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Rare and unreleased tracks. Peut-on parler de « raretés » dans le cas d’un groupe dont la carrière entame à peine sa décennie (lire)? Avec trois albums à leur actif et quelque notoriété cloisonnée par une esthétique kraut à une frange sélective d’un public nourri aux têtes de gondole musicales, sortir une compilation d’inédits soulève des questions. C’est un créneau qu’on sait généralement occupé par des artistes à la longévité indiscutable cherchant à sortir de leur hibernation créative en fouillant dans leurs fonds archiviques, qui pour reprendre le business, qui pour lever un voile timide et nostalgique sur des approches stylistiques non évoquées jusqu’alors.
Beyond The Mirror n’est ni l’un ni l’autre, ni un coup commercial, ni un empilement d’enregistrements studio mal fignolés, c’est un album à part entière mais complètement décousu, un aperçu de ce que le groupe n’a pas su ou voulu insérer dans ses précédentes releases. Le fil conducteur du miroir carrollien – ce passage vers l’autre monde, l’autre soi, celui qui se cache derrière le reflet – sert de support à des compositions qui, loin de se limiter à des versions en négatif des productions précédentes, ont gagné en psychédélisme plutôt qu’en voyeurisme. Dans les grandes lignes, on oscille (est-ce le mot?) entre un background shoegaze perforé de brèches hypnotiques mais stabilisé par une basse à la redondance puissante dans Kissing The Sun, un electro kraut sinistre, The Mirror Pool, dont les accords schulzéens sont appuyés par des chÅ“urs fantomatiques noyés de ténèbres, et un garage psyché électrique, Endless Oblivion, qui nous fait tout oublier sauf que les londoniens continuent à se placer du bon côté de la frontière expérimentale – comme le confirme d’ailleurs l’excellent Tomaga, side project de Tom et Valentina.
Si on peut s’étonner du manque de cohérence entre les styles des morceaux, dont l’ordre de lecture semble à première écoute avoir été tiré aux dés, les titres tissent néanmoins la trame d’un scénario qu’on sent plus personnel que musical, plus intime. Plus tortueux aussi. C’est un trip, une aventure mélodique au rayonnement quasi cinématographique qui traverse la surface miroitante (ou mentale) du psyché pour tantôt récolter des Crystalline Tears sur fond de trémolos synthétiques planants, tantôt inciter, par des sollicitations réverbérées et sensuelles dans le séduisant Waste The Day, à se laisser porter par un hédonisme répétitif et fallacieux. Inutile, ici, de chercher d’autre clé de déchiffrement que l’esprit complexe et fertile de Demian Castellanos, l’hyperproductive tête pensante de The Oscillation qui, puisant dans les alcôves les plus étriquées de son cortex, parvient à offrir à l’auditeur les ressources d’un voyage dans un imaginaire certes domestiqué par une chronologie musicale choisie pour lui, mais qu’il pourrait finalement aussi bien lire en shuffle, tant elle se prête à la suggestion. ‘The question is,’ said Alice, ‘whether you can make words mean so many different things.’
The Oscillation – Beyond The Mirror (All Time Low, septembre 2015)
01. Braindrainer
02. Waste The Day
03. Kissing The Sun
04. The Mirror Pool
05. Endless Oblivion
06. Crystalline Tears
07. Insect Attention
08. The Detour
Écrit par: Ted Supercar
All Time Low Beyond The Mirror The Oscillation
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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