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Rencontre avec Twin Daisies Records

today24/07/2010 120

Arrière-plan
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l_562ac0612cbd46f288f5416566e0141cLe monde de la musique est rempli d’esthètes du quotidien aux convictions bien trempées. Le genre d’individus débordant d’enthousiasme et dont la capacité à transformer le réel  pourrait faire peur au plus forcené des syndicalistes.  Nous avons rencontré l’un deux, du côté de Nantes, là où justement la musique souterraine française est souvent parvenue à bousculer les partis-pris des décideurs d’en-haut. L’artiste en question n’est autre que Smith Smith, membre du groupe Lokka, dont le premier album Gold & Wax (Joint Venture Records, 2010) produit par le trop méconnu Oldman nous avait enfin permis d’écouter un groupe autre que canadien capable de nous réjouir avec autant d’envolées post-rock et qui, en défricheur patenté vient tout juste,  avec Twin Daisies Records, de créer sa petite entreprise de trésors cachés. Petit tour du propriétaire en une poignée de questions et surtout de réponses bien senties.

Que faisais-tu avant d’être patron de label ?

Je ne me considère pas vraiment comme patron de label mais je peux faire semblant ! Twin Daisies Records est encore jeune et pour le moment je me verrais plus comme quelqu’un qui tente de mettre des artistes en valeur avec peu de moyen… Sinon j’ai occupé mes dix dernières années à travailler en intérim avec quelques périodes de chômage.

D’où t’es venue cette idée un peu folle de créer, développer et gérer un label indépendant ?

Ça fait longtemps que l’idée à germé dans ma tête mais je ne me sentais pas la maturité de mener un tel projet… Et puis, au bout d’une petite dizaine d’années passées à autoproduire les albums de notre groupe Lokka et les compilations Molecules 5 j’ai eu le sentiment que c’était possible ! L’envie était au rendez-vous, j’avais tout le matériel à disposition et la foi alors je me suis lancé.

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Quels sont d’ailleurs les labels étrangers qui t’ont le plus influencé dans ton projet ? Autrement dit as-tu des modèles dans le domaine ?

Non je n’ai pas forcément de modèle type.  J’aime beaucoup les productions du label Constellation et j’apprécie les valeurs de Ruralfaune. A côté de cela il y a une multitude de micro-labels américains qui m’ont influencé par leur côté DIY…

Pourquoi d’ailleurs l’avoir décliné en sous-entités et quelles sont les particularités de chacune d’elles ?

Effectivement Twin Daisies Records est une sous-division de Joint Venture Records dont je suis aussi membre. Nous avons souhaité que nos projets communs ou personnels continuent d’être liés, cela devrait offrir d’ici peu une belle diversité musicale. Nous sommes trois à mener Joint Venture Records qui est en quelque sorte la maison mère qui produit les albums de Lokka, Fissa Fissa et bientôt Charles-Eric Charrier. (Oldman, ndlr) De mon côté j’ai lancé Twin Daisies Records en début d’année 2010 et Nico (un des membre de JVR) s’apprête à lancer Upupa Epops Records qui sera une nouvelle sous-division ! Nos labels personnels nous permettent d’exprimer d’autres visions avec une grande liberté tout en gardant le soutien et l’appui de Joint Venture Records.

Ton projet est marqué d’une identité et de valeurs fortes que tu défends, peux tu nous expliquer ce parti-pris ?

Il y a une telle ouverture sur la culture aujourd’hui via le net qu’il est un peu difficile de s’y retrouver parfois ! Tout me semble démesuré et flou, dématérialisé. J’ai tendance à me perdre… J’essaie juste de ramener cet ensemble vers une forme de simplicité en produisant de petites éditions limitées. Je souhaite que cela serve les personnes avec qui et pour qui je fais ça… Leur donner l’envie de perdurer et de mettre en avant leur travail. C’est cool d’avoir quelqu’un qui vous tend la main de temps en temps !

Est-ce plus facile à Nantes, ville où, à l’instar de Bordeaux ou Angers, l’excellence musicale n’est plus à démontrer ?

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C’est vrai qu’il y a énormément de groupes intéressants à Nantes et que ça bouillonne ! Je viens d’ailleurs de produire 100 exemplaires de Pillow Pilots (Jf de Margo & Jc de Gong Gong).  Malgré tout, vis-à-vis de mon travail manuel de fabrication qui fait de moi un ascète je ne profite pas particulièrement du mouvement nantais. Et puis je ne cherche pas à devenir un label qui sortirait uniquement des groupes locaux, je préfèrerais trouver un équilibre entre le local et l’international.

Tu sors notamment tes albums sur format K7 ; est-ce que ça a encore un sens à l’ère du tout numérique ? L’objet musical n’a t il de valeur que sous un aspect physique et matériel ?

Je ne me pose pas la question de cette manière, ça m’aide à y répondre autrement. J’ai grandi avec les K7, j’ai aimé les K7 et j’aimerais produire des artistes sur K7.  Ca sonne un peu Francis Cabrel quand c’est dit de cette manière mais c’est aussi simple que ça. Et puis il y a des artistes qui désirent être produit sur ce format, ça revient beaucoup aux Etats-Unis tout comme le vinyle… Il me semble que les ventes de vinyles augmentent chaque année pendant que celles du CD s’effondrent, c’est assez significatif ! Les gens ont tendance à retourner vers l’objet et les belles pochettes et/ou téléchargent. Donc oui l’aspect physique et matériel apportent tout de même « une valeur » à un album mais ce n’est qu’un aspect. Le plus important reste la musique constituant cet album.

Comment imagines-tu l’industrie musicale dans dix ans ?

Sincèrement je n’en sais rien ! Peut-être comme un champ de bataille genre Verdun ! En tout cas il y aura encore des vinyles, c’est le seul truc dont je suis sûr !

Quels sont tes rapports avec les artistes que tu signes ? Comment les choisis-tu ?

Il y a deux choses qui comptent à mes yeux. Premièrement, il faut que le projet musical me touche sincèrement. Deuxièmement, il faut que je me sente en adéquation avec l’artiste et son projet. Quand ces deux conditions sont aux rendez-vous il n’y a plus de barrières et le reste se fait naturellement en général.

Peux-tu nous présenter tes prochaines sorties ?

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Hé bien il y a un album de Mike Bruno (USA) & un maxi de Pillow Pilots (France) qui viennent de sortir, pour parler un peu du présent. Sinon les prochaines sorties sont prévues pour la fin de l’année.
Il y aura un album de Berlikete (Italie) qui sortira sur CD-R. L’album est composé d’un seul morceau de 45 minutes qui ne cesse d’évoluer autour d’ambiances lourdes et hypnotiques… Une autre sortie suivra dans la foulée, ce sera D.En. Tout reste à définir, du coup je ne peux pas trop en parler ! Mais ce sera bien ! Dans les projets plus lointains, j’aimerais retravailler avec Mike Bruno.

Quels artistes rêverais-tu de signer ?

A Silver Mount Zion / Nisennenmondaï / Daniel Johnston.

As-tu des projets parallèles?

Oui quelques-uns. Je suis guitariste dans le groupe LOKKA, nous avons sorti notre premier album Gold & Wax en fin d’année dernière et nous travaillons en ce moment sur le prochain. Sinon je fais partie du collectif Molecules 5 et du label Joint Venture Records. Il m’arrive de sortir des albums en solo de temps en temps sous le nom de Smith Smith.

Pour finir, ta playlist idéale ?

01. A Silver Mount Zion – 1,000,000 Died To Make This Sound / 13 Blues For Thirteen Moons
02. Nirvana – Scentless Apprentice / With The Lights Out (disk 3)
03. The Velvet Underground – Heroin / The Velvet Underground And Nico
04. Daniel Johnston – Chord Organ Blues / Yip Jump Music
05. Oneida – Part 1 / Preteen Weaponry
06. Portishead – We Carry On / Third
07. Oldman – Ghosts / Two Head Bis Bis
08. Nisennenmondaï – Kyuukohan / Neji Tori
09. Mike Bruno – Halloween Moon / The Sad Sisters
10. P.i.l – Poptones / Metal Box
11. Sonic Youth – Stereo Sanctity / Sister
12. Angelo Badalamenti – The Pink Room / B.O. Twin Peaks (Fire Walk With Me)

Audio

Belikete -Berlikete

D.En -  Minutes

Écrit par: Benoit

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