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Jusqu’à présent on connaissait Tomas More pour ses activités de DA du label Fondation Records et ses talents de DJ au goût assumé : plus noir que noir. Cette esthétique sonore caractéristique – vicieuse, parfois abstraite, souvent hantée – a donné lieu à une sortie récente sur le label berlinois Resopal Schallware (Body Count EP). Un point en quelques mots sur l’actualité de ce tout jeune producteur.
Tu ne peux pas y couper, première question, celle des présentations.
Je suis DJ et producteur français, parisien depuis plus d’un an, et je m’occupe de la DA et de la gestion du label de Danton Eeprom, Fondation Records, j’écris pour le blog Get The Curse et je viens de sortir mon premier maxi sur le label berlinois Resopal.
Ta façon de mélanger différentes sources musicales en un seul EP et/ou en un seul morceau voire en un seul mix donne des résultats souvent curieux, parfois même un peu monstrueux et pervertis. Est-ce que tu trouves que ces deux adjectifs collent bien à ton travail de producteur/de DJ ?
C’est toujours difficile de trouver des mots pour décrire la musique, surtout quand elle est faite instinctivement. Je ne fais pas « volontairement » une musique sombre ou étrange, ça me vient tout seul, je suis même surpris en me réécoutant parfois, je me dis : « C’est bizarre quand même la musique que tu fais…« .
Ça vient de mes influences, des musiciens que j’ai côtoyés et que je côtoie dans ce milieu. Danton a par exemple eu une influence importante sur moi ; on a ce goût commun pour l’inclassable et les choses un peu poisseuses. Ouais voilà , « poisseux » donc.
Je trouve que tes morceaux ont un potentiel « format chanson » avec l’utilisation récurrente de ces vocals dépitchés. Tu te verrais travailler sur des tracks où le chant est un élément à part entière ? Sans forcément parler de pop…
Encore une fois c’est une chose qui relève de l’inconscient, je n’ai jamais volontairement fait de morceau au format « pop ». Mais j’aime assez les tracks qui développent un type de récit, avec une certaine dramaturgie, même ultra minimaliste ou aride.
D’ailleurs, le morceau Body Count est un exemple des choses que j’aime faire dans un registre pas forcément pop mais non-dancefloor, on va dire. J’aime les maxis qui ont un morceau comme ça à la fin, un track étrange, indansable.
Et oui, je me verrais tout à fait faire un track où la voix est centrale. J’aime beaucoup utiliser des voix, ça rend cette musique plus personnelle, voire plus humaine, même quand elles sont déformées à l’extrême.
Tu écris depuis peu de temps pour GTC et tu es aussi impliqué dans le label Fondation Records ; on risque de te présenter comme un membre supplémentaire de cette « école » techno à la française qui a la côte actuellement. Ça t’inspire quoi ?
Je ne sais pas trop ce qu’on entend par « école techno à la française », je ne suis pas sûr que ça ait un sens. Get The Curse essaie justement de ne pas faire dans le parisianisme ou le franco-français en parlant de producteurs et de DJ internationaux sans favoriser la scène française plus qu’une autre, en parlant de la musique qui nous plaît sans parti-pris.
Idem pour Fondation : Danton et moi avons essayé de ne pas nous placer dans un héritage français trop évident, mais de faire quelque chose un peu à la marge, sans nous fondre dans les codes préexisants d’une soi-disant manière française de faire de la musique et d’en sortir. Fondation est d’ailleurs un label créé à Londres dont l’existence et l’identité sont fortement liées à cette ville.
Mais il y a effectivement une scène techno émergente qui semble dessiner la relève des noms qui règnent sur le paysage électronique national depuis de nombreuses années. Mes compadre Clément Meyer ou Darabi (lire l’interview) en sont de bons exemples, je pense.
Toujours grâce à cette place de choix que tu occupes dans le monde de la techno, j’imagine que tu reçois un paquet de promos. Quel regard portes-tu sur l’année écoulée en termes de productions techno/électro ?
Question tarte à la crème. C’est difficile de juger des choses comme ça, mais je pense qu’un constat me reste de cette année : le nombre exponentiel et hallucinant de sorties quotidiennes sur Beatport et ses kilomètres de musique sans surprise, sans personnalité.
Tu as vécu pendant un petit moment à Londres, tu es désormais à Paris… Qu’as-tu retenu de cette observation comparative des mÅ“urs de la nuit ?
Londres est très différent de Paris : les Anglais ont une vraie culture du clubbing avec ses bons et ses mauvais côtés. Ils sont plus fêtards et tolérants mais peuvent être plus bourrins aussi.
La dynamique que j’ai connue au moment où j’y vivais semble se poursuivre : les clubs mythiques sont en dangers ou ferment (fermeture de The End ou du T Bar, Fabric sur la sellette) et les soirées itinérantes ou éphémères grossissent au gré des hypes et utilisent à juste titre les espaces dingues dont la ville recèlent.
A Paris, la situation est plus stable, les piliers de la nuit ne changent pas (Rex, Social Club, Showcase). Les clubs « techno » sont peu nombreux mais les soirées alternatives commencent à se faire sentir ; les Die Nacht tentent par exemple de proposer autre chose que les clubs à physio où les verres sont hors de prix et l’ambiance adolescente. Il faut juste que les Parisiens se décident à sortir de Paris intra muros une bonne fois pour toute.
Tu peux nous parler du mix que tu nous a fait ?
J’ai fait ce mix sur Ableton Live. Il y a du récent et du moins récent, c’est dansant et un peu tordu.
Je te laisse le mot de la fin pour nous parler de tes projets…
Je prépare actuellement une salve de nouveaux morceaux pour un nouveau maxi, vous en saurez plus rapidement.
Et oui, je joue Chez Moune avec mes acolytes Clément Meyer et Loac jeudi 6 janvier pour une soirée que nous organisons intitulée « Dancing With Codes ». Et au Social Club le samedi 8 janvier.
Clément Meyer, Tomas More, Loac
Jeudi 6 janvier de 23h30 Ã 5h
Chez Moune
54, rue Jean-Baptiste Pigalle
75009 Paris
Écrit par: Nicolas
2010 Fondation records Tomas More
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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