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On n’y croyait plus, ou presque plus. La récente reformation de Pavement, pour des motifs sans doute essentiellement pécuniaires, et les concerts qui s’en suivirent, avaient d’ailleurs achevé de nous convaincre que nous ne pourrions jamais entendre à nouveau, à travers l’écoute des disques solos de l’individu, les fulgurances pop dont le groupe était capable, ces morceaux qui savaient allier nonchalance, incongruités, et refrains indélébiles. Mais le miracle s’est produit : Stephen Malkmus, accompagné de ses Jicks, nous revient en très grande forme, avec un nouveau LP qui nous réconcilie instantanément avec l’artiste. Débarrassé des tendances progressives qui ampoulaient ses précédents albums, Malkmus revient ici à un format plus pop, plus immédiat, plus léger, qui lui sied à ravir : quinze chansons qui prouvent, avec une facilité désarmante, que le génie du bonhomme ne s’était pas évanoui avec le temps.
Enregistré en quelques jours seulement avec Beck à la production – dont on se demande bien quelle a pu être l’influence sur le disque- il ressort de ces nouveaux morceaux une décontraction totale, Malkmus redevenant, le temps de cet enregistrement, le héros laid back qu’on a tant aimé. Les structures des chansons sont épurées, la guitare délicieusement biscornue, et le chant toujours aussi joyeusement je-m’en-foutiste. Pas question ici pour Malkmus de révolutionner son univers. Mais qui s’en plaindrait à l’écoute de cet album, qui voit notre slacker préféré, sans nostalgie aucune, s’affranchir de son passé en assumant enfin son héritage ? L’introductif Tigers, fédérateur à souhait, nous met tout de suite dans le bain et nous donne envie de distribuer gratuitement des coups de tatane – des Birkenstock – aux passants, avant que le premier single, Senator, nerveux et efficace, nous rappelle toute l’espièglerie de Malkmus. Les cavalcades de Brain Gallop et Stick Figures in Love nous caressent dans le sens du poil, tandis que Spazz, toute en changements de tempos, s’amuse à jouer avec notre rythme cardiaque. Share the Red, ballade admirablement bien troussée, nous montre quant à elle à quel point Stephen Malkmus maîtrise aujourd’hui ses propres codes.
Les fans endurcis de Pavement peuvent retrouver le sourire : si le groupe est peut-être définitivement à l’arrêt, son ancien leader a semble-t-il décidé de redevenir l’immense pourvoyeur d’indie-pop bancale dont on se croyait orphelin. Bien installé dans la quarantaine, débarrassé du poids du passé, Stephen Malkmus semble à nouveau se – nous – faire plaisir. Finalement, et si le meilleur était encore à venir ?
Stephen Malkmus & The Jicks – Mirror Traffic (Domino, 2011)
01. Tigers
02. No One Is (As I Are Be)
03. Senator
04. Brain Gallop
05. Jumblegloss
06. Asking Price
07. Stick Figures In Love
08. Spazz
09. Long Hard Book
10. Share The Red
11. Tune Grief
12. Forever 28
13. All Over Gently
14. Fall Away
15. Gorgeous George
Écrit par: S.L.H.
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
Hartzine the indie music webzine since 2007
mat sur 11/09/2011
Absolument d’accord avec ton point de vue. Excellent surprise que de retrouver Malkmus en si bonne forme. La tournée avec ses compères d’avant l’aurait peut être sorti de sa léthargie? J’aimerai bien voir ce que ça peux donner sur une scène tout ça.