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Il y a des mois qui commencent mieux que d’autres… Novembre sera donc de ceux-là , puisqu’en ce jour férié de la Toussaint nous nous préparions à accueillir les artistes les plus buzzés de la sphère musicale. On ne sait pas bien si c’est le dépaysement australien où le look coincé entre les frères Hanson et les Black Keys du quatuor de Perth qui attira la foule mais la salle affiche avant même son ouverture doublement complet. Il faut dire que leur premier single illustré par nos Frenchies de Megaforce fait déjà le bonheur des webnautes et que la musique de Tame Impala s’inscrit avec coolitude dans un répertoire rétro-moderniste seventies qui force le respect. Mais chut, déjà les lumières s’éteignent…
Ce qu’il y a de cool avec les premières parties, c’est qu’elles nous permettent souvent de découvrir les groupes de demain, de se frotter à d’autres tendances, d’aller s’acheter une bière, d’appeler sa copine, de finir son Sudoku… Et allez savoir pourquoi, au regard du jeu des deux jeunes pépées de My Bee’s Garden, ma première pensée fut pour Fab… Puis en écoutant plus longuement (je dirais vingt bonnes secondes), je me dis que finalement ça ferait un très mauvais concert en appart’… A vrai dire, la seule chose réellement potable à garder du quintet parisien serait l’incroyable jeu du batteur habité jusqu’à la moëlle, se jetant sur ses futs comme si sa vie en dépanadait. Melody, la chanteuse, s’éreinte la voix avec une réelle conviction sans pour autant ne serait-ce qu’effleurer nos poitrines, alors de là à pénétrer nos cÅ“urs… Le groupe s’enfonce très rapidement dans une mélasse électro-folk qui sans être irritante, minaude trop pour charmer. Bref, les minutes s’enchaînent sans grâce, et les morceaux se répètent à l’identique. Heureusement qu’une pause est imposée entre chaque chanson, car j’aurais eu bien du mal à les différencier. L’aventure se clôture sur une reprise acoustique d’Only Swallow de My Bloody Valentine, assez bien tentée ma foi. Mais les Parisiens n’égalent en rien les mythique Irlandais, et livrent un dernier hommage trop pompeux pour être honnête.
Les vingt minutes de changement de plateau seront donc les bienvenues pour assurer la digestion et permettre au public de se mettre en jambe avant l’arrivée de Tame Impala, aussi en forme que décalé. En véritable laborantin, Kevin Parker en plus d’insuffler à sa musique une dimension cosmique, joint l’image à la musique en projetant les formes captées par les instruments, retranscrites par un oscilloscope. Des ondes s’étirant, se brouillant, jusqu’à parfois atteindre la symétrie parfaite dans ce qui semble être la projection d’une galaxie fantasmée en mouvement perpétuel. Chez nos Australiens, la gestuelle importe peu : le bassiste Nick Allbrock passera la moitié du concert dans un état semi-comateux, les yeux dans le vide, comme perdu dans ses pensées alors que Dominic Simper semble se noyer dans ses cheveux.
Mais très sérieusement, on sent dès le démarrage d’It’s Not Meant To Be que nous n’assistons pas à n’importe quel concert. La voix de Kevin porte loin et s’élève au-dessus de nos têtes, répandant un sentiment d’apaisement. La salle plane à vingt mille lieux de ses baskets à l’instar des membres de Tame Impala, qui eux n’en portent pas. Redescente avec le popeux Solitude Is Bliss que l’assemblée connait déjà par cÅ“ur. Jeu de guitare bourdonnant et chant en écho, le combo abat la carte du single d’entrée de jeu et mon petit doigt me prédit qu’on pourra s’asseoir sur un rappel. S’enchaîne alors une démonstration de néo-psychédélisme à travers les puissamment aériens Why Won’t You Make Up Your Mind? et Alter Ego avant de glisser vers le blues-rock le plus rêche sur Lucidity, véritable terrain de jeu pour Jay qui semble prendre un plaisir fou derrière sa batterie. Quelques mots lancés par Kevin sur son plaisir de revenir jouer à Paris (plantade sonore au Nouveau Caz’) permettront à celui-ci de lancer l’ambitieux Expectation prenant réellement toute sa démesure en live. Le titre qui pouvait paraître longuet sur l’album en devient fascinant de variations et scotche littéralement le public. Celui-ci sera pourtant désarçonné par les quelques minutes d’expérimentations de Kevin sur son oscillateur, tiraillant un signal sonore jusqu’au pétage de tympans. Il ne s’agit là que d’un intermède annonçant le glorieux Desire Be, Desire Go, track chevaleresque qui sera stoppé dans sa course par l’insertion de Sundown Syndrome avant de reprendre son ascension et de terminer sous une pluie d’applaudissements. Doté d’une rythmique unique et prenant des allures de charge héroïque, Desire Be, Desire Go reste après tout le morceau favori de la rédaction, provoquant dans nos chères têtes blondes de légers frissons à chaque écoute. Mais pourtant ma plus grande surprise viendra de cette reprise du hit nineties des bluebloy, Remember Me, repris à la sauce garage, sur lequel plane le fantôme de 13th Floor Elevators. Si j’avoue que tel le profane, je ne connaissais pas cette version de Tame Impala, elle est depuis devenue l’ode de mes nuits. En tout cas, l’assistance semble moins inculte et acclame le morceau furieusement, lui offrant les éloges qu’il méritait. N’en reste pas moins qu’en un instant, nos bushmen blancs injectent un peu du sang de Liverpool dans leurs cÅ“urs de koalas. Et si Innerspeeker regorge pourtant de nombreuses pépites, c’est dans ses premières compos que le quatuor ira trouver le groove qui lui permettra de clôturer son show, Half Full Glass Of Wine baissant le rideau de façon grandiose sur un concert qui ne le fut pas moins. Bye bye, les Tame Impala tirent la révérence. Et non, pas la peine d’attendre, il n’y aura pas de rappel, je vous l’ai dit. Le public s’en va conquis, ayant l’impression d’avoir assisté à la naissance d’un nouveau mythe. Surveillez-les de près, ces gars là pourraient devenir les Beatles des années 10… Bon au moins ses Doors…
1. It’s Not Meant To Be
2. Solitude Is Bliss
3. Why Don’t You Make Up Your Mind?
4. Alter Ego
5. Lucidity
6. Expectation
7. Interlude
8. Desire Be, Desire Go
9. Sundown Syndrom
10. Desire Be, Desire Go (suite)
11. Remember Me
12. Skeleton Tiger
13. Half Full Glass Of Wine
Écrit par: Akitrash
2010 La Maroquinerie My Bee’s Garden Tame Impala
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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