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On y était – Lower Dens au Nouveau Casino

today11/12/2012 32

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L’occasion était plutôt anodine. Lower Dens est déjà venu à Paris deux fois cette année, il n’y avait donc aucune raison de rajouter cette troisième date, visiblement calée pour amortir leur passage en Europe pour d’autres festivals. Entre ça et l’annulation de la première partie, le Nouveau Casino se remplit très peu et c’est tant mieux : il en résulte une atmosphère résolument intimiste, limite Black Session, un contexte idéal pour dérouler toute la magie sournoise du groupe américain.

Il aura fallu du temps à Nootropics, sorti cette année, pour révéler ses charmes et sa singularité. Bombardé de comparaisons partiellement justifiées avec Beach House ou même Radiohead, ce deuxième album plante pourtant une graine chez l’auditeur qui pousse à se repencher sur son cas. Lower Dens aurait pu être un groupe parfaitement gonflant : son langage ne diffère en rien de n’importe quel autre combo indie-pop, son ton est plutôt langoureux, ses morceaux assez inoffensifs – si on ne se penche pas sur eux, on ne les remarquerait pas. Sur scène, on comprend pourtant davantage la douce déviance qui les rend attirant – une déviance que véhicule parfaitement Jana Hunter, chanteuse gnomique et androgyne dont la présence rappelle celle du Swan de Phantom Of The Paradise transformé en personnage de South Park. Sa voix, l’élément qui interpelle généralement le plus chez LD, transporte en live la même beauté et la même sorte de perversité un peu mutante que sur disque.

La musique demeure sobre et posée, pas un son au dessus de l’autre. Même lorsque le groupe durcit gentiment le ton quand il reprend son premier album à orientation shoegaze, il avance toujours du bout des pieds et personne n’est bousculé. Pourtant, un mystère se déroule, une sorte de venin distillant abandon, amertume et légèreté, derrière lequel on peut distinguer un léger rictus trahissant un humour noir mais bienveillant. Alphabet Song est cette micro-épiphanie toute de volupté qui semble nous mettre face à la fragilité de l’existence. Candy est cette ballade de velours, touchante mais vicieuse. Quant à Brain/Stem, seul morceau qui sortira le public de sa torpeur approbatrice, il rappelle ce que Sea Within A Sea est à The Horrors : ce morceau-signature en forme de suite Krautrock touchée par la grâce qui, dans le cas de Lower Dens, procure une extase à mi-teinte, jamais dans la jouissance totale, mais toujours dans cet entre-deux onirique depuis lequel on peut contempler la vie avec mélancolie et une touche d’ironie. À la fin de leur caressante performance, on se dit finalement que Lower Dens est bien le genre de groupe qui pourrait nous sortir un gros chef-d’oeuvre venu de nulle part un jour ou l’autre.

Écrit par: Thomas Corlin

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