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Ils ne sont pas pléthore, ces artistes ayant fait une longue et brillante carrière après un premier album considéré comme étant leur chef-d’Å“uvre. Le coup d’essai, coup de maître fait souvent bien mal à ses créateurs, parlez-en aux Stone Roses et autres La’s groupes plombés sur la base d’un sacro-saint premier essai en forme de Graal. Dans la même lignée, sans y avoir l’air (et toujours dans l’indifférence quasi totale dix ans plus tard, c’est bien là le drame), deux frangins de Brighton ont pondu à l’aube de ce nouveau millénaire avec Holes In The Wall ni plus ni moins un des albums pop les plus essentiels de ces quinze dernières années. Cette improbable Å“uvre kaléidoscopique, glam, sexy et jouissive au possible nous remémorant les plus belles heures des Boo Radleys, avait su en effet conjuguer passé, présent et futur avec une aisance si déconcertante qu’elle parvenait à elle seule à condenser près de 40 années de musique britannique. Alors forcément…même si The American Adventure second, essai courageux laissait entrevoir par intermittences un talent et une inspiration toujours vivaces, les deux tentatives suivantes, à force de courir sempiternellement après la formule magique, ne laissèrent guère place qu’à l’anecdotique, voire l’indifférence.
Qu’attendre donc d’un nouveau disque d’Electric Soft Parade en 2013 qui plus est en plein cÅ“ur de l’été, saison plus propice à la légèreté et la découverte qu’à la recherche de justifications d’une possible réconciliation ? A l’écoute du malicieusement nommé Idiots, on saisit très rapidement que le parti pris des deux frangins est délibérément de ne pas se focaliser sur une recherche de l’excellence à tout prix mais bien de mettre en avant une volonté de plaisir immédiat au travers de compositions criantes d’honnêteté et de simplicité au sens le plus noble du terme. Il leur aura donc fallu 10 ans afin de digérer ce monumental premier disque, 10 ans pour accepter qu’il était vain d’expérimenter continuellement afin de réitérer pareille merveille. The Electric Soft Parade affiche ainsi le paradoxe d’un groupe qui, en vieillissant, a décidé de simplifier sa musique mais sans pour autant jouer à l’économie. Cette fraîcheur, c’est tout d’abord de l’autre côté de l’Atlantique que le groupe est allé la puiser. En effet, à l’écoute de l’inaugural The Sun Never Sets AroundHere et surtout de l’imparable single Summertime In My Heart, c’est tout cet esprit Power Pop ensoleillé qui sommeillait depuis les derniers essais de Fountains Of Wayne qui réapparait soudain, addictif et luxuriant. Si la lumière jaillit de nouveau dès les premières notes du très lyrique Brother, You Must WalkYour Path Alone que n’aurait pas renié Josh Rouse, elle ne s’atténue nullement au son d’Idiots, comptine ultra attachante avec ses airs d’inédit de Teenage Fanclub. Et même si The Corner Of Highdown and Montefiore et sa tentative de renouer avec les longs morceaux atmosphériques ayant fait la particularité du duo nous emmène dans des contrées moins fréquentables à la limite du sirupeux, Mr. Mitchell renverse derechef la tendance nous remémorant les heures les plus glorieuses d’un Stephen Duffy, période Lilac Time, au summum de son inspiration. La pop nordique est également à l’honneur avec le délicieusement sucré One Of Those Days et l’introduction de cette frêle voix féminine avant que l’improbable Lily tout en finesse et pourtant si près de l’explosion nous offre quatre minutes du meilleur Weezer à la sauce anglaise. Dernière sensation de ce très réussi exercice de style, Never Again convie à la table des hôtes Paul Mccartney, Elliott Smith et Ron Sexsmith pour une attachante ballade en forme de pied de nez au sur-vitaminé Start Again, premier morceau de Holes In The Wall, une manière d’affirmer haut et fort que la page est définitivement tournée et que l’avenir d’Electric Soft Parade peut légitimement s’envisager sous les meilleurs auspices.
Assurément le disque de la rédemption, Idiots est la preuve ultime que le talent des frères White revêt encore un caractère aussi riche que la musique qu’ils parviennent à générer. Toujours empreint de cette recherche de la mélodie pop parfaite, l’ensemble composé par ce nouvel essai, malgré l’immense variété dont il fait preuve n’en demeure pas moins d’une logique et d’une cohérence sans faille. Nous leur pardonnerons aisément leurs quelques excès de gourmandise principalement dus à une volonté de trop bien faire tant le plaisir de se délecter de ces morceaux faussement naïfs et de ces mélodies d’une efficacité redoutable finit par emporter tout sur son passage. Tantôt acoustique, tantôt rock, souvent pop, Idiots affiche ainsi fièrement son statut de véritable « White Album », très joli fleuron d’une scène musicale britannique empreinte de classicisme qui, Dieu merci, a encore de bien jolies choses à nous raconter.
THE ELECTRIC SOFT PARADE – IDIOTS (HELIUM RECORDS / 2013)
1. The Sun Never Sets Around Here
2. Summertime In My Heart
3. Brother, You Must Walk Your Path Alone
4. Idiots
5. The Corner Of Highdown And Montefiore
6. Mr. Mitchell
7. One Of Those Days
8. Lily
9.Welcome To The Weirdness
10. Never Again
Écrit par: Eric
album HELIUM RECORDS Idiots The Electric Soft Parade
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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