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Nous vivons une époque atypique. Alors que tout semble s’accorder pour offrir au quidam la possibilité de s’ouvrir sur le monde et ce, sans limite aucune, l’instinct de préservation semble prendre le dessus et la vie s’articule de plus en plus au pire dans l’espace restreint et confiné d’un appartement à grands coups de dialogues virtuels avec ses semblables, au mieux au grand air mais les yeux inexorablement rivés sur son téléphone portable. L’évolution de la musique et notre approche vis-à -vis d’elle suit irrémédiablement cette tendance. Désormais, une bonne partie des artistes que nous vénérons l’espace de quelques jours, au mieux quelques semaines, avant de passer au nouveau « meilleur groupe que j’aie entendu depuis hier matin », se labellisent de productions souvent homemade au sens propre du terme ; la musique se conceptualise, se crée et se diffuse initialement au sein même du lieu de vie. La sensibilité de cette musique, logiquement, est empreinte de ces conditions recluses : ça n’est pas un hasard si les vagues Sarah Records et shoegaze de la fin des années 80 et du début des années 90 connaissent un revival tout à fait remarquable ; l’heure est en effet à chuchoter plus qu’à clamer, à regarder ses chaussures plutôt que les horizons lointains.
Dans ce contexte, Welcome To Condale (Moshi Moshi Records), premier album de Summer Camp, duo formé du songwriter londonien Jeremy Warmsley et de son amie Elizabeth Sankey, vient bousculer de la plus attrayante des manières cet ordre établi. L’orientation est claire : vénérer la décennie eighties sous toutes ses formes (concept résolument assumé jusque dans le choix des illustrations du livret du disque qui suffisent à elles seules à vous faire revivre les années Reagan), chanter haut et fort son adoration pour les beats synthétiques, les gimmicks accrocheurs et ainsi pondre une mine de tubes taillés pour les soirées entre amis ou le dancefloor. Et force est d’avouer que le résultat est une réussite incontestable.
C’est au travers de l’entêtante ritournelle Ghost Train, présente sur cet album, que nous avions découvert le duo il y a un peu plus d’un an. Une rumeur circulait alors que derrière Summer Camp se cachait un collectif de sept personnes s’étant rencontrées dans un camp de vacances en Suède et bien décidées à partager le même engouement pour la composition de pop songs ensoleillées et sucrées. Secret rapidement levé, ce groupe n’était pas le nouvel I’m From Barcelona et l’éclectisme ainsi que la richesse des morceaux proposés sur ce premier LP est là pour le prouver. Car au détour de ces compositions faussement kitsch et servies par une production exemplaire, les références assumées se succèdent, s’entremêlent avec une implacable aisance. L’ombre de Billy Idol plane sur l’arrogant Brian Krakow pendant qu’Abba et Madonna jouent les inspirateurs pour donner couleur et relief au morceau Summer Camp. Alors que Chrissie Hynde se serait assurément volontiers invitée sur le single Down, le duo joue de la plus belle des manières la carte de l’échange amoureux façon Black Kids (dernier groupe en date à être parvenu à ressusciter cet esprit vintage sans être rétrograde) en pleine maturité sur un Losing My Mind de très haute volée. A ce petit jeu de l’art de revisiter tout en rénovant subtilement, le principe atteint son excellence sur ce Done Forever, modèle de maîtrise vocale et technique qui n’est pas sans rappeler le monumental I Feel Love de Donna Summer, mais dans sa version 80’s interprétée par Jimmy Sommerville et Marc Almond. On ne pourrait omettre d’évoquer le « tubesque »Â I Want You qui ferait presque passer le Can’t Get You Out Of My Head de Kylie Minogue pour une chansonnette de collégienne tant le pouvoir érotique et entêtant de ce morceau tout en crescendo s’accapare votre corps et votre âme avec une aisance contre laquelle il serait vain de lutter.
Welcome To Condale n’est pas le disque révolutionnaire d’un genre ou d’une époque mais la finesse et le talent de Summer Camp suffisent largement à en faire un album original rempli de petites merveilles dépassant largement le pouvoir de vous faire tapoter du pied. Alors, prêts pour la colo ? On vous assure, les moniteurs sont sympas et leurs activités au grand air des plus saines. Welcome !
Summer Camp sera en concert le 24 novembre au Petit Bain. Hartzine vous y invite, cliquez par là .
Summer Camp – Welcome To Condale (Moshi Moshi Records, 2011)
1. Better Off Without You
2. Brian Krakow
3. I Want You
4. Losing My Mind
5. Summer Camp
6. Nobody Knows You
7. Down
8. Welcome To Condale
9. Done Forever
10. Last American Virgin
11. Ghost Train
12. 1988
Écrit par: Eric
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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