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Comme quoi, il ne faut jamais aller trop vite en besogne. Parfois le coup de cÅ“ur, parfois le coup de pompe. Et l’écriture, essentiellement irrévérencieuse sous l’emprise de l’émotion, se trouve être l’écrin de velours dans lequel manigance l’acier des convictions. Il s’en faut donc de peu que Church With No Magic, des trois PVT, soit rabroué par mes soins tel l’indigne successeur d’O Soundtrack My Heart (Warp, 2008), jadis considéré comme l’une des plus audacieuses perspectives du label de Sheffield. Une première écoute effarée, gorgée d’angoisse acrimonieuse : ai-je remué ciel et terre pour avoir la primeur de chroniquer cette galéjade, dénaturant par d’inexpugnables sur-ajouts de voix et de synthés, l’équilibre hautement efficace des morceaux d’alors ? La motivation fait défaut mais une telle évolution sonore titille la curiosité : je reprends l’album aléatoirement, dépiautant ça et là les structures alambiquées, les mécanismes rythmiques à la précision métronomique. Peu à peu, la lumière se fait et si mutations il y a, celles-ci demeurent finalement assez anodines par rapport à la permanence d’un son estampillé Pivot / PVT. Bien plus qu’avec le changement de patronyme, perdant ses voyelles suite à un risque de bataille juridique avec un groupe américain du même nom, la mue de PVT s’opère tant par le chant de Richard Pike que par cette nouvelle promiscuité permettant au trio de fonctionner en véritable groupe : car si l’Anglais Dave Miller est présent depuis 2005 aux cotés des Australiens Richard et Laurence Pike, lui qui instigua ce substrat d’électronique, devenu marque de fabrique, et qui fut à la base du rapprochement avec l’écurie Warp, jamais ces trois-là ne composèrent, ni n’enregistrèrent, dans le même studio. L’épaississement de leurs volutes sonores, comme l’échafaudage de leurs prétentions mélodiques, n’en sont donc que plus aboutis. Produit, comme son prédécesseur, par le touche-à -tout Richard Pike, Church With No Magic distille d’ailleurs un venin autrement plus lent mais délectable à ingérer : l’aréopage PVT emprunte des chemins de traverses, s’entichant aussi bien de procédés chers à Animal Collective, s’agissant notamment du traitement des voix, qui par moment se superposent en cascade, que des lubies atmosphériques et contemplatives propres à . Point de hasard donc à ce que celui-ci ait participé à l’enregistrement de l’album lors d’un court séjour à Sydney. La progression cadencée – et l’étiquette math-rock qui va trop facilement avec – s’estompe et fait ainsi place aux vertus de l’apesanteur, révélant, dans un fourbi de claviers analogiques, la profondeur d’écriture du combo : investissant le terrain d’une pop sombre et tourmentée, PVT essaime ses expérimentations vers des contrées que Battles, son faux frère de label, ne daigne pas encore sonder, mettant en abîme son carénage rythmique – pourtant consistant – au profit de vocalises désormais omniscientes. Window, single entêtant au vidéo-clip des plus novateurs – le trio tentant de retranscrire un show live vécu de leur point de vue – en est la parfaite expression. Si le pont entre O Soundtrack My Heart et Church With No Magic ne se distingue qu’en filigrane, les instrumentaux Community et Waves & Radiation, dans leur brume synthétisée, ne portant pas même les stigmates de la fièvre électrique d’alors, Light Up Bright Fires comme Timeless n’en prennent pas moins à la gorge, cravatant d’entrée de leur densité physique. Des rivages incertains et méandreux de Crimson Swan, Circle Of Friends ou du conclusif Only The Wind Can Hear You, à l’aquatique morceau-titre Church With No Magic, où la voix de Richard Pike se pare d’intonations qu’Alan Vega ne renierai pas, s’opère cette conversion du fond et de la forme intronisant PVT parmi les dignitaires des hautes stratosphères de l’ombre. Susurrant de tels cantiques, on ose à peine subodorer la suite.
Lire notre dossier Warp : vingt ans d’histoire, deux mixes
PVT – Church With No Magic (Warp, 23 août 2010)
1. Community
2. Light Up Bright Fires
3. Church With No Magic
4. Crimson Swan
5. Window
6. The Quick Mile
7. Waves & Radiation
8. Circle Of Friends
9. Timeless
10. Only The Wind Can Hear You
Écrit par: Thibault
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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