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Tout le monde connaît Melody’s Echo Chamber (lire), mais peu de gens connaissent le son agréablement psychédélique de Pablo Padovani, jeune artiste français et fils du célèbre jazzman Jean-Marc Padovani. Très probablement fatigué de ne jouer que de la guitare au sein de la formation de Melody Prochet et affecté par un syndrome d’imaginaire surréaliste hyper développé, le jeune homme s’est donné un pseudonyme étrange Moodoïd et s’est mis à réaliser ses propres chansons en regardant la campagne helvète.
Pour mieux comprendre son univers particulier, il faut tout en premier lieu s’attarder sur son premier vidéoclip, Je suis la Montagne, titre prélude de son premier Ep sorti début septembre. Réalisée par un jeune réalisateur français, Jérôme Walter Gueguen, elle condense à la perfection le son psychédélique et les errances de Pablo à travers la montagne – du psych’alpin en somme. À tout ça s’ajoute les délires culinaires de Pablo, très proche des extravagances artistiques de certaines Å“uvres de DalÃ. Mais c’est Gueguen lui-même qui nous donne la meilleure clé de lecture du clip : J’ai voulu représenter la montagne par deux couleurs : le bleu et le marron, et ça sans jamais montrer la vraie montagne. La montagne est en plastique, elle ne peut être qu’imagination, comme un souvenir d’enfance. Puis Pablo m’a demandé du doré. Alors j’ai imaginé les rayons de soleil sur un lac de haute montagne. C’est la fin du clip, le moment où la montagne est si haute qu’elle touche le soleil. Pour les costumes et les motifs, j’ai tout de suite pensé au Tyrol, mais le Tyrol est une région dont on se moque beaucoup en France. Depuis que je suis tout petit, j’entends des blagues sur le Tyrol. Dans mon travail je me dirige souvent sur ce qui m’intéresse le moins par préjugé. […] C’est ma démarche : détruire les préjugés, les miens en premier, pour détruire ceux du public ensuite. J’ai donc découvert les costumes du Tyrol et les masques de carnaval et  je les ai trouvés absolument magnifiques.
Le terme Moodoïd sonne comme un étrange mélange entre un mot anglais et un langage exotique. D’où vient ce nom et que signifie-t-il ?
En français nous avons le suffixe « -oïd ». Celui-ci m’inspire la bizarrerie. On l’utilise pour désigner plein de choses étranges comme des maladies ou des choses mystérieuses de l’espace : les astéroïdes par exemple. Et j’aime beaucoup le mot anglais « mood » car il n’y en a pas vraiment d’équivalent en français et il a maintenant des tendances universelles. Du coup, si on fait une traduction française de Moodoïd, ce serait une « émotion étrange » pour moi.
Quand et comment as-tu décidé de donner vie à Moodoïd ? S’agit-il d’un projet que tu avais déjà en tête depuis un moment ?
Je suis parti vivre quelques mois de ma vie en Suisse dans une région entourée de lacs et de montagnes. J’ai passé beaucoup de temps seul là -bas. J’ai commencé à avoir un rapport à la musique que je n’avais jamais eu auparavant. Lorsque j’étais traversé par une émotion, je prenais mon instrument pour évacuer (que ce soit joyeux ou triste). De là  sont apparues toutes mes chansons pour Moodoïd. Je suis ensuite rentré à Paris et j’ai créé la formation live. Je tenais à ne jouer cette musique qu’avec des filles car je trouve que cela change vraiment la sensibilité de la musique, et la mienne aussi. Après pas mal de concerts dans les clubs parisiens, on a fini par rencontrer Third Side Records/Entreprise, avec qui nous sortons notre premier EP 4 titres le 2 septembre.
On ne connait pas beaucoup la musique de Moodoïd puisqu’au moment où nous faisons cette interview, l’album n’est pas encore sorti. Néanmoins, on peut déjà écouter quelques morceaux sur internet, qui sont presque toujours chantés en français. Les autres titres de l’album seront-ils aussi en français ? Pourquoi ce choix ?
Dans Moodoïd je chante en français et en anglais, mais sur l’EP qui va sortir, les quatre morceaux sont en français. D’abord parce que le label Entreprise est consacré aux artistes qui chantent en français mais aussi tout simplement parce que je suis beaucoup plus à l’aise pour écrire et chanter le français – je dois avouer que je suis assez mauvais en anglais. Il est beaucoup plus naturel pour moi de chanter dans ma langue et je trouve que le français se prête particulièrement bien à la musique psychédélique. Nous avons un très bel héritage surréaliste avec beaucoup de poètes français et il n’y a que trop peu de musiciens qui ont essayé de mêler ces deux univers.
Je suis la Montagne est le premier titre extrait de l’album, dont le clip illuminé et psych’alpin a été réalisé par Jérôme Walter Gueguen. Pourquoi cette inspiration géographique ? Est-ce que ça relève d’une envie de parvenir à une vraie connaissance de soi-même par le biais de la nature ?
Je suis la Montagne est une chanson que j’ai écrite en plein milieu des Alpes. Après un magnifique moment de bien-être, j’ai pris ma guitare et j’ai chanté cette chanson automatiquement en regardant le paysage. En effet, à ce moment-là , j’étais très touché par la nature et j’ai écrit pratiquement une chanson pour chaque éléments de la nature : lac, montagne, forêt…
Pour le clip, je savais juste que je voulais que ce soit la montagne qui chante. J’ai fait appel à mon ami Jérôme Walter Gueguen car c’est un homme qui a un imaginaire surréaliste surdéveloppé et avec qui il est très facile de s’entendre car nous avons beaucoup de goûts en commun. Il sait trouver le moyen de mener une idée à bien avec le peu de moyens que nous avons. Étant moi-même réalisateur, nous aimons aussi beaucoup collaborer…
Dans la vidéo, on a l’impression d’entrer à l’intérieur d’un univers onirique et imaginaire, d’une beauté « terrifiante et comestible », où se trouvent des objets « qui ont l’apparence de tableaux ». Tu te retrouves dans ces expressions utilisées respectivement par Dalàet Magritte pour décrire leur art ?
Oh oui oui oui. Je suis un grand fan de la peinture surréaliste ! Mais aussi de la nourriture. J’adore la forme et la couleur des desserts. Je pense qu’on ne peut pas faire mieux qu’un clip culinaire. La cuisine parle mieux de musique que n’importe quoi d’autre.
Pendant tes performances live, tu es toujours recouvert de paillettes dorées. Pourquoi cette obsession?
Depuis que j’ai 14 ans je me costume sur scène. J’ai toujours été un amoureux du glam. Avec Moodoïd, depuis le pratiquement le premier concert, nous portons du maquillage à  paillettes. Je trouve qu’il est plus facile pour moi et pour le spectateur aussi de se plonger dans un univers face à un groupe qui en est imprégné visuellement.  Un concert est un spectacle ; j’ai envie d’utiliser tous les éléments qui peuvent attirer les spectateurs à l’intérieur.
Quels sont tes « maîtres » en matière de musique ?
Je suis un très grand fan de musiciens comme Robert Wyatt, Frank Zappa, Neil Young, David Bowie ou Donald Fagen par exemple. Plus récemment, les artistes qui m’ont touché sont Connan Mockasin et Dirty Projectors.
Et tu écoutes quoi, en ce moment ?
Julee Cruise, Selda, Aquaserge, Steely Dan et plein plein plein d’autres.
Si tu étais un critique musical et que tu devais décrire la musique de Moodoïd et le son de votre premier album – que personne n’a encore écouté en entier -, tu dirais quoi, en quelques mots ?
Je dirais « épique », « rêveur », « oriental », « surréaliste ».
Dernière question : si Moodoïd était un truc à manger, il serait quoi ?
Des cuisses de grenouilles à l’ananas, et en dessert un baba à l’absinthe.
Écrit par: Daniela Masella
album Interview Melody's Echo Chamber Moodoïd
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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