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Il n’y a pas si longtemps, mon rêve le plus cher était de flétrir sur le bord d’une vieille route du Nevada, me basculant sur un rocking-chair, de longs cheveux gris me balayant le visage au gré du souffle du vent, brûlant et sablonneux. Une bouteille de bourbon dans les pattes, je passerais de longues journées à observer l’horizon en écoutant de vieux tubes bluesy qui ont fait la gloire des états sudistes des USA. Seulement depuis que j’ai arrêté de picoler, j’ai comme qui dirait jeté mon capital retraite aux crotales. De plus, mon inspiration pour le blues rock s’est amenuisée au fil des années tant ses héritiers semblent avoir perdu tout intérêt pour le genre lui-même. Bien heureusement, il y aura toujours quelques artistes comme Mark Lanegan ou The Walkmen pour tenter de lui offrir un second souffle à travers quelques folk songs écorchées suintant la poussière et l’alcool de malt. Quoique…
Si You & Me restera certainement mon album préféré de 2008 (découvert en 2009), beaucoup y préféreront l’album Bows + Arrows, paru quatre ans plus tôt, pour son côté brut et parfois encore hésitant, mais touchant au cœur à chaque fois. Je n’ai rien contre. Lisbon marque donc un nouveau pas pour nos cinq de la côte est, mais peut-être celui de trop. Habitué à nous pondre un nouveau chef-d’œuvre tous les deux ans, le combo mené par le crooner Hamilton Leithauser réalise peut-être ici l’album qui lui ressemble le moins. Il semblerait que les plages de la capitale portugaise ne soient pas la source d’inspiration que nous attendions pour nos Walkmen, qui sombrent rapidement dans l’indie surf le plus insipide (Juveniles, Woe Is Me). Et que dire de Stranded qui semble tout droit sorti du répertoire de ? Croyez-vous que les membres du groupes ont rapporté dans leurs valises chapeaux mariachis et maracas ?
Mais casser ainsi du sucre sur le dos de Lisbon serait toutefois injuste, car malgré une nette déception, ce nouvel opus recèle néanmoins quelques trésors dont la subtilité n’a d’égale que la hargne déployée par ceux-ci. Cela a d’ailleurs toujours été le cas, que ce soit avec The Rat, On The Water ou In The New Year… Les meilleurs morceaux de The Walkmen fonctionnant sur un compromis entre rage contenue et explosion de tension, il allait de soi que Blue As Your Blood deviendrait le nouveau titre phare du groupe. Ici pas de détonation, mais un titre douloureux et poignant qui témoigne de la maestria de Leithauser concernant l’orchestration de la mélancolie à travers une montée électrique et toujours sur le fil. A ce titre, While I Shovel The Snow sort également du lot, en véritable complainte blues exécutée au piano droit, instrument familier du band new-yorkais. Parlons aussi d’Angela Surf City qui, si elle ne semble pas se démarquer au premier abord, prend au final plus de profondeur après quelques écoutes grâce à son corpus de rock incandescent et de lamentation hargneuse, couché sur une rythmique de batterie cyclique et sèche.
Alors Lisbon est-il un mauvais album ? A cette question je ne peux répondre que par non, mais pas de manière ferme et convaincue. Le successeur du presque trop parfait You & Me pèche par un sens de la nouveauté qui sied mal aux Walkmen. Si on ne peut s’empêcher de saluer la prise de risque et de ne pas en vouloir au groupe d’avoir tenté de se tourner vers des sonorités plus « sunny », celles-ci désorienteront les fans de la première heure. Celui-ci ne permettra pas non plus au profane de découvrir toutela palette émotionnelle dégagée par la musique du groupe de Leithauser. Donc sans être véritablement un mauvais disque, Lisbon restera un album mineur dans la discographie majestueuse d’un des plus grand blues folk band de ces dix dernières années.
The Walkmen – Blue As Your Blood
The Walkmen – Lisbon (Fat Possum, 2010)
01. Juveniles
02. Angela Surf City
03. Follow The Leader
04. Blue As Your Blood
05. Stranded
06. Victory
07. All My Great Designs
08. Woe Is Me
09. Torch Song
10. While I Shovel The Snow
11. Lisbon
Écrit par: Akitrash
2010 Fat Possum Lisbon The Walkmen US
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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Spiroid sur 08/09/2010
Moi j’ai trouvé qu’il y a eu un excellent travail sur le son de la guitare, ce qui donne ce côté un peu « sunny » comme tu dis. Mais les chansons que tu dénonces comme un peu consensuelles ne sont que le reflet de ce qui apparaissait déjà sur You & Me à mon sens. Et la perle de l’album, je l’ai compris récemment, c’est le titre éponyme.
akitrash sur 08/09/2010
Spiroid,
Comme je le répète souvent une critique ne peut être unanime (heureusement que je chronique pas Britney ou Lady Gaga… Ouf!). Et tu as raison, le son de nos Walkmen a commencé à muter dès leur précédent album.
Cela dit arrêtons-nous sur You & me, puisque c’est cet album qui est appelé à titre de comparaison. Il se dégage de Donde esta la playa ou de Flamingo une pointe d’amertume d’une force incommensurable. On the water, tant par la force de son propos que son orchestration pastoral crève l’aorte et les glandes lacrymales. Et que dire de Canadian Girl, titre qui à lui-seul rappelle la grande heure des tripots de La Nouvelle Orléans. Postcards for Tiny Islands est un manifeste de Rock-folk exemplaire illustrant parfaitement la dualité hargne/rage contenu que j’exprimais dans mon article. Et que dire de Four provinces, morceau héroïque, du McCarty, voir Harrison en musique…
Donc loin de moi l’idée de te convaincre de la nullité de Lisbon. Car je ne le pense pas. Je ne dis même pas que le groupe à cédé à quelconque facilité. Mais que les territoires explorés sur Lisbon s’éloignent de plus en plus du répertoire qui auront séduit les fans de la première heure et que oui, en ce sens, ce nouvel opus est une déception. Moins de tension, moins de poussière, moins de rêverie…
Pour moi The Walkmen entretenait une certaine candeur depuis Everyone who pretended to like me is gone qui semble s’être perdu en cours de route, et c’est bien dommage.
James sur 26/08/2011
fan de la première heure, un peu deçu aux premières écoutes, mais j’y suis retourné quelques semaines aprés, et je trouve cet album vraiment trés bon, trés beau, libre…
PS : LISBON, c’est une ville au US, rien à voir avec celle du portugal !