait le climax de ta carrière artistique ?
Je sais pas j’espère ne pas l’avoir atteint.
Retour à l’enfance, quel conseil te donnes–tu ?
Suivre mes instincts, avoir confiance en moi.
Comment te vois tu dans trente ans ?
je ne planifie pas grand chose, je n’arrive pas a me projeter aussi loin…
Comment vois-tu évoluer ta musique ?
je ne sais pas c’est du work in progress…
Un plaisir coupable ou un trésor caché ?
J’ai une passion pour les cours de gym en club de sport sur fond de grosse musique Dance. Ca procure des très bonnes montées pendant 1h , Adele remixée avec un gros beat, Jimmy Sommerville en medley avec technotronic, Rihanna en version EDM, c’est intense.
Écrit par: Claude Pimp
Jamie Harley Maud Geffray Pan European Scratch Massive
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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