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On ne rentre pas dans l’ondoyant édifice sonore des Parisiens de SayCet comme on peut le faire fortuitement dans un vulgaire moulin. Une lumière diaphane empreinte d’ombres fantasmatiques insinue certes l’invitation. Mais déchaussez-vous, prenez garde à vous mouvoir sur la pointe des pieds, ne laissez pas vos paroles dépasser la frontière ténue du chuchotement. Installez-vous confortablement dans l’un des canapés disposés à cet effet. Ne vous frottez pas les yeux, laissez les au contraire s’habituer à cette obscurité trouble, confondante, ordonnant aux formes leur effacement, aux visages leur anonymat. Cessez de vous préoccuper des autres, de ce qui vous entoure, de votre environnement. La porte céleste séparant l’âpreté du quotidien à l’onirisme serein est à portée de mains. Vous en effleurez la poignée du regard, la profondeur suggérée par son franchissement n’est en rien vertigineuse. Votre cÅ“ur bat lentement, la pulsation est profonde, intense. L’écho qui s’en dégage donne un rythme certain à la polyphonie organique qui tourbillonne en apesanteur. Des images en filigrane vous submergent, celles d’un passé désincarné, d’un futur inavouable. Vous papillonnez dans une mer d’insouciance, lové sur vous-même, la rétine irisée de pâles reflets d’innocence. Vos sens frémissent faiblement, votre peau tressaille inopinément, la plénitude renversante s’étiole alors progressivement. Puis brusquement tout s’arrête. Les douze morceaux que compte Through the Window, à paraître le 22 mars sur Electron’y’pop, s’estompent à vos oreilles de la même manière qu’ils s’y sont invités. D’une beauté chapardeuse, l’addiction est instantanée, vous regrettez de ne pas avoir mis votre hi-fi en mode replay. C’est un fait. Le trio est loin d’être le moins connu des dealers de rêves. Il y avait One Day At Home qui depuis 2006 guidait de ses comptines atmosphériques nos pas chancelant de noctambules avertis. Des climats électroniques dénués de chant mais moins délétères que ceux des Ecossais de Boards of Canada avec Music Has the Right to Children. Une mélancolie perlée de douceur se dégageait de l’étincelant Chromatic Birds comme du bien nommé Dream Factory. Une blinde plus tard, quatre ans, Pierre Lefeuvre à troqué son panda contre un groupe permettant à sa musique d’atteindre une profondeur sonore et visuelle sans pareille. Phoene Somsavath, de sa voix cristalline, inocule une intensité ascensionnelle d’autant plus prenante que Zita Cochet en retranscrit, par ses projections déclenchées en temps réel sur scène, l’épure cinématographique. Through the Window devient cet esquif trop personnel pour être partagé, sur lequel on scrute le monde s’en feindre de s’y mouiller. Si le morceau inaugural, 15, reprend peu ou prou le fil instrumental de One Day at Home, Easy puis Opal jettent pudiquement les bases de cette nouvelle dimension élégiaque. Le piano y prend une ampleur insoupçonnée, nimbée de cliquetis scintillants et de beats pénétrants. Bruyère comme We Walk Fast révèlent avec magnificence une fragilité de l’être à peine dévoilée, flirtant sans aigreur avec le vide, la solitude, quand Fire Flies émerge de son évanescente chrysalide par le truchement de motifs rythmiques alambiqués. De leurs instrumentations lunaires, Kien-Lang et A Night With The Trees clôturent alors Through the Window, disque intime et contemplatif, telle une lente expiration et un retour difficile à une réalité brute et sauvage : le vacarme de la vie dans sa plus simple expression.
Saycet est en concert le 23 mars au Café de la Danse.
SayCet – Through the Window (Electron’y’Pop, MVS / Anticraft, 2010)
01. 15
02. Easy
03. Opal
04. Bruyère
05. And Mama Said It’s Amazing
06. We Walk Fast
07. Her Movie
08. Sunday Morning
09. Daddy Walks Under The Snow
10. Fire Flies
11. Kien-Lang
12. A Night With The Trees
Écrit par: Thibault
2010 ELECTRO Electron’y'pop FR MVS sayCet Throught the Windw
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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