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L’Atelier Ciseaux a tenu parole. Celui qui est loin d’être porté disparu dans nos pages et qui a récemment régalé nos oreilles d’un split vinyle de Best Coast et Jeans Wilder et d’un 7«  d’US Girls, récidive comme promis – et de concert avec la Station Radar – par un 7″ d’un duo canadien à la splendeur sépulcrale proprement obnubilante. D’un redoutable et fantasmé prédateur préhistorique, Terror Bird s’est mué en indéfectible animal de la nuit, charriant de ses élucubrations désincarnées la moiteur de caves où l’on ne conjure l’ennui que par les beats. Nikki Nevver (voix, claviers) de Modern Creatures et Jeremiah Haywood (batterie) de Twin Crystals, abandonnant la frustre électricité de leurs groupes respectifs, prennent le contre-pied de la doucereuse chillwave pour emboîter le pas à cette nouvelle tribu de fantômes (oOoOO, Cosmetics, Balam Acab, White Ring ou Creep) peuplant tant l’incommensurable grimoire numérique qu’elle ne comble les sourdes aspérités d’insomnies hantées. Réhabilitant le format cassette et le son eighties, par le biais notamment du label Night People, support de leur captivante embardée Sociopaths are Glam parue l’année passée, le duo peut aussi bien convoquer autour de son minimalisme décharné l’intensité shoegaze des Jesus and Mary Chain que la new-wave tourmentée de Bronski Beat, et ce, à dessein de n’en garder que de substantifiques mélodies lunaires (les reprises Nine Million Rainy Days des premiers et Small Town Boys des seconds l’attestent).Tapi dans l’ombre, le visage faiblement balayé de lueurs astrales, on reste littéralement coi devant la beauté froide qu’insinue cette voix, transperçant, telle une émanation spectrale, d’infimes volutes de claviers (Dream For Your Bathwater, Box Office Boyfriend). On pense alors à un Glass Candy d’outre-tombe, où le glamour se conjugue au morbide d’un cimetière éventré. Pétrifié par son propre désir de renouer ce dialogue avec l’au-delà , le commun des mortels ne peut que recevoir Shadows in the Halls, sorti le 22 juin, telle une bienveillante malédiction. Le bruissement inaugural de Shadows in the Halls, mâtiné d’une rythmique fluette et presque enjouée, octroie au timbre si particulier de la nymphe Nikki un magnétisme étourdissant, surinant l’attention jusqu’aux quelques arabesques de synthétiseurs d’I Love No, dénotant d’une candeur crépusculaire que ne renierait en rien l’écurie . We Were Monsters creuse un sillon d’une toute autre nature, emprunt d’une profondeur à l’abysse sans fond, où l’on jure pénétrer les secrets d’alcôves d’un Mulholland lynchien, avant que Lament, ne conclue le 45 tours par une ode au parfum funéraire, où la voix de Nikki implore et où les nappes de claviers prononcent l’oraison. Le silence qui s’ensuit se fait létal et l’attente insurmontable : leur premier album, à paraître via Night People et Adagio 830, n’est prévu que pour la fin de l’été. D’ici là leur release party au Motel aura eu lieu. Dark pop tonight, revolution tomorrow.
Terror Bird – Shadows in the Halls
Terror Bird – Shadows in the Halls (2010)
Face A
1. Shadows in the Halls
2. I Love No
Face B
1. We Were Monsters
2. Lament – Twin Crystals Cover
Écrit par: Thibault
2010 Atelier Ciseaux lo-fi rock Terror Bird US
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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