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Photos © Robin Dua pour hartzine
Girls, Trix, Anvers, le 15 novembre 2011
Se rendre à Anvers pour le concert de Girls, c’était se soumettre à ce fameux test d’objectivité qui s’offre régulièrement à nous, ce fameux test qui consiste à passer au-dessus de l’adoration que nous avons pour un album ayant dépassé nos espérances les plus folles, au-dessus de l’ineffable sentiment que, quoi qu’il advienne, nous allons assister au concert le plus marquant de l’année. En effet, Father, Son, Holy Ghost (lire), second LP de Girls paru chez Turnstile en septembre est venu confirmer l’inexorable progression que la formation emmenée par Christopher Owens connaît depuis l’inaugural Girls LP sorti il y a un peu plus de deux ans maintenant. Ce premier essai démontrait déjà la faculté du combo à mélanger les genres et les époques ; le Broken Dreams Club EP, l’année dernière, confirmait cette tendance de manière magistrale en ajoutant une pointe de lyrisme à un registre déjà en tout point impressionnant. Mais que dire de ce dernier opus, véritable mine d’influences et d’inspirations diverses qui, évitant le piège de la surenchère, viennent s’enchevêtrer avec minutie et harmonie, œuvre d’un groupe en pleine maîtrise de son art.
En ce 15 novembre, le rendez-vous fixé au TRIX d’Anvers avec ce groupe déjà considéré comme majeur est donc porteur des plus belles promesses. Au détour d’une soirée aux allures de triptyque multi-temporel où Stephen Malkmus et ses Jicks (lire) font figure de vestiges du passé et les sémillants Spectrals (lire) de fiers représentants d’un avenir musical radieux, Girls s’affiche en leader, comme LE groupe important du moment, celui capable de fédérer les penchants et les émotions des personnes présentes, d’âges et d’horizons musicaux différents. Nullement question de dress code ou de signes distinctifs, ce public est prioritairement amateur d’une musique plus que d’une attitude. Le défi lancé à saint Christopher est donc de prouver que dans une formation classique dénuée d’artifices, Girls est plus que jamais un groupe Magic.
Premières banderilles, premiers effets, c’est prudemment que les San Franciscains entament leur set. Love Like A River succède à Alex dans des versions en tout point comparables à celles que nous nous délectons d’écouter les yeux clos, un sourire aux lèvres, blottis au plus profond de notre canapé. Plaisir, oui, félicité, non pas encore… plein d’espoir, avides de ressentir le frisson dont on se souviendra encore dans dix ans, nous attendons donc patiemment la suite des évènements.
La machine Girls, implacable, enchaîne alors méthodiquement les morceaux et nous gratifie d’une session crève-cÅ“ur qui nous apporte ces quelques moments de grâce tant attendus. Darling, My Ma, Heartbreaker et surtout l’immense Vomit viennent tour à tour mêler les émotions, tourmenter nos sens et nous apporter cette confirmation qui nous paraissait si évidente : oui, Girls sait se rendre incontournable lorsqu’il s’agit de vous frapper en plein cÅ“ur, car Christopher Owens parvient alors scéniquement à humaniser ses morceaux, à leur donner corps et ainsi à apporter ce fameux petit plus qui rend ce groupe si particulier.
Vers une prestation en tout point remarquable donc ? Osons cependant faire la fine bouche car nous savons que rechercher et trouver des raisons de ne pas être entièrement comblés par un groupe que l’on aime revient en fait à affirmer notre inconditionnelle affection pour lui et notre volonté de le voir nous offrir toujours plus d’émotions et de plaisir. Il est avant tout question de scène et Girls a parfois tendance à retomber dans les travers de la copie parfaite : par-delà la qualité de l’interprétation, Saying I Love You ou encore Magic apparaissent comme des morceaux de transition, joués (presque) sans âme, où l’introversion de Christopher Owens fait plus figure de handicap que d’atout. C’est le regard perdu que nous écoutons religieusement ces morceaux sans fêlures dans l’attente de l’évènement qui viendra raccrocher notre attention. Un tantinet frustrant tant on sent que l’inoubliable pourrait être atteint. Totalement frustrant au regard du rappel proposé où un collectif (enfin peut-on parler de collectif) enfin décomplexé exécute un Laura criant de sincérité avant d’achever sa prestation sur un Hellhole Ratrace habité et débridé.
Au travers de Father, Son, Holy Ghost, Girls a signé un des albums les plus remarquables et audacieux de cette année. Cet album ne s’écoute pas simplement, il se vit intrinsèquement tant il s’avère être une indéniable invitation au partage. C’est à la Cène que nous espérions secrètement être invités en ce 15 novembre 2011, ou tout au moins à la Communion. Ce fut un joli Baptême, attendons la Confirmation.
1. Alex
2. Love Like A River
3. Darling
4. My Ma
5. Heartbreaker
6. Vomit
7. Lust For Life
8. Substance
9. Saying I Love You
10. Honey Bunny
11. Magic
12. Forgiveness
13. Broken Dreams Club
14. Laura
15. Jamie Marie Hellhose Ratrace
Écrit par: Eric
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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