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par SLH & ELD
Cela faisait quelques temps que nous n’avions pas traîné nos guêtres au festival Beauregard malgré les bons souvenirs d’éditions précédentes, favorablement impressionnés par la qualité de l’accueil réservé aux festivaliers, la beauté du cadre et quelques concerts de très haute tenue, notamment en 2012 (lire). Alors forcément, quand la manifestation a abattu la carte Depeche Mode pour cette édition 2018, on s’est assez rapidement dit que l’occasion était belle de revenir fouler les pelouses du château d’Hérouville.
Breaking news : on ne regrette pas une seconde d’avoir fait le déplacement, bien au contraire… En effet, on aura pu constater tout d’abord que cette fameuse qualité d’accueil, les organisateurs y tiennent toujours. Certes, le site y fait beaucoup avec son parc arboré au pied d’un château gothique du 19ème siècle, qui, pour votre gouverne, servi jadis à l’ORTF pour ses colonies de vacances, reste que pouvoir se restaurer facilement et qualitativement, ou éviter de se pisser dessus dans une file d’attente interminable, ça n’a pas de prix pour un festivalier lambda. Et ça, les types de Beauregard l’ont bien compris. Pour l’essentiel, c’est-à -dire côté musique, il fallait séparer le bon grain de l’ivraie, le festival pariant comme à son habitude sur un line up faisant le grand écart entre mastodontes populaires et fines lames plus pointues. Présents les deux dernières soirées du festival, on avait donc déterminé les ganaches qu’on souhaitait voir s’agiter sur scène. Ainsi, pas question de rater nos chouchous corrosifs de Parquet Courts, le passage des revenants d’At The Drive In, les décidément increvables Breeders ou encore les orfèvres belges Girls In Hawaii. A contrario, il s’agissait durant nos pérégrinations d’éviter joyeusement les redoutables Bigflo & Oli, les soporifiques Ibeyi ou le débilitant Macklemore.
Mission accomplie. À commencer par le show de Parquet Courts, qui aura été largement à la hauteur de nos espérances avec une aisance qui force le respect : assis sur une discographie aussi acide qu’impeccable, prolongée récemment par leur nouveau LP Wide Awake, sorti en mai chez Rough Trade, les New-Yorkais déroulent leurs hymnes comme on allume des mèches, toujours sur le fil entre sauvagerie sourde et slacking salvateur. C’est rapide, puissant, félin, bref, idéal pour une fin d’après-midi déjà chaude comme la braise, avec en prime un maillot de l’équipe de France de foot sur scène, histoire de donner encore un peu plus de corps au titre inaugural de Wide Awake, Total Football, et s’attirer davantage de sympathie de la part d’un public pas encore champion du monde. Piles à l’heure de l’apéro, les Breeders feront également le job, et même mieux qu’on l’attendait. La bande de Kim Deal, en héros laid back, auront avec bonne humeur et décontraction totale déroulé des tracks se suffisant souvent à eux-mêmes. On n’a jamais vraiment été des fans transis du groupe mais, avec un peu de recul, on se demande ainsi ce que nos collègues d’un quotidien régional dominant avaient dans les oreilles ce soir-là , évoquant le « poids des années » – élégance, quand tu nous tiens – et une reformation dispensable (lire). On objectera que la pertinence d’un retour ne se juge pas à l’orée d’une unique prestation scénique, en témoigne le très bon All Nerve de 2018. De plus, le groupe aura eu le mérite de l’honnêteté en proposant un concert humble, positif et au final plutôt réjouissant. Ce qui ne sera malheureusement pas le cas d’At The Drive In un peu plus tard dans la soirée. Revenus eux aussi aux affaires avec in ter a li a, il y a tout juste un an, on était pourtant curieux de voir de quoi était encore capable la bande d’El Paso qui avait littéralement cassé la baraque il y a presque vingt piges avec le démentiel Relationship Of Command. Le constat est malheureusement assez déprimant. Les Américains serviront un set ampoulé de tous les bords, avec un son aussi bouffi que doit l’être l’orgueil du groupe, s’agitant vainement sur scène et réclamant l’attention d’un public vaguement intéressé. Anecdotique donc, mais justifiant un agréable raid du côté du bar pour profiter de quelques bières bienvenues.
De retour pour le « day after », on était forcément d’humeur joyeuse. Non seulement Depeche Mode allait de toute façon nous ravir mais, en prime, les magnifiques Girls In Hawaii allaient nous proposer une ouverture à la hauteur de l’évènement (on vous passe en effet la présence des gênants Concrete Knives qui, loin de justifier l’incompréhensible intérêt qui leur était porté jusqu’à maintenant, deviennent désormais carrément risibles avec leur afro pop datée et désincarnée mais surtout objectivement mauvaise). Et les Belges nous auront en effet conquis, à grands coups de dentelle pop dont ils ont le secret. Enfilant les titres comme les perles, les Girls In Hawaii auront prouvé une nouvelle fois que la reconnaissance dont ils jouissent aujourd’hui ne sera jamais à la hauteur du bonheur qu’ils nous apportent depuis déjà tant d’années – quinze ans depuis l’inaugural et inusable From Here To There ! – avec leurs chansons aux allures de classiques instantanés. Une voie royale ouverte, donc, pour Depeche Mode qui investira la scène de Beauregard avec un concert en forme d’apothéose finale.
Bien lubrifié, le show de Depeche Mode survit à la répétition, cette impression qu’ils ne jouent que pour nous… Chacun attaché à une période de ce groupe dont la longévité nous a forcément fait croiser le chemin lors de nos pérégrinations musicales. La machine à tubes vient faire trembler invariablement une audience réceptive. Parfois le son se retire – on pourrait se demander si Martin Gore, égaré dans le ressac, s’approche du ‘rigor mortis’ dans une forme un peu trop aboutie de la cold wave. Mais non, on est fan alors on ferme les yeux. Le maître de cérémonie reste charismatique et « sexpose » sur quelques titres jamais surannés, brillamment réinterprétés ou plutôt réincarnés. In Your Room/Stripped est un des combo qui déclenche un suave souvenir. Chacun aura le sien, peut-être un peu plus convenu mais toujours personnel. Supershow qui brouille les souvenirs. On a juste envie que Depeche Mode reste la bande son du trop peu de vie qu’il nous reste. On se dit également que ce Beauregard 2018 a comme un goût de reviens-y. Vivement la suite.
Écrit par: S.L.H.
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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