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Skinny Puppy, Paris, La Maroquinerie, le 15 juillet 2010
Aussi loin que je me rappelle, les monstres ne m’ont jamais effrayé. Quoi ?! Vous pensez que je me paye votre tête ? Et bien pas du tout. Tout môme déjà , je m’enfilais des plâtrées de films d’horreur, passant en revue les classiques de la Hammer, les péloches grand-guignolesquesdu non moins chtarbé Hershell Gordon Lewis, puis m’enfilant tous les slashers potaches 80’s (Freddy, Vendredi 13, Maniac Cop…) avec une régularité déconcertante pour un gamin de neuf ans. Cependant, je dois avouer avoir toujours éprouvé une certaine angoisse mêlée d’une fascination morbide face au légendaire cannibale dévoreur de chair infantile.Kevin Ogilvie ne pouvait donc pas trouver meilleur pseudonyme pour aiguiser mon appétit de découvrir ce qu’il se cachait derrière ce ridicule nom de groupe : « chiot maigrelet ».
Près de quinze ans après avoir commencé à me défoncer les tympans à coup d’électro-goth barbare et de schizo-indus tordu, je m’apprêtais enfin à découvrir, en live et en (mort) vivant, Skinny Puppy sur scène.Du pur inédit ! Nos Canadiens n’ayant pas foulé notre beau pays (ouais là j’exagère) depuis des lustres, c’est tout le gratin goth, indus et même métaleux qui s’était rameuté pour cette toute première date d’une tournée européenne déjà annoncée comme dantesque.Et là , je ne vous parle pas du premier cercle. Preuve en fut, la queue infernale devant une Maroquinerie qui n’affichait étonnamment pas sold out, mais exhibait un agglutinement disproportionnel et démentiel. Il fallait s’armer de patience pour pénétrer dans l’antre de la souffrance…
C’est d’ailleurs à peu près à ce moment que je remarquais que je n’avais pas vraiment respecté le dresscode, plutôt porté sur le corset, bottes trashville et panoplie Demonia pour les madames… Pour les monsieurs, jeans slim noirs, t-shirts à l’effigie de la concurrence : NIN, Front Line Assembly… Rassurez-vous, je resterai digne en évitant une chronique de leur dernier album cela dit en passant. Donc vous pensez bien qu’avec mon t-Shirt vert, mon jean bleu et mes baskets Nike, c’est un peu comme si je débarquais de la Gay Pride pour ces corbacs toujours en mal d’obscurité. Donc après m’être tapé une demi-heure de débat vide de sens sur la pseudo reformation d’ATR (Atari Teenage Riot pour les ignares) tenu par mes voisins de queue, j’entre enfin dans la salle où règne un capharnaüm de tous les diables.
L’installation est tout simplement surréaliste pour la petite salle de la Maroquinerie ; si l’on exclue le backline musical déjà imposant, la scène regorge d’éléments qui serviront à la diffusion de différents visuels, ainsi qu’un étrange caisson au-dessus duquel proémine un large écran LCD. Mais à quoi tout ceci peut-il servir ? Pas trop le temps de se torturer avec ce genre de questions… cEvin Key et un autre mec tout chelou débarquent sur scène. Dans la salle, les ténèbres se sont installées et d’étranges coulures envahissent les écrans alors que les premières notes de Love In Vein se font entendre. Le show peut alors commencer…
Le public, excité comme une puce, sautille, siffle, applaudit… Cependant, il manque un élément essentiel. La bombe est bien présente, mais toujours dépourvue de détonateur. Celui-ci apparaît en rampant, le visage dissimulé derrière un étrange masque conique, et vêtu d’un costume excentrique alliant camisole et combinaison de latex. La foule exulte alors, devant un Nivek Ogretoujours plus facétieux, mimant un vieillard se déplaçant à l’aide d’un déambulateur. Le morceau culte de Last Rights met d’entrée de jeu jeunes et vieux dans l’ambiance. OhGr captive de par sa gestuelle de pantin de bois et de sa voix rocailleuse, inondé dans un flux d’images distordues, noyé dans un magma de samples convulsifs… Un chien maigrelet certes, mais avec une mâchoire de cerbère.
La suite du spectacle se poursuivant par un mémorable Hatekill et l’indémodable The Addiction corrosif à souhait. Si le groupe laisse de côté pour le moment Mythmaker qu’il est semble-t-il venu défendre, celui-ci s’attarde pourtant à illustrer plus ou moins les thématiques. C’est ainsi que le spectateur est le témoin de la cure de jouvence opérée par Ogre fallacieux et outrancier, qui abandonne peu à peu ses prothèses mécaniques, semblant se repaître de l’énergie que lui procure le public.
La foule est alors en délire. Comment ne pas l’être devant cet étalage de beats monstrueux, de battements secs et furieux, de nappes râpeuses et nervurées, de spoken-word d’outre-monde…Un assemblage quasi-malsain de machines et de chair qui se font écho et recrachés à l’unisson. Un flux organique âpre se glissant insidieusement dans les tympans et glissant le long de la colonne vertébrale par les voies du système nerveux central. Oubliez votre corps, il n’est que la viande bonne à nourrir la bête.
Nivek Ogre se glisse alors subrepticement dans le caisson préparé à l’occasion, et la machine se remet en route. Un assaut violent frappe de plein fouet la Maroquinerie alors que l’aura du charismatique chanteur enveloppe la scène. Les images d’Ogre filmé depuis le caisson sont retroprojetées en négatif sur l’écran géant prédominant le plateau. Skinny Puppy est à son plus haut, et ne joue pourtant que depuis une quinzaine de minutes… Mon cerveau n’arrive plus à fonctionner, et je reste obnubilé par les images qui défilent devant mes yeux.
Il suffira d’une fraction de seconde pour me réveiller de ce merveilleux cauchemar. Un malheureux instant pour faire basculer mon état proche de la catalepsie à la déprime la plus profonde. Ce court moment sera celui où le groupe quittera subitement la salle, comme pris d’un excès de nerfs, laissant derrière lui un écran figé et grésillant, ainsi qu’une salle plongée dans l’incompréhension. Cinq minutes plus tard les lumières se rallument, éveillant chez le spectateurla crainte… Dix minutes plus tard, les organisateurs (D-Side) finissent par avouer qu’il s’agit d’une panne électrique indépendante à la salle (mouais, non-compatibilité entre le matos US et frenchie ouais !!!) et que le concert reprendra dans vingt minutes…Trente minutes plus tard, nos courageux orga n’ayant pas les couilles d’annuler le concert, ils préfèrent annoncer le report de celui-ci pour la fin août, prétextant que les billets seront toujours valables… Mouais j’aimerais bien voir ça ! Surtout que depuis, rien n’a été programmé dans ce sens et que le pauvre petit goth lambda venu du fin fond de Conflans-Sainte-Honorine doit être bien embêté à l’heure qu’il est.
C’est donc le moral dans les pompes que j’ai regagné mes pénates, gardant quand même en tête que quinze minutes de Skinny Puppy valent mieux que pas de Skinny Puppy du tout…
Écrit par: Akitrash
2010 La Maroquinerie Skinny Puppy
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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Cordelia sur 20/07/2011
Hot damn, looikng pretty useful buddy.