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Si un jour je devais me livrer, je commencerai par Saint-Jean-de-Luz, cette petite ville à la frontières des deux Pays-Basques qui m’a vu naître. A dire vrai, les souvenirs sont éparses, bien que profondément gravés, entre nature indomptée et caractères archi-trempés. Voir, depuis quelques années déjà , le collectif Moï Moï remuer ciel et terre pour désenclaver Euskadi de ce qu’il a de plus traditionnel – et notamment par l’organisation de l’eden Baleapop (lire) -, ne fait que raviver cet amour brut d’enfance pétri d’une nostalgie non feinte. Dans les interstices de tels secrets d’alcôves, un projet a toujours eu un retentissement plus complexe, car emboîtant par le prisme des musiques électroniques cet indicible puissance des éléments : Odei ou la réunion du batteur Arnaud Biscay, du vibraphoniste / claviériste Maxime Hoarau et du producteur techno Matthys autour d’une pratique immodéré de l’improvisation et de l’union des sonorités acoustiques aux odes électroniques. A l’heure où le trio composite sort son premier album, Bat, via Moï Moï Records, et la veille d’un concert en compagnie de F/Lor (lire) et Puce Moment (lire) à la Flèche d’Or, entrevue et mixtape à écouter et télécharger ci-après.
Hartzine vous fait gagner cinq places pour la soirée Les Yeux Fermés demain à la Flèche d’Or (Event FB) avec Odei, F/Lor et Puce Moment. Pour faire partie des heureux élus, rien de plus simple : il vous suffit de nous transmettre votre amour, en indiquant bien sûr vos nom et prénom, à l’adresse hartzine.concours@
Nous étions d’abord amis. Deux envies nous ont rapprochés, d’un côté les deux instrumentistes découvraient et appréciaient de plus en plus la musique électronique, et le musicien électronique allait vers plus de jeu et d’hardware. Nous avions donc chacun des réponses à apporter aux attentes des autres. La complémentarité des deux mondes a été d’emblée évidente.
À mi-chemin entre électronique et acoustique, votre musique semble en perpétuelle évolution. Quels instruments ou quelle volonté prédominent dans cette quête que vous appelez work in progress ?
Aucun instrument ne prédomine, la seule volonté est seulement de faire évoluer le set up pour augmenter les possibilités de dialogue entre les deux démarches. C’est dans ce cadre là que nous collaborons avec Jose Echeveste de L’IRCAM qui développe le logiciel Antescofo, une partition interactive qui nous permet d’improviser entièrement nos lives, séquences midi incluses.
Vous laissez une place prépondérante à l’improvisation au sein d’Odei ? Dans quelles conditions avez-vous composé BAT ?
L’album BAT ayant été enregistré avant l’arrivée de Jose dans l’équipe, nous n’avons pas utilisé ce moyen pour le composer. Cependant, bien que les thèmes aient été écrits et déjà joués en live, l’enregistrement a laissé une grande place à l’improvisation. Aujourd’hui nous utilisons aussi Antescofo pour composer ce qui permet de mieux lier la scène au studio.
Par une totale liberté dans les formats, Odei semble depuis sa création consubstantiellement taillé pour la scène. Comment appréhendez-vous celle-ci ?
Au départ, Odei s’est formé autour d’une commande studio qui consistait à faire la bande son d’un film de Nathalie Rebholz, Wonderland (voir). La question du studio ne s’est posée qu’après un certain nombre de lives, de plus en plus tournés vers l’improvisation. Ce qui nous stimule au cours de nos lives c’est cette obligation de créer une musique spontanée, de manière dynamique. Cela peut produire de très grandes différences entre nos lives, nous permettant de les adapter à différentes ambiances.
Et a contrario, est-il difficile pour vous de travailler en studio, BAT n’étant finalement que votre première trace discographique ?
Cela a été assez naturel d’enregistrer l’album, bien que très différent. L’aspect laboratoire nous a éclaté. L’improvisation était souvent la base de ce qui était enregistré, mais nous avons passé beaucoup de temps à chercher des sons et à éditer tout ça. Le défi est plutôt d’intégrer ces morceaux figés dans nos lives car cela va à l’encontre de l’improvisation. Le mélange de reprise de nos morceaux studio et d’impro est un challenge excitant. Ca fonctionne bien, nos lives sont plus structurés!
Pour décrire votre musique, on cite souvent à juste titre Aufgang, Four Tet et Caribou. Quelles sont les grandes influences qui président à Odei ? Cherchez-vous à les divulguer explicitement – par quelques clins d’œil – , ou tentez-vous de les gommer dans un langage qui vous est propre ?Â
Nos influences sont assez variées, cela va des rythmes pygmés a Kraftwerk, des musiques classiques indienne et européenne à Aphex Twin, en passant par le rock psychédélique ou la musique contemporaine. Difficile de ne pas citer James Holden qui reste certainement une de nos principales influences. Pour l’album nous n’avons pas spécifiquement fait d’hommages à tel ou tel artiste. Par contre au cours de nos lives Arnaud ne se prive pas de citer Tonny Allen dans ces rythmiques ou des lignes de basses d’Etienne Jaumet dans les séquences qui sont envoyées aux machines. Maxime par contre a déjà cité Caribou mais ce qu’il préfère, c’est citer à son colloc australien une vieille chanson country – Aussie, Waltzing Matilda.
Au rayon symbolisme, que signifie pour vous le nom de ce projet – Odei – et ce titre conféré à l’album, BAT ?
Odei est une figure de la mythologie basque liée au tonnerre, à la tempête ou à un gros nuage selon les différents contes. La symbolique autour d’un ciel en perpétuel mouvement nous a paru correspondre à notre musique. Concernant BAT cela veut tout simplement dire « un » en basque. « Odei bat » veut donc littéralement dire « un nuage ».
Parlons un peu du clip Kumo. Comment celui-ci a-t-il vu le jour et pourquoi avoir voulu jeter ce regard naturaliste sur le monde du X français ?Â
Nous avons rencontré Victor Lech qui était en charge des reports dans le cadre de Baleapop. Quand l’idée de faire un clip avec lui a commencé à germer, nous avons vu son clip pour Joakim qui nous a plu pour son côté narratif. Nous lui avons donné carte blanche. Sa perception très sexuelle de kumo l’a engagé sur la voie de ce making off de film X. L’idée était hyper surprenante et c’est ce qui nous a convaincu.
Votre renommée est pour le moment largement liée à celle du Baleapop et du collectif MoïMoï. Pouvez-vous nous expliquer quelle est votre implication dans chacune de ces aventures ?
Au départ Moï Moï est un collectif d’artistes et de médiateurs dont nous faisons tous partie. Après quelques soirées organisées, l’idée de mettre en place Baleapop a germé. Nous avons joué à chaque édition mais nous avons aussi tous participé en tant que bénévoles. Par ailleurs, Manu fait parti des membres fondateurs du collectif et donc du festival. Aujourd’hui il s’occupe plus particulièrement du Mini-Balea avec Elorn – la section « Kids » du festival qui a pour vocation d’être exporté en dehors de ce dernier. Il s’occupe aussi de Moï Moï records, ce qui explique a priori les accointances entres les deux entités. Pour la prochaine édition nous bossons sur l’idée de créer un superband Moï Moï records en utilisant Antescofo et auquel tous les musiciens (ou non-musiciens!) du collectif prendraient part.
Au-delà de votre origine, quelle place occupe le Pays-Basque dans votre projet ?
Nous sommes tous originaires du Pays Basque, nous y avons vécu nos premières 18 années. Cela fait tout simplement partie de notre identité. Ez dugu gordetuko ala ere ! (On va pas le cacher !, ndlr)
Quel est le futur proche d’Odei ?
Nous jouerons à la flèche d’Or demain avec F/lor, Puce Moment et Im Takt. Nous sommes ravis ! On espère tourner à fond pour expérimenter encore de nouvelles perspectives. Notamment avec des artistes vidéo comme nous l’avons fait pour l’IRCAM live à la Gaité Lyrique avec Stephan Kloss. Par ailleurs nous préparons déjà un deuxième album !
01. Jonhatan Harvey – Mortuos Plango, Vivos Voco
02. Odei – Plaza Moscù
03. James Holden – Blackpool Late Eighties
04. Pierre-Laurent Aimard, Aka Pygmies – Zoboko
05. Container – Application
06. Daniel Avery – Reception
07. Jon Hopkins – Open Eye Signal
08. AFX – In the Maze Park
09. Kangding Ray – Cercle
10. Gyorgy Ligeti – Atmosphères
11. Pink Floyd – Matilda Mother
http://vimeo.com/84712808
Écrit par: Thibault
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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