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Oh! Tiger Mountain + The Rodeo, Café de la Danse, Paris, 30 mars 2010
Après avoir écrit deux chroniques énamourées ici et là – on est groupie ou on ne l’est pas -, j’attendais depuis plusieurs mois avec une impatience sereine le concert de The Rodeo au Café de la Danse. Sereine, parce que je n’ai pas imaginé un instant que la performance de Dorothée Hannequin pourrait me décevoir. J’aurais pu tomber de haut, certes, mais je dois dire que cette fois-ci, mon intuition féminine a parfaitement fonctionné.
Avant le terminus tant attendu sur les terres du sud des Etats-Unis que The Rodeo sait si bien évoquer, le Café de la Danse déjà bien rempli a le droit à une escale à Marseille, ville dont est originaire Mathieu alias Oh! Tiger Moutain. Je dois avouer que je ne savais rien de cet étrange énergumène avant son entrée sur scène, mis à part le fait que son nom avait déjà été évoqué à plusieurs reprises quelque part sur la plaine dévastée de l’Internet. Je ne m’y étais pas attardée, et j’ai eu tort. Ma première impression, si elle n’est pas musicale, joue néanmoins un rôle important dans l’image que j’ai désormais de cet artiste : le tigre a un humour charmant. Après son premier morceau, il nous explique de sa voix pincée que ses chansons parlent « de l’amour réciproque et des ordinateurs », et n’arrêtera pas par la suite d’évoquer le célèbre « plus petit sandwich du monde ». Musicalement, son folk est aussi épuré que ses interventions sont fantasques. Il rappelle souvent Tom Waits et Nick Drake, mais prend aussi parfois un accent bluesy plus digne des rives du Mississippi que des plages méditerranéennes. Vérification faite, c’est pourtant davantage dans la vieille Albion que l’animal, spécialiste de la poésie anglo-saxonne, a fait ses armes. Groarrr.
Plus les minutes passent, plus la salle se remplit. Assis, debout, par terre, il y a du monde dans tous les coins. Soudain, la lumière s’éteint et les premières notes d’On The Radio résonnent, transformant instantanément les fans bavards en auditeurs attentifs. Parfaite dans sa robe à franges de cow-girl parisienne, Dorothée, entourée de Jean à la batterie et de François au violon et au clavier, réchauffe en un tour de main l’assemblée de cette voix ronde que l’on a déjà louée. Difficile d’ailleurs d’en dire plus que dans mes précédentes chroniques : j’ai déjà usé de beaucoup de superlatifs à l’égard de cette musique qui allie élégamment folk urbaine et américana poussiéreuse. Sur scène, le mélange – parfaitement interprété – fonctionne également : alternant morceaux enlevés (Little Soldier, Cha Cha Cha) et titres plus retenus (My Ode To You, I’m Gonna Leave You), Dorothée semble savourer l’ensemble de sa prestation avec le même plaisir non dissimulé. Le sourire aux lèvres, un regard attentionné pour chacun… elle n’oublie aucun des éléments qui composent une soirée parfaite. Rejointe le temps de quelques chansons par un guitariste et deux choristes vêtues de somptueuses combinaisons léopard, la belle continue de distiller son bonheur dans la salle – et bien au-delà . Vous pensez peut-être que j’exagère et que le tableau que je dépeins est un peu trop parfait. Croyez-moi, j’ai tenté pendant une bonne partie du concert de lui trouver un défaut, mais mon entreprise a été sans succès. Même quand elle se frotte à l’exercice périlleux de la reprise, The Rodeo fait carton plein : d’abord avec le feutré If I Had A Hammer, qui confirme que Claude François est un gros beauf, puis avec Wade In The Water, un negro spiritual qui ne perd ici rien de son poids, et enfin avec la citation du Beautiful People de Marylin Manson à la fin de Cha Cha Cha. Décidément, Dorothée n’a peur de rien – et elle aurait tort de s’en priver. J’avais pourtant déjà pris soin de m’arrêter sur son bon goût en matière de reprises, et je ne pensais pas pouvoir trouver d’autres mots pour le répéter encore. Mais quand, quelques jours après le concert, je lis que s’il y a bien un artiste avec lequel elle aimerait faire un duo, c’est Jack White – mon héros -, je dois bien me résoudre à en parler. Mais à part la demander en mariage, là , je ne vois plus.
A la fin de son set, acclamée par le public, elle revient pour un joyeux Love Is Not On The Corner à l’issue duquel un Café de la Danse aux anges lui souhaite d’une seule voix un joyeux anniversaire. Car en plus d’être parfaite, Dorothée fête ses trente ans le jour de l’unique date parisienne de sa tournée. Appelez ça le destin, le karma ou rien du tout, ce n’est plus mon problème. Car ce soir, c’était un peu aussi mon anniversaire, et je suis restée un peu ivre du cadeau de The Rodeo.
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1. On The Radio
2. People Know
3. Your Love Is Huge
4. I’ll Catch The Following Train
5. If I Had A Hammer
6. Modern Life
7. Little Soldier
8. Wade In The Water
9. HRW
10. My Ode To You
11. Uncle Sam
12. I’m Gonna Leave You
13. Hand Shadows
14. Cha Cha Cha
15. Love Is Not On The Corner
Écrit par: Emeline Ancel-Pirouelle
2010 café de la danse FOLK Oh! Tiger Mountain The Rodeo
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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