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Détail qui n’a plus la même importance qu’alors – ce temps où l’on se permettait d’acheter un disque rien que pour son aguicheuse pochette -, mais autant la superposition d’images figurant sur Hazed Dreams (Sacred Bones, 2011) avait un sens, eut égard au psychédélisme proféré par les guitares dilettantes de Tres Warren et Elizabeth Hart, autant la collection de têtes de morts ornant l’ultime One Track Mind des new-yorkais de Psychic Ills ne traduit a priori en rien l’atmosphère du disque – toujours aussi moite et nonchalante, où le flegme s’érige en matrice de l’inspiration -, sinon la part congrue laissée à une section rythmique squelettique, tapis dans l’ombre d’un nébuleux brouillard de guitares. Salutairement dépressif, ce nouvel album paru le 19 février dernier sur Sacred Bones l’est d’ailleurs tout autant que le précédent (lire), évoquant d’un même prisme kaléidoscopique l’Amérique des grands espaces comme refuge à un imaginaire perclus de béton : pas une once de Big Apple, de sa sophistication et de sa verticalité, ne transpire des cordes poussiéreuses du quatuor versant plus dans la transcription auditive d’un road trip panoramique et camé sous le soleil plombant du grand Ouest. Les yeux mi-clos, dès l’entame de One Track Mind, on s’imagine sans peine le cul vissé sur le siège d’une Mustang brinquebalante, sillonnant solitairement des routes au tracé rectiligne, s’effilochant à l’horizon d’un immaculé dôme céruléen. Le temps se dilate, les pupilles aussi, à mesure que l’on s’empare de cette psychédélique ode à la lenteur, à la langueur, cet infernal désespoir né de la conviction que toute chose est courue d’avance. Si l’urbanité semble ici un conte oublié, lointain souvenir de junkie, la nature sauvage et désertique qu’elle met en scène ne se révèle guère plus accueillante, cramant de son intangible souffle chaud toute tentative d’évasion. Les crânes barrant la couverture de One Track Mind se font de suite moins fortuits. Si One More Time dissimule un certain enjouement à remettre le couvert, See You There et sa guitare cisaillant l’atmosphère telle une épée de Damoclès indique le chemin le plus court vers l’impasse nauséeuse. Flamboyant dans l’attentisme, Might Take A While, introduit lascivement la luminescente mélopée Depot, où la guitare lead de Tres s’émancipe gracieusement d’une épaisse brume de saturations. Même chose pour la ronronnante Tried To Find It, induisant les milles gyrophares scintillant de FBI, fascinante balade immobile, ainsi que les fastes mélodiques de I Get By. L’harmonica de City Sun plante le décors de U-Turn, cette foutue ville filmée par Oliver Stone et dont Sean Penn ne s’extirpera jamais quand l’instrumentale Western Metaphor, doublée de l’indolente Drop Out, illustrent d’une même tonalité mélancolique l’indicible nuit californienne à laquelle Violent Horizon donne sa coloration. Un happy end presque euphorisant.
Psychic Ills – One Track Mind (Sacred Bones, février 2013)
01. One More Time
02. See You There
03. Might Take A While
04. Depot
05. Tried To Find It
06. FBI
07. I Get By
08. City Sun
09. Western Metaphor
10. Drop Out
11. Violent Horizon
Écrit par: Thibault
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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