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The Best Day étant un véritable hymne à la passion, vous ne verrez pas d’inconvénient à ce que je lui emboîte le pas dans ces pages. C’est vrai qu’il m’est difficile de parler de Thurston Moore sans qu’on perçoive des guitares dans mes yeux. L’irréparable s’est produit lorsqu’une tempête de guitares distordues est venue briser la douceur estivale d’une matinée de 1997. Depuis, les Sonic Youth ont été la bande-son de ma vie, par pluie comme par beau temps. Mes amis vous diront certainement qu’ils ont souffert de cette omniprésence mais ils ne sont pas les seuls. En dix-sept années de bonnes et loyales écoutes, j’en ai essuyé des : « Le disque est rayé ? » ou encore : « Je croyais qu’il y avait des travaux dans l’immeuble ! » Et si je sais que la musique de Sonic Youth finira effectivement par me coûter mon ouïe, je ne pensais pas que celle de Thurston Moore puisse me faire perdre momentanément le goût. Avec son solo Demolished Thoughts et sa formation Chelsea Light Moving, Moore a prouvé depuis la fin de Sonic Youth qu’il avait d’autres cordes à sa guitare, certes, mais je les lui aurais bien empruntées pour me pendre. De l’amour à la haine, il n’y a qu’un riff.
Un riff qui, sur The Best Day, m’a tout de suite plongé dans une atmosphère familière où tension et volupté ne font qu’une. Les lancinants Speak to the Wild et Forever More, l’instrumental Grace Lake et l’introduction répétitive deGerms Burn sont aussi obsédants qu’un Sonic Youth fin 90-début 2000. Le rapprochement est tellement évident qu’une nuit, j’ai cru me réveiller en 1998 chez mes parents et que j’ai voulu enclencher le feu poste CD pour réécouter A Thousand Leaves qui venait de sortir. Quoi ? Même le line-up sur The Best Day reflète en genre, en nombre et en qualité celui de Sonic Youth : à la basse, miss Deb Googe de My Bloody Valentine, à la guitare, mister James Sedwards et à la batterie, the old mate Steve Shelley. Qui mieux d’ailleurs que l’ancien batteur de Sonic Youth peut amener cette rythmique si entêtante ?
Mais si l’icône rock marche dans les pas de son ancien groupe, ce nouvel album a bien la patte de Thurston Moore. Il est par ailleurs tellement intimiste qu’il risque de ne pas en exister d’autres d’une telle force. Thurston Moore réussit à mêler épopées de plus de huit et onze minutes et envolées rock détonantes témoignant d’une jeunesse éternelle. La quête du géant est-elle arrivée à terme ? Après s’être allié avec nombre de styles musicaux pour créer le sien, Thurston Moore atteint le graal sonique avec The Best Day. La maîtrise des sons mais aussi de l’écriture est ici parfaite. Car Thurston Moore est un putain de poète : les mots claquent et leur interprétation est sublime. Vraiment, The Best Day est une Å“uvre que seul Thurston Moore pouvait offrir et dont on sort simultanément nostalgique et plus fort. Lui que la passion et l’obsession ont amené à produire un tel album comprendra celles que The Best Day peut engendrer en moi. Et pour cela comme pour tout le reste, je ne lui serai jamais assez reconnaissant.
Thurston Moore – The Best Day (Matador, 21 octobre 2014)
01. Speak to the Wild
02. Forevermore
03. Tape
04. The Best Day
05. Detonation
06. Vocabularies
07. Grace Lake
08. Germs Burn
Écrit par: Laurent Berthomieu
Matador The Best Day Thurston Moore
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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mat sur 02/11/2014
chouette review! j’adore cet album!