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Ce qui faisait le cachet du premier single de Tristesse Contemporaine, 51 Ways To Leave Your Lover, c’était cette sirène traumatisante qui venait briser la coolitude trompeuse du morceau avant de basculer dans un final ambient-post-rock d’une grande pureté. Mais toute cette alchimie a été noyée dans un nouveau mix bourré d’effets superflus, et la sirène tout simplement retirée.
C’est ballot, comme disent les jeunes, d’autant que ce premier LP de trente-six minutes ne compte pas une multitude de moments forts à offrir parmi ses nouveautés. Mais de toute façon TC n’est pas un groupe à « moments forts ». L’album est un paroxysme de discrétion, d’économie, d’élégance – de snobisme aussi, mais avec un doigté à la française qui en fait un objet toujours sensuel. Pour ceux qui se demandaient ce que le groupe pouvait faire sur album, de manière assez prévisible on se situe dans une sorte de néo-cold-wave mâtinée de trip-hop pour lounge-bar glauque-chic. La production et le mixage sont tout en caresse, en retenue, donnant sa place à chaque élément avec une sobriété et une distance presque pompeuses étant donnée la petitesse des morceaux qu’elles servent. Et c’est bien ce qui rend ce disque attachant et vain : cette sensation très contemporaine d’être face à  quelque chose de vide et beau, d’inutilement précieux, où la musique ne se focalise que sur son propre minimalisme, par recherche de l’épure, ou par paresse.
Question contenu, on trouve quelques pépites : le vague-à -l’âme de ce sublime accord de synthé qui s’étire jusqu’à la fin d’Empty Hearts, l’électro-funk étroit de In The Wake, la dark-disco de I Didn’t Know, le downtempo épuisé de Hierarchies font tous leur effet. Les vocaux, que l’on doit à l’ex-chanteur d’Earthling (duo hip-hop anglais culte des 90’s), mais qui évoquent un Tricky famélique, sont suffisamment monocordes et absents pour ne pas gêner, et les autres morceaux assez insignifiants pour qu’on les oublie (si ce n’est le regrettable Daytime Nighttime, carrément hors-sujet). On pense parfois à la classe et à l’obscurité d’un Colder, mais avec moins de venin et de charisme, ou à l’amertume de The XX, mais sans la même innocence. Le sentiment qui prime est un peu celui qu’on peut avoir face à un film bien esthétisant de Sofia Coppola : ce détachement, cette pose absente, sont-ils un moyen de capturer une sorte d’aphasie universelle (cf. le nom du groupe, parodique mais touchant), ou seulement un cache-misère hype pour faire une Å“uvre faussement profonde avec une matière première cheap ?
Relire l’interview du groupe réalisée en 2010.
Tristesse Contemporaine – Tristesse Contemporaine (Dirty/Pschent, 2012)
1. Empty Hearts
2. In The Wake
3. Hell Is Other People
4. I Didn’t Know
5. Hierarchies
6. Daytime Nighttime
7. 51 Ways To Leave Your Lover
8. America
Écrit par: Thomas Corlin
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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