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On l’a déjà écrit plus d’une fois, mais ce constat est toujours d’actualité, et selon le point de vue que l’on adopte, au choix, déprimant ou réjouissant : dans le flot d’albums que la rédaction de notre webzine reçoit quotidiennement, il y a parfois, cachées dans la masse de productions vaines ou indigentes, de sacrées bonnes surprises. Et pour le coup, ce premier LP de Primary Structures, combo san franciscain jusque là inconnu au bataillon, en est belle et bien une. Fraîchement signé sur Gold Robot Records, le quatuor nous offre en effet, en cette période de Noël, un joli cadeau pour notre platine.
Née des cendres des précédents Volunteer Pioneer puis Lady Genius, la formation, sous cette nouvelle appellation, a visiblement décidé d’aller – de revenir ? - à l’essentiel, et de miser avec bonheur sur une formule qui a prouvé son efficacité plus d’une fois : des titres bien écrits, et des instrumentations simples – une batterie martiale, un couple guitare-basse qu’on aurait pu entendre, de manière récente, dans les meilleurs travaux d’Interpol ou du côté d’Editors, quelques touches de claviers, et puis, bien sûr, une voix. Celle de Kyle Williams, elle, est définitivement importante dans les chansons de Primary Structures. Un chant omniprésent, qui retient forcément l’attention de l’auditeur d’une part par son timbre singulier, mais aussi et surtout par cette façon d’égrainer les mots comme le bien aimé Morrissey peut le faire, c’est-à -dire avec un lyrisme, une grandiloquence, qui pourraient vite énerver mais qui, par le truchement d’une formule magique inconnue, emportent finalement l’adhésion. Peut-être justement parce qu’ici, pas de trace d’une quelconque morgue horripilante qu’on peut trouver si facilement chez d’autres. Il y a ici toujours, couplée à l’ambition d’écrire de bonnes chansons, une humilité bienvenue.
Alors certes, à l’écoute de Primary Structures, des cohortes de références viennent à l’esprit, le groupe ayant visiblement absorbé et digéré les Å“uvres de leurs glorieux aînés post-punk. Mais on évitera de se lancer dans un name-dropping indigeste, le groupe nous proposant un album qui, s’il n’est pas foncièrement novateur, se révèle réellement personnel et sincère. Et qui est, en tous les cas, un album qu’on imagine plus tout droit sortir d’une cave anglaise ou new-yorkaise que de la baie de San Francisco… Qui sait, on se demande même bien si ce ne serait pas justement cette confrontation entre leur environnement direct et une culture musicale semblant être éminemment européenne qui nous donne ce LP singulier.
C’est en tous les cas une sensation de cohérence qui transpire de ce LP, le choix des instrumentations y étant sans doute pour quelque chose. On le redit encore, une chanson bien écrite n’a pas besoin d’être couverte de multiples couches d’oripeaux pour se révéler flamboyante. Et Primary Structures le prouve ici en construisant les siennes autour d’une instrumentation rock basique – pour ne pas dire « traditionnelle » – qui suffit amplement à magnifier les structures de ses chansons qui, vous vous en doutez, ne sont pas si élémentaires que le groupe voudrait le faire croire à travers son nom… Taillées au plus près de l’os, peut-être, mais ne manquant pas de saveur. A l’heure où tant de groupes souhaitent vainement marcher sur les traces d’Arcade Fire en habillant – étouffant ? – leurs chansons d’un maximum d’instruments, ce minimalisme rock au service de titres convaincants est plutôt le bienvenu.
Ainsi, Jetset, titre introductif, lance les hostilités de belle manière en nous propulsant avec emphase dans une cavalcade échevelée, tandis qu’à travers The Farm ou Flora and Fauna – authentique tube potentiel -, le groupe montre son talent pour mettre au point des chansons et des riffs d’une efficacité redoutable, tant pour la tête que pour les jambes. Primary Structures propose même parfois un versant plus pop, mais jamais racoleur, avec, par exemple, un titre comme Cannibals, dont les guitares pourraient tout droit sortir du récent Angles des Strokes. Il est ceci dit bien difficile d’isoler certains titres, tant règne ici, tout au long du disque, une homogénéité qui ne devient cependant jamais asphyxiante.
Vous l’aurez donc compris, le premier LP de Primary Structures enthousiasme sur bien des points. S’il n’est en aucun cas révolutionnaire, l’humilité ambiante, alliée à la qualité des compositions, avec cette rencontre étrange entre post-punk et lyrisme pop – dont la voix du chanteur est le principal vecteur – suffisent  à récolter notre adhésion, et faire de ce premier album un nouveau compagnon de jeu pour quelques temps.
Primary Structures – Primary Structures (Gold Robots Record, 2011)
1. Jetset
2. The Farm
3. Balsa Tree
4. Cannibals
5. Land of Terror
6. Flora and Fauna
7. Bad Kreuznacht.
8. Green Islands
Écrit par: S.L.H.
2011 Gold Robots Record Primary Structures
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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