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Bienvenue dans le DisneylandTM du Rock, ou de ce qu’il en reste. Dans le rôle de Mickey ou autres Pluto, vous trouverez des gens peints en fluo, des mecs en costume de Tigrou et des filles tout droit sorties des pages revival 70s du dernier catalogue H&M. Votre patience sera mise à l’épreuve à chaque instant : pour commander une bière, pour faire pipi, pour commander une bière, pour faire pipi, pour commander…
Faire une critique constructive de ce que j’ai vu pendant ces trois jours sera compliqué, tous les groupes que j’ai entendus sauf un sonnant selon la formule suivante : SP = V + B2 + f(x)
où SP : son perçu ; V : voix ; B : batterie ;
f(x) : gloubibloulgadetouslesautresinstrumentsprésentssurscène
Jour 1
J’ai entendu le premier tiers du concert de Jacco Gardner en attendant que le photographe devant moi dans la file pour récupérer les pass finisse de réciter l’intégralité de sa généalogie Linkedin et se décide si oui ou non, ou enfin peut-être, mais finalement je ne sais pas, il souhaitait prendre des photos de The Offspring. J’ai utilisé toute la panoplie de soupirs et d’expressions faciales traduisant l’exaspération de mon répertoire, et croyez-moi, je suis plutôt douée en la matière, mais rien n’y a fait. Enfin arrivée devant la scène je dois avouer que la musique de Jacco Gardner a quelque peu souffert de la formule énoncée plus haut. Ses mélodies survivent à ce traitement mais y perdent tout de même en finesse. Ce qui est un peu embêtant quand on joue dans le registre de l’orfèvrerie pop.
Franz Ferdinand & Sparks. Voir ce groupe m’a fait l’effet de regarder des gamins piaillant complètement surexcités à la vue d’une balançoire ou un truc quelconquement chiant dans un parc. Une sensation de vide intérieur face à une exaltation primitive et sincère. Le sentiment de mourir un petit peu plus chaque jour. En d’autres termes, l’intérêt que je porte à ce groupe est inversement proportionnel à ma stupéfaction face à l’emballement du public. Je me suis sentie vieille et décrépite alors que je regardais un groupe vieux et décrépit mais plein d’entrain.
Venons-en à la galéjade de cette édition. The Offspring, c’est le groupe crétin par excellence. Aucune subtilité, aucun talent, un chanteur dont l’apparence et la voix rendraient épileptique n’importe qui, et pourtant, ça marche. Ça marche suffisamment pour avoir vendu un peu plus de 30 millions d’albums au cours de leur (trop) longue carrière. Alors oui, le nombre de ventes est loin d’être un gage de qualité mais disons pour être plus précis qu’ils sont arrivés à vendre leurs disques à des gens qui se targuent aussi d’écouter Arvo Pärt tout en lisant Eschyle dans le texte (je le sais de source sûre). Donc certes, derrière un certain dédain affiché, impossible de refréner complètement un sentiment de jubilation dès la détection des premières notes de Come Out And Play. Après, je ne sais pas, une interview programmée m’a empêchée de me trahir en tant que fan refoulée d’un groupe certes catastrophique, mais capable de transporter un être humain vingt ans en arrière avec trois accords de guitare.
Retour d’interview et début du concert de Kasabian. On sent tout de suite les groupes qui ont l’habitude de jouer devant des publics de stade et encore plus ceux qui aiment ça. De mémoire (Benicassim 2005), je ne me souvenais pas que Serge Pizzorno aimait à ce point se tortiller sur scène en costume moulant, par contre Tom Meighan a toujours été un showman. Dans un sens, c’est le groupe parfait pour ce genre de manifestation, les morceaux sont efficaces et dans leur genre, ils assurent. D’un autre côté, il n’y a pas de surprises… mais c’est pas tellement ça qu’on attendait.
Jour 2
Sans jouer au chauvinisme de bas étage (c’est pas mon genre) c’est vrai qu’Etienne Daho c’était bien. Surtout la reprise de Gainsbourg…
Interpol, contrairement à Kasabian, n’est pas fait pour jouer dans ces conditions. Excepté le guitariste, le groupe ne fait pas trop d’efforts pour dissimuler son manque d’enthousiasme. Disons-le sans ambages, le son est massacré. Ce n’est pas tant lié au groupe qu’à une incompatibilité avec le lieu. C’est vraiment dommage.
Je n’ai jamais trop compris l’engouement pour The Libertines. Les chansons sont correctes mais le groupe ne m’a jamais bouleversée pas par son inventivité. Chacun de leurs morceaux serait comme un film où on sait à l’avance ce qui va se passer dans la scène suivante. Confortable mais ennuyeux, un genre de Law & Order musical. Par contre, Carl Barat et Pete Doherty ont un message à faire passer : ils s’aiment. Oui… bon… ok… ces deux là ont joué le drame du couple qui s’aime, se déchire, se rabiboche, divorce avant de se marier, etc teeellement de fois (selon mon estimation) que ça fait bien longtemps que ça n’intéresse plus personne.
Jour 3
Dernier jour et on était tous un peu foufous à la perspective de voir Tame Impala qui a été propulsé comme chacun sait de groupe rock puis pop psyché plus que sympathique qui remplit sobrement un Olympia à un mega monstre qui se paie un Zénith en janvier prochain. Comprendre que maintenant Kevin Parker dit des trucs comme « Paris! Put your hands in the air! » sur scène et que tout le monde a l’air de trouver ça normal. Ne me demandez pas pourquoi, mon cerveau n’a toujours pas réussi à analyser ce phénomène mais leur dernier album Currents me fait irrémédiablement penser au dernier album de Katerine Magnum. Ce n’est pas forcément un problème mais c’est tout de même assez invraisemblable. En attendant, je fais mes adieux au Tame Impala de 2010 et son incroyable concert à la Maroquinerie. L’impression globale que m’a laissée leur performance à Rock en Seine est celle d’un groupe qui ne s’est pas encore totalement familiarisé avec ce nouveau statut. Il y a une sorte de maladresse touchante à voir Kevin Parker encore un peu gêné dans sa façon de s’adresser à ce public nouvellement acquis.
On s’en doutait un peu mais les Chemical Brothers sont ceux qui s’en sortent le mieux en termes de rendu sonore. Le show est surpuissant. Pourtant pendant un moment, je me suis dis qu’ils étaient finalement restés assez sobres dans la mise en scène (sobres à l’échelle de Jean-Michel Jarre entendons nous bien) mais ça c’était avant de voir débarquer sur scène deux putains de robots géants animés avec des yeux jetant des lasers. J’ai pris ça comme une touchante attention personnelle. Je préfère donc être honnête, mon avis est complètement biaisé. Ce concert était génial.
Écrit par: Marie-Eva
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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