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Lars Aldric Finberg est un coquin. Clairement, l’homme ne cesse d’enchaîner par la force des sages travailleurs une haute quantité de morceaux se basant, à chaque reprise, sur un précis credo : atteindre avec application des sommets d’évidence mélodique tout en présentant sobrement les atours d’un inimitable style. Car ce que The Intelligence maîtrise avec grandeur par rapport à la file d’attente besogneuse des gratteux du garage, c’est, à proprement parler, une intelligence. À la bonne heure. Ici, le style est évidemment bien frais, mais se pense en terme d’atmosphère. Je veux dire par-là que ce groupe-ci élabore minutieusement son plan de jeu, évoquant sans forcer les guitares des années 60, mais comme réévaluées à l’orée d’un monde parfois angoissant, instable, voire même, sans rire, presque dangereux.
Les mélodies sont touchantes, prennent place avec bienveillance, mais on sent clairement un arrière-plan inquiétant, une espèce d’ombre concernée planant discrètement sur l’intégralité de l’album. J’aime ces riffs droits, point démonstratifs, souvent renfrognés, avec une seule idée en tête : la façon qu’a Finberg de chanter, d’une manière presque monocorde, donne l’impression de quelqu’un qui ne doute pas, se dirige proprement vers un long démantèlement du mental. « They put cocaïne in your bottom, you’re the new king of pop » dit-il sur Nocturnal Admissions. Disons que c’est terriblement intriguant, car ici, le comportement est digne, digne d’un jeune premier, aux manières raffinées, inclinées vers la pure perfection, jusqu’à ce qu’on pressente la déviance. Qu’en est-il de l’intérieur ? Que cache-t-il donc ? « Following my dreams or at least pretending to sleep », se lamente-t-il sur le même titre. Honnêtement, cela me laisse tout vibrant d’intensité.
Les réponses se trouvent dans les murmures : Vintage Future, le titre de l’album, ne laisse pas le doute planer, notamment au niveau des paroles : Finberg ne cesse de faire allusion à divers échecs, de la manière la plus neutre, sensiblement désincarnée, regrettant le passé, reniant le futur, et s’installant sans confort sur le verglas cassant du présent. L’ambivalence est reine chez The Intelligence – cette évasive façon qu’ils ont de souffler doucement le courant d’air piquant de l’ironie – et c’est bien pour cela que les américains sont d’ailleurs révérés : on ne sait jamais bien quelle est la direction prise, le trouble est constant, l’ambiance, perturbée, mais toujours au service d’insondables tubes, aux tournures inévitablement captivantes.
Cela est-il vrai ? Finberg parachève par ici son huitième album. Par le même sortilège que cet ignoble poivrot de Mark E. Smith, chacun des albums d’Intelligence se ressemble point par point, en proposant toujours un profil quelque peu différent. Par déduction, les albums d’Intelligence sont donc tous diablement renversants. Les Américains finiront d’ailleurs de convaincre les derniers réticents au Divan du Monde, le samedi 26 mars prochain, en compagnie des valeureux Meatbodies. Il est clairement requis d’être présent.
The Intelligence – Vintage Future (In the Red Recordings, 23 octobre 2015)
01. Sex
02. Nocturnal Admissions
03. Cleaning Lady
04. Whip My Valet
05. We Refuse to Pay the Dues
06. Platinum Janitor
07. Tourists
08. Dieu Merci pour la Fixation de la Machine à Coudre
09. Romans
10. Vintage Future
Écrit par: Sebastien Falafel
In The Red Recordings The Intelligence Vintage Future
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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