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Issu des Digable Planets, l’un des groupes les plus novateurs de l’âge d’ôr du hip-hop, l’artiste qui se cache derrière le nom de Shabazz Palaces s’offre ici une intrigante renaissance. On est vite frappé par la richesse formelle de certains morceaux : les constructions subtiles témoignent d’une incroyable explosion de créativité. Chaque titre est une plongée passionnante dans un univers parallèle en perpétuelle expansion. Guidé par d’étranges échos électroniques et trébuchant sur d’improbables empilements synthétiques, on découvre des rythmiques imprévisibles, un pouls extraterrestre qui cache à l’occasion des breaks en forme de failles spatiotemporelles. Les basses, profondes, laissent entrevoir en transparence et par éclair des éclats de jazz ou des racines de funk futuriste qu’on pourrait retrouver dans les cultures d’Antipop Consortium ou de Flying Lotus. Mais les trajectoires kaléïdoscopiques proposées par Shabazz Palaces pour exposer une dizaine de points de vue panoramiques sur sa lointaine galaxie restent fondamentalement uniques. Le rappeur devient navigateur cosmique, ses textes des récits de voyages dont il nous livre la primeur avec autant d’urgence que de spontanéité : « I won’t be there for a long time » lâche t-il sur Are you?..Can you?..Were you? (Felt). Le flow soutient une imagerie qui s’installe dans les sous-sols de l’esprit.
Aux questions qui fusent, Shabazz Palaces ne donne qu’une seule réponse, à tiroirs, nous laissant divaguer sur les reliefs accidentés d’interprétations infinies. C’est que Shabazz Palaces a des convictions et s’il sème de l’irréel, ce n’est pas pour provoquer une avalanche de réactions et s’offrir du sensationalisme : il sait qu’on l’écoute et cette écoute est la seule condition pour que sa vérité soit transmise (Endeavors For Never (The Last Time We Spoke You Said You Were Not There. I Saw You Though). Et quand cette vérité se fait brumeuse voire fantômatique, Shabazz le signale sans faux-semblant (Recollection Of The Wraith). Le final est un pointillé : quelques astres-cailloux lâchés sur un sombre et immense escalier en colimaçon dont il ne tient qu’à nous d’éclairer les marches.
Shabazz Palaces – Black Up (Sub Pop, 2011)
1. Free Press And Curl
2. An Echo From The Hosts That Profess Infinitum
3. Are You… Can You… Were You? (Felt)
4. A Treatease Dedicated To The Avian Airess From North East Nubis (1000 Questions, 1 Answer)
5. Youlogy
6. Endeavors For Never (The Last Time We Spoke You Said You Were Not Here. I Saw You Though.)
7. Recollections Of The Wraith
8. The King’s New Clothes Were Made By His Own Hands
9. Yeah You
10. Swerve…The Reeping Of All That Is Worthwhile (Noir Not Withstanding)
Écrit par: Max Dembo
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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