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À ma droite, Os Drongos, groupe de Chambéry dont la particularité est d’avoir cadenassé l’ensemble de sa discographie sur Bleeding Gold, label basé à San Diego et fleurant bon la pop solaire, y compris le récent LP Out of the Box à paraître le 9 octobre et dont l’extrait True Love Surrender est à découvrir ci-après. À ma gauche Oh well, goodbye, formation instiguée par le Liverpoolien Philip Rourke, claquant aussi facilement ses cordes vocales sur un You’ll Never Walk Alone des familles qu’estropiant ses ballades à coup d’évidences mélodiques tel que le premier maxi du groupe ne le laisse présager (lire). En plus d’être sur le même label, Os Drongos et Oh well, goodbye vont bientôt partager l’affiche et les joies de la route pour une tournée commune débutant mi-octobre. À l’heure où Brendan Rodgers n’est désormais plus sur le banc des Reds, le précité Phil et Buddy, guitariste et chanteur d’Os Drongos, ont décidé de prendre la température et de s’interviewer mutuellement. Quoi de mieux pour un journaliste que de se retrouver au chômage technique à l’heure de l’apéro ? Rien, surtout en si distrayante compagnie.
Phil : La musique française est un peu un mystère au Royaume-Uni. Peux-tu me parler de la scène française indé ?
Buddy : Je vais évidemment parler de mon point de vue somme toute limité et omettre un grand nombre de groupes et je m’en excuse. En ce qui concerne le rock garage psyché, je ne sais pas si quelqu’un a déjà fait le compte de tous ceux qui cohabitent sur cette planète mais je pense que la France mérite sa place sur le podium. J’écris lorsque j’ai un peu de temps pour un webzine qui est aussi un label, Casbah Records, et j’ai la chance d’écouter de nombreuses pépites plus ou moins confidentielles provenant des quatre coins de la France et surtout de Bretagne en général, de Lyon, Chambéry et très peu de Paris qui contre tout attente semble ne pas trop aimer la musique. Étant donné que j’éprouve un certain trop plein de cette scène garage psyché je citerai juste quelques groupes qui n’hésitent pas à agrémenter leur musique d’un psychédélisme subtil extirpant leur identité de la refonte de plusieurs époques. J’ai récemment fait l’expérience très réjouissante de Regal, Sapin, Baston, Skeptics avec leur mélange de post-punk, surf’n roll, shoegaze, et grunge de la première heure jouant à la fois avec allégeance à la tradition mais aussi avec inventivité sans se réduire à un style. Nous avons pas mal de groupes pop psyché sur Lyon comme Satellite Jockey, Collection, Sierra Manhattan, Réveille et un collectif nommé Folkwelt féru de musique traditionnelle réarrangé à la sauce disco prog psyché comme avec par exemple Mazalda, Direction Survet, Kumbaya, Guess What et le label Catapult Records… Je pourrais parler pendant un DJ set d’au moins une année de tous ces groupes aussi excitants les uns que les autres et de tous ces labels qui se démènent pour faire les choses d’une manière authentique avec passion et intelligence. La scène indé française est définitivement florissante.
Phil : Mais pour l’amour du ciel, c’est quoi un « Os Drongo » ?
Buddy : Quelques chose prêt à se perdre lui-même pour trouver son propre os, enfoui partout où l’on voudra bien le chercher. C’est l’utilisation de la sainte folie afin d’explorer les si nombreuses possibilités de l’être.
Phil : L’artwork de votre nouvel album est assez incroyable. Parlez-moi de l’artiste qui en est à l’origine et de l’inspiration derrière tout ça ? Y a-t-il une connexion avec la musique du disque ?
Buddy : Depuis notre troisième EP Greetings from cuckoo bay, nos pochettes sont réalisées par KrisPy, une peintre touche-à -tout cévenole qui est également ma mère. Nous élaborons le concept avec les Drongos et lui donnons la direction. Mais avec Out of the Box nous avons un peu pataugé. La première idée était de faire nos portraits dans des médaillons accrochés sur la tapisserie psychédélique d’un saloon, l’image globale éclaboussée en multicolore à la manière de Ralph Steadman, l’illustrateur d’Hunter S. Thompson. De nombreuses discussions plus tard, nous avons finalement décidé de seulement garder les éclaboussures de couleurs pour le back cover et Krispy a capturé nos têtes à l’aide d’un procédé photographique primitif, le sténopé, lesquelles furent incrustées dans les astres de la pochette finale. Cette technique est une des nombreuses références à l’époque du Far West et à tout l’imaginaire qu’il véhicule dont l’exploration d’un nouveau monde, d’un au-delà où les fantômes sont les seules choses qui nous restent. Chef, notre batteur qui est aussi cuisinier et dessinateur de notre bande-dessinée Drongos à sortir bientôt, commença à travailler sur quelque chose et une semaine avant que le disque soit envoyé au pressage nous ramena cette belle fresque de western cosmique influencé par notre ami dessinateur mexicain Tony Sandoval. L’on peut citer aussi Van Gogh, Munch, Chirico, un mélange entre Expressionnisme et Surréalisme. Chaque Drongo a vécu le processus de l’album comme un petit achèvement de ce que nous essayions de construire depuis le début de notre association il y a trois ans. Il y a une homogénéité, une réelle complémentarité entre la musique, la pochette et les personnes responsables de l’ensemble, chaque chose agissant comme le miroir de l’autre. Nous quittons le vaisseau mère, la boîte, affrontant l’angoisse des grands espaces avec plus de sérénité.
Phil : Si Roger de Bleeding Gold Records se montrait à l’un des concerts que nous allons faire ensemble, quelle chanson lui joueriez-vous ?
Buddy : Pour sûr nous lui improviserions une chanson spéciale pour un type spécial qui le mérite.
Phil : Qu’est-ce qui vous attend dans le futur ?
Buddy : Après la tournée nous allons sortir le tome 1 de notre bande-dessinée Os Drongos Stories qui décrit la naissance et les aventures des personnages qu’ils nous arrivent de porter sur scène. Nous tournerons également des documentaires fictionnels sur leur mode vie. En janvier un concert est prévu sur Genève pour un festival hautement psychédélique avec convulsion quadri-dimensionnelle et Caremess party.
Phil : Dernière question mais non des moindres. Nous jouons dans des lieux bien chouettes, connaîtriez-vous une bonne pizzeria parmi les villes françaises dans lesquelles nous allons passer ? Vous savez il y a ce bar à pizza à Liverpool où vous allez jouer qui n’est plutôt pas mauvais…
Buddy : A Chambéry, ville où nous répétons, il y a cette pizzeria Da Anna Maria qui va vous mettre à genou à coup sûr avec la pâte de ce gars qui est parti un an à Naples apprendre avec l’un des meilleurs pizzaïolos les techniques traditionnelles les plus rigoureuses. Tout simplement incroyable.
Buddy : Et à propos de la scène anglaise, quel est le nouveau contexte ? Connais-tu Temples ? Cela a été un gros succès indé. As-tu un autre groupe à l’heure actuelle dont tu puisses prédire la même exposition ? Est-ce que la musique rock indé est minoritaire dans le paysage anglais actuel ?
Phil : La musique à guitare est pas mal populaire auprès du grand public. La BBC et d’autres radios diffusent un bon mélange de pop, d’indé et de rock. Pour être franc, je ne suis pas vraiment l’actualité musicale de masse. Je ne dis pas cela pour être cool ou quoi que ce soit, je sais pas. Je n’aime pas vraiment non plus assister à des concerts. Je crois que je suis juste du genre à tomber sur des trucs nouveaux par hasard ou quelque chose comme ça. L’Angleterre est un très bon endroit pour les groupes indés qui tournent. Si tu réussis à être booké ce peut être super. Je n’ai pas entendu parler de Temples mais j’ai vu passer leur nom ci et là . La prochaine sensation ? Je sais pas. Je me soucie juste d’Iron Maiden.
Buddy : Je me trompe peut-être mais au regard du nom de vos groupes People/Talk, Oh well, goodbye, y a-t-il quelque chose dont tu voudrais parler à moins que tu me dises que tout est dans les paroles ? Je sens pas mal de mélancolie dans tout ça et à la fois tu donnes l’impression d’être détaché, te comportant avec pas mal d’humour. La vie est-elle tellement merdique ?
Phil : Eh bien je suis batteur dans People/Talk et je n’écris pas les paroles mais je pense qu’il y a des similarités à ce niveau entre les deux groupes. Oh well, goodbye c’est moi et oui l’EP qui vient de sortir est un peu morose j’imagine. Il y a certainement beaucoup de mélancolie et un désir nostalgique d’un moment de ma vie ou d’une personne qui me manque. C’est la merde classique je crois. Pourtant cet EP a été un bon exutoire de tous ces sentiments. Ce fut très cathartique et dans un sens chaque concert l’est aussi. Ceci dit, j’aime me marrer et boire un coup tout comme n’importe qui. On est tous triste à un moment ou à un autre.
Buddy : Pourrais-tu nous décrire la journée typique d’un héros de la classe ouvrière dans le Liverpool de 2015 ?
Phil : Oh mon Dieu ! Quelle question ! Je pense qu’à peu près tout le monde en fait partie ! J’en suis certainement un. J’ai un job alimentaire et je suis assez chanceux de l’apprécier. Je pense que les vrais working class heroes sont des gens qui luttent et qui sortent faire tous les boulots qu’ils peuvent pour subvenir aux besoins de leur famille. Des gens qui s’assurent que leurs enfants passent en premier. Les emmènent à l’école tous les jours, travaillent dur, mettent de quoi manger sur la table même si c’est vraiment difficile. C’est tellement facile pour certains de rester à la maison et de toucher les aides du gouvernement mais j’admire vraiment les femmes célibataires, les hommes et les familles qui vont chercher de quoi se nourrir et qui mettent un toit au-dessus de la tête de leurs enfants bien qu’ils aient un job pourri. Fuck John Lennon.
Buddy : Quand il n’y a rien à faire, une chose étrange et drôle que tu aimes faire ?
Phil : Si je suis seul à la maison et que je cuisine, je vais inventer des chansons de rap à propos de ce que je suis entrain de faire et je chante ça à mon chien. Par exemple, si je mets des haricots sur des toasts je vais balancer un rap sur le fait de mettre des haricots sur des toasts. Mes chiens adorent ça. Ils pensent tout simplement que je suis Dr. Dre. C’est aussi bien marrant de faire comme si vous présentiez une émission culinaire. Je vais cuisiner le plat merdique de base et commencer à le décrire comme tous les chefs le font à la télévision. Encore une fois mon audience est composée de mes deux chiens (Poppy et Chewbacca). Pour mes chiens, je suis un rappeur fantastique et un chef de haut de niveau.
Buddy : Oh well, goodbye est un nom de voyageur. Est-ce que c’est la première fois que vous venez en France, dans le reste de l’Europe ? Quelle image avez-vous des Français et du pays en général ?
Phil : J’ai tourné en France quelques fois avec mes anciens groupes et aussi comme tour manager. J’y ai passé de merveilleux moments. Tout spécialement à Bordeaux et St Etienne. J’adore ! J’ai aussi été chanceux de tourner dans d’autres parties de l’Europe avec des anciens groupes mais c’est la première fois que Oh well, goodbye va jouer hors du Royaume-uni. Je suis vraiment impatient à ce propos, n’étant jamais allé dans cette partie de la France où nous allons bientôt jouer. Mon batteur habitait à St Etienne et connait déjà quelques salles où nous allons passer. Il a fait sa lune de miel à Annecy également et il est comme un fou d’y retourner. Il parle bien le français. L’image que j’ai de la France ? D’une manière générale des routes et des supermarchés. Les tournées sont souvent un moment difficile parce que je suis végétarien et que j’ai une vilaine allergie aux noisettes. Alors je fais d’énormes efforts en général pour ne pas mourir. Mais la France pour moi c’est les charmantes bières locales, le pain, le fromage et les gueules de bois… et aussi la recherche de pizzas.
Buddy : Ta blague du mois ?
Philip : Why was the penguin popular? » « Cos he was an ice guy… » More of those to come France! Come to a show to experience more quality jokes!
Oh Well, Goodbye – BG092 (Bleeding Gold Records, 04 août 2015)
01. Hey Alright
02. So I Say
03. August Eyes
04. You There?
05. The Reason
Os Drongos – Out The Box (Bleeding Gold Records, 9 octobre 2015)
01. To The Wide
02. Os Instructions
03. True Love Surrender
04. Monkkids
05. Silent Fourth
06. Herewhile
07. Dark Commando
08. Sacred Shit
09. Shining Shake Hands
10. Lethi’s Laundry
11. Captcha
12. Twisted Fire
Écrit par: Thibault
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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