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Teen Daze et Teknomon, Mains d’œuvres, Saint-Ouen, le 31 janvier 2016
Seconde soirée de concerts pour Mains d’Œuvres depuis la reprise de la programmation: la salle accueillait en son sein le sympathique Jamison, plus connu sous l’alias Teen Daze, dans le but certain de sereinement auréoler le dimanche soir d’une pleine couronne de sérénité. Au-delà de ces niaises et basses considérations, le Canadien venait prioritairement présenter son dernier album, Morning World, épaulé pour la première partie du duo parisien de Teknomom, affilié à la sémillante famille du Turc Mécanique.
All images © François-Marc Loze
Il faut l’avouer : la musique de Teen Daze est belle. Elle s’allonge et s’enroule autour de la conscience, la prend à part pour la soulager, pour lui dicter une réalité parallèle. Une vision des choses passablement engourdie qui se repose paisiblement sur le mol édredon de la rêverie : cela s’agite comme les ondes un peu brumeuses de l’esprit, lorsque l’on ferme les yeux, que l’on se concentre, que l’on visualise cet horizon bourdonnant, chaleureux, un brin vert d’eau, qui s’écoule tranquillement comme un flot de saines pensées. On se perd assez facilement à travers cette atmosphère éthérée, un peu chancelante mais toujours juste, dirigée par une ample rythmique, peut-être à la façon d’un élégant personnage qui s’élance d’un pas large et léger à la fois.
La première partie du concert lorgne vers les morceaux les plus doucereux du Canadien, conversant régulièrement avec son micro, jusqu’à ce que celui-ci se hisse lentement vers la partie la plus élevée de sa setlist, renforce la rythmique et durcisse l’intensité sur les quelques derniers titres. Étrange ambiance pour un dimanche soir, qui ne se prête pas nécessairement à cette débauche d’énergie, que l’on verrait plus à propos en club passé minuit, mais qui ici interpelle – pas de façon négative, au contraire, car donnant un effet intriguant au décalage, presque tendre, assez caressant. Les vapeurs soufflées par le synthétiseur résonnent alors comme une suite de couleurs se déployant dans l’intégralité de la salle avec la force d’une exclamation. Le Canadien aura joué une méthodique sélection de sa florissante production, puisqu’il compte pas loin de six albums, pour pas moins du double d’EP. Parfait concert du natif de Vancouver.
Il fallait voir Teknomom, en première partie. Teknomom joue une musique plus ou moins lente, se hissant progressivement et durement vers d’inatteignables sommets : c’est assez plaisant d’entendre ces longues plages s’étirer et prendre leur temps. Disons que c’est assez solennel, que cela se présente de manière presque cérémoniale : les mélodies s’interprètent comme une personnalité voilée, parfois froide, souvent distante. Quelque chose de taiseux, assez sombre et discret, presque ample et majestueux dans son minimalisme. J’apprécie la façon dont cette musique se déploie de manière sobre et parcimonieuse, le détail lourd de conséquence et l’émotion camouflée par une sourde tension, une indicible volonté d’agir, certainement troublée par les méandres d’un esprit retors, prêt à accomplir le mal, prêt à semer les germes du vice sur le chemin tout tracé par sa destinée.
Disons que ces gars-là , c’est du sérieux. On a à faire, à travers cette musique, à quelqu’un qui ne se dévoile que peu, découvrant ses pensées à travers une paire d’idées murmurées, presque glissées comme on indiquerait par énigme la juste voie, le droit chemin, la véritable route vers l’infini. La musique de Teknomom se développe en effet comme un charme, très langoureusement, presque sensuellement, de manière autrement subtile, apparaissant à la fois vive et secrète comme un mystère. Le duo aura laissé s’exposer quatre mouvements d’une dizaine de minutes chacun avec, à chaque reprise, une ineffable propension à se diriger tel le fatal serpent vers les sombres et obscures cavernes de la menace. Fameux concert des deux parisiens, nous pouvons le dire.
01.Narrow Road, Too Deep
02.Along
03.New Life
04. Waves
05. It Start at the Water
06. Shine on You, Crazy White Cap
07. Another Night
08. Homesick
09. Carmel
10. Sunset Theme
11. Divided Loyalties
12. Célébrer
Écrit par: Sebastien Falafel
Mains d'Oeuvres Rouge Vinyle Teen Daze Teknomom
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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