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C’est la mâchoire serrée, le sourire crispé, l’estomac comprimé que je me vois contraint et forcé de m’enfiler une seconde fois le dernier opus des New-Yorkais de The Rapture. Je garde le rouleau de papier toilette près de moi car il est bien probable que si la pilule passe cette fois, elle agisse plus à la manière d’une dragée Fucca. Comme elles me paraissent loin, ces années où Echoes, petit miracle symbiote d’un revival no wave, laissait entrevoir chez le jeune quatuor un potentiel encore inexploité chez aucun autre. Même le boss du label DFA, bien incapable de reproduire un son aussi proche de ses propres héros, préféra garder les jeunots sous sa coupe plutôt que de laisser leur talent s’éparpiller aux quatre vents. Pourtant, les influences de The Rapture semblent assez éloignées du disco-punk cher à  James Murphy. Après quelques essais post-punk sur une première bande discrète mais néanmoins avant-gardiste (Mirror) le combo se débarrasse de ses artéfacts lo-fi pour livrer une véritable pièce maîtresse indie rock qui doit autant à l’électro d’Out Hud, qu’au punk-funk dégingandé de Liquid Liquid ou aux riffs ciselés du premier Talking Heads. Un petit miracle qui ne sera jamais réitéré par la suite…
Si l’on peut voir en Pieces of the People We Love une certaine suite logique aux prouesses techniques d’Echoes, le disque est quelque peu saboté par un élan de cool atitude un peu trop flagrant. Après tout, pourquoi vouloir faire de la bonne musique quand on peut être des rock stars ! C’est définitivement le constat auquel il faudra se résoudre en écoutant In the Grace of Your Love. Le quatuor devenu trio, Mattie Saffer ayant décidé d’aller voir chez Ed Bangers si l’herbe était plus verte, accouche d’une galette aussi poussive que sans saveur. Luke Jenner devant au passage réapprendre à pousser la cantate, puisque le bassiste qui a pris le large officiait également comme chanteur/parolier depuis leur second album et donnait ce timbre cassé inimitable, emprunté à un Robert Smith. Après un How Deep Is Your Love? ayant largement parcouru toutes les bandes FM, mais puant le moisi à des kilomètres, on était en droit de se méfier quant à la teneur de ce nouvel opus. Si la production a été confié au plus Boombass-tic de nos artisans frenchies, j’ai nommé Philippe Zdar, on aurait néanmoins pu prévenir nos lascars que la crapule était has been depuis des lustres.  En tout cas, mission réussie, car In the Grace of Your Love sonne comme un mauvais cocktail entre Zoot Woman découvrant le rock opéra et Cassius. Des mélodies banales et conformistes qui, à l’image de la pochette de l’album, se contentent de surfer sur la vague. Un songwriting d’une pauvreté navrante pour un disque marqué du sceau de la séparation (Miss You, Come Back to Me, Can You Find a Way?).  Il n’est pas exclu qu’In the Grace of Your Love soit l’album de rupture entre le trio et ses auditeurs également. Ainsi soit-il.
Il est de mauvais effet de voir en cette ultime sortie sur le label DFA une sorte de revanche personnelle. On se contentera néanmoins de constater que Mr Murphy a eu l’idée brillantissime de distribuer un album supplantant son This Is Happening question mauvais goût. Pas de doute, l’homme a du flair de ce côté-là . Si on ne mise pas un kopeck sur le potentiel artistique de cet objet aussi laxatif que trivial, ne pendons pas nos hommes pour autant. Quand on connaît les prouesses scéniques Gabriel Andruzzi et l’énergie de Luke Jenner déployées sur les planches, on se dit que l’on peut attendre encore un peu avant d’écrire définitivement leur épitaphe.
The Rapture – In the Grace of Your Love (DFA, 2011)
1.Sail Away
2.Miss You
3. Blue Bird
4. Come Back to Me
5. In the Grace of Your Love
6. Never Gonna Die Again
7. Roller Coaster
8. Children
9. Can You Find a Way?
10. How Deep Is Your Love?
11. It Takes Time to Be a Man
Écrit par: Akitrash
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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