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Par quelles aventureuses cogitations en arrive-t-on à donner au contenu d’un disque surnaturel le nom d’un des objets les plus populaires de la SF? Comme la cabine téléphonique spatio-temporelle de Doctor Who, le nouvel effort de Saroos déroule la trame du temps, le plie en un ruban mœbien à écouter sans fin, mais pas forcément dans l’ordre proposé par le trio allemand. Il n’y a aucun scénario perceptible dans cet album, aucune progression sémantique; la liberté y est absolue, presque sans repères et surtout sans paroles, délivrée de tout guide péremptoire, de tout rapport humanisant. On est déposé là , seul, insoumis par cette esthétique riche et souple raffinée par trois théoriciens de la matière musicale, réunis par leur approche expérimentale et leur faveurs pour les sons électroniques et la SF. Se glissant derrière les boucles intersidérales et les modulations cosmiques, Florian Zimmer (Iso68, Contriva), Christoph Brandner (Lali Puna, Console) et Max Punktezahl (The Notwist, Contriva) bousculent les quarks subatomiques pour organiser leur propre définition de l’univers, s’échappant des contraintes de la relativité pour balancer leurs tachyons instrumentés aux émissaires d’un futur imaginaire — ou d’un passé remédiable ?
L’influence de Zimmer et de son projet ambient drone Driftmachine résonne discrètement dans tout l’album, qui dévoile d’énigmatiques plages downtempo (Lanterns) appuyées par un post-rock chuchoté (Lucky Bag) ou sublimées par un space rock aux échos dub (Seance). Loin du patchwork d’un leftfield sauce 90’s, l’ambient post-rock façonnée par Saroos fusionne la matière même de ses influences, harmonise avec souplesse les origines diverses de ses séquences, instrumentations, échantillonnages… Au point qu’on finit par oublier de tendre l’oreille, de chercher la provenance de cette abstraction qu’on parvient, enfin, à isoler dans cet enchevêtrement expérimental où les éléments de composition concrète ne manquent pourtant pas. Si hésitation il y a eu au moment d’assembler un album aussi opulent que Tardis, elle ne se sent pas à l’écoute. Les strates organiques recouvrent de leur chair chaude et palpitante un squelette mélodique qui puise autant dans le kraut que dans le prog, déversant jusque dans le moindre interstice une fluidité cataleptique jamais asséchée avant la note finale. À titre d’exemple et en attendant la sortie de l’album le 12 février prochain, Weaver’s Cave, à écouter en avant-première ci-dessous, habille de l’écho de ses sons cristallins une rythmique jazz acoustique servant de mesure à des accords progressifs banjo/guitare rehaussés de cuivres. Volubile et planant, ce Tardis ouvre une parenthèse spatio-temporelle bienvenue à quiconque espère, le temps d’un morceau ou dix, s’extraire d’un contexte politique et idéologique qui n’a pas fini de peser.
Saroos sera le 13 avril prochain en concert au Badaboum avec Oiseaux Tempête (lire). On offre deux places. Pour tenter votre chance, rien de plus simple : envoyez vos nom, prénom et un mot d’amour à l’adresse hartzine.concours@gmail.com ou remplissez le formulaire ci-dessous. Les gagnants seront prévenus le jour même à midi. Sinon, les tickets sont à choper par là .
Saroos – Tardis (Alien Transistor, 12 février 2016)
01. Weaver’s Cave
02. Lanterns
03. La Déesse
04. Lucky Bag
05. Tardis
06. The Sandstone Readout
07. Orange Book
08. Clotho
09. Seance
10. Sleepy White
Écrit par: Ted Supercar
Alien Transistor Saroos Tardis
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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