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À l’heure où certains vétérans du collectif Elephant 6 sont désormais cantonnés aux bonnets péruviens et à la flûte de pan de Julian Koster, dans une tournée US/UK (Holiday Surprise) qui a au moins le mérite de réjouir les nostalgiques de la pop-rock indé des années 90, Kevin Barnes et ses acolytes de Of Montreal ont vu leur réputation s’agrandir considérablement depuis leur passage en 2004 chez Polyvinyl.
Leur dernier opus, Paralytic Stalks, est à nouveau un méli-mélo baroque et barré, un effort visiblement cathartique et une boîte de Pandore sonore abritant les démons adorés par Barnes : dépression, égocentrisme et haine de soi sont encore à l’ordre du jour, le tout mis en scène dans un élan cacophonique plus ou moins joyeux. Rien de franchement innovant, si ce n’est que du méli-mélo sonore barré, on passe très vite à la cacophonie franchement naze. J’ai ainsi eu la mésaventure de passer les sept minutes les plus longues de toute mon existence plongée dans l’univers abrasif et cauchemardesque de Exorcism Breeding Knife, qui a beau se réclamer de John Cage, moi, j’avais juste un peu mal au coeur en écoutant tout ça dans le bus.
Après cet incident regrettable, j’ai voulu pardonner à Kevin Barnes ces écueils malheureux. Je ne suis peut-être plus bon public pour ce genre de musique : j’ai découvert Of Montreal à l’aube des années 2000, toute charmée que j’étais par leur pop ironique et créative qui offrait une alternative intéressante face à l’hégémonie de groupes de midinets à guitares en « The ». Alors, si c’est bien Georgie Fruit (l’alter ego de Kevin Barnes depuis Hissing Fauna, Are You The Destroyer?) qui est à l’origine de ce capharnaüm chiant et pédant, j’aurais bien quelques mots à lui dire, entre autres qu’il serait temps qu’il aille se manger une banane (ou deux).
Enfin, John Cage n’était heureusement qu’une passade, et on retrouve le Barnes en terrain conquis avec Dour Percentage – morceau aux influences funk (également présentes dans les riffs de guitare et vocalises de Ye, Renew The Plaintiff) et un peu plus dansable, même si, personnellement, la flûte, ça ne me fait pas trop bander. Avec Withered Debts et son intro à la Elliot Smith, on commence sérieusement à regretter l’humour noir et l’ironie de leurs débuts twee de Cherry Peel (Bar/None Records,1997), remplacés ici par un misérabilisme égocentrique, même si quand Kevin nous raconte qu’il s’est étalé dans son vomi dans une chambre d’hôtel, ça nous fait quand même un peu marrer.
Alors, on pourrait bien féliciter Barnes, animé d’une fougue assurément mégalo, pour avoir eu comme noble ambition de vouloir repousser les frontières de la pop : durée des morceaux, variation infinie dans les rythmes – de la ballade larmoyante au plus « dancefloor », en passant par le prog-rock et le funk -, éclectisme assuré des instruments et influence de la musique contemporaine expérimentale, etc. Et pourtant, malgré tous ces efforts, Paralytic Stalks est remarquable par son absence (ou trop-plein ?) de mélodie. Et pour un disque pop, c’est bien dommage.
Of Montreal – Paralytic Stalks (Polyvinyl,2012)
1. Gelid Ascent
2. Spiteful Intervention
3. Dour Percentage
4. We Will Commit Wolf Murder
5. Malefic Dowery
6. Ye, Renew the Plaintiff
7. Wintered Debts
8. Exorcismic Breeding Knife
9. Authentic Pyrrhic Remission
Écrit par: Simone Apocalypse
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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