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Depuis le maxi Shadows in the Halls (lire) sorti l’année dernière sous la forme d’une collaboration entre Atelier Ciseaux et La Station Radar, on attendait trépignant d’impatience le second LP de Terror Bird après Sociopaths are Glam (écouter) paru sur Night People. L’attente n’était pas vaine tant Human Culture est une claque en pleine tête, et ce, dès la première écoute. Alors un conseil, ne faites pas comme moi et allez voir l’oiseau déployer ses ailes aux côtés d’Ela Orleans et de Holy Strays, lors d’une soirée (lire) organisée par Hartzine et Backyard Vacation le 7 mars prochain à l’International.
J’ai longtemps cherché à comprendre comment Terror Bird était arrivé à mélanger autant d’influences. Les morceaux de cet album me rappellent les plus beaux envoûtements causés par le label 4AD des Dead Can Dance ou autres Bel Canto. Human Culture pourrait aussi être un de ces albums d’une scène alternative fantasmée, coincé entre le punk et la new wave des années 80, quelque part du côté de Berlin. A l’heure où la pop se glisse dans des déguisements de sorcières, les rythmes digitaux hantés par les mélodies de Nikki Never font de ce disque un enchantement et un désenchantement, une musique jouée dans une urgence contrastée, parfois happée par un refrain qui claque dans les tampes comme Human Life, parfois spectatrice d’une structure qui va déraillant comme Cheat Yourself. Nikki a réussi à emprisonner les forces qui s’opposent en elle dans sa musique, elle lui ressemble et ne cherche pas à masquer ses stigmates. Sur des partitions squelettiques, que ses machines recrachent comme des spectres sonores sur les murs des villes, un piano est prêt à rendre l’âme, une boîte à rythme devient indomptable quand la voix ensorcelée de Nikki Never soutient ce château de cartes musical risquant à tout moment de s’écrouler. Je rêve d’entendre cette voix m’hypnotiser seule avec ce piano qui creuse des sillons dans ma tête. Non pas que j’élude le son batcave ou gothique, bien au contraire, mais je suis subjugué par la beauté des mélodies et cette façon intemporelle que Nikki a de placer sa voix.
Dès les premières notes de piano de Married Women, on vole éclairé par la lune, planant au dessus d’une ville endormie. La voix de Nikki nous guide avec la beauté d’un ange, et lorsqu’elle range ses ailes, elle se mue en prédateur noctambule, nous invitant dans ses catacombes pour danser jusqu’à s’en briser les os. We Were Monsters. Au matin, elle fixe ses lunettes noires opaques et nous attire dans un cimetière où on laisse retomber la folie d’une nuit entière à oublier le jour. Make Believe nous laisse avec des sentiments contrariés, l’envie de rester ensemble et ce sommeil qui nous assomme, une réverb puissante cristallise cette première face qui trouve son inspiration dans la moiteur de la nuit. Mise à part l’urgence de vivre, qu’on retrouve dans le morceau éclatant Human Life, si l’ange de la face A devient lourd comme un cygne qui serait prisonnier de son destin sur un lac gelé, la face B tend elle vers la noyade. If We Escape d’abord, avec la voix éthérée de Nikki prenant de la hauteur pour nous dévoiler une place encore plus sombre aux mélodies toujours plus sublimes. Sur Keep me Haunted, des trémolos apparaissent dans sa voix indiquant les premiers signes d’un délitement consacré par un Who’s Sorry Now concluant Human Culture. Décidément, il ne restera rien.
Terror Bird – We Were Monsters
Terror Bird – Human Culture (Night People/Adagio830, 2011)
1. Married Women
2. We Were Monsters
3. Cemetaries
4. Integrity
5. She’s a Revolutionary
6. Make Believe
7. If We Escape
8. Dumb Sick
9. Keep me Haunted
10. Human Life
11. Cheat Yourself
12. Last Moment
13. Who’s Sorry Now
Écrit par: David
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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