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We love Plastikman, Paris, la Grande Halle de la Villette, le 8 Mai 2010
Les dernières grosses soirées techno sur Paris n’ont pas donné tout ce qu’on attendait d’elles. Un pur échec par-ci (Gala des 25 ans d’Epita qui devait rassembler un plateau techno monstrueux à la Cité des Sciences et qui s’est fini dans un sombre domaine en banlieue parisienne), des détails mal maîtrisés par-là (système son digne d’une boum pour la récente Die Natch Party dans un cadre pourtant magnifique). Armé de son savoir-faire dans le domaine et d’une ambition raisonnée, We Love nous proposait un plateau de caïds en ce 8 mai. Résurrection cachetonnée (paraît-il) de Plastikman et étalage d’une techno tout-terrain ou presque (Troy Pierce, Marc Houle, Magda). Une somme égale de DJ-sets et de prestations live pour environ 7h de musique non-stop.
Arrivé vers minuit et demi sur les lieux, je croise les premiers revendeurs de billets à peine sorti du métro. La soirée affiche soldout, l’offre et la demande ont du mal à s’acoquiner en dessous de 50 euros la place. Ça tombe bien, un paquet de marlous et de ladies proposaient déjà beaucoup plus pour l’obtention du fameux sésame plus tôt dans l’après-midi sur l’internet français.Pas de surprise, à l’entrée c’est la queue. Et j’ai l’impression que tout le monde vient se mettre bien à la Grande Halle de La Villette : des étudiants des Beaux-Arts, des mecs abstraits qui kiffent la musique abstraite (des fans de Plastikman en fait), « des vieux de la vieille » selon l’expression consacrée, des bandes qui viennent des zones 3 et 4… C’est la teuf, certains se sont mis sur leur 31, d’autres pas. En avant toute.
A une heure du matin, ça fait déjà vingt minutes que je regarde Troy Pierce mixer ses mp3s. Je respecte infiniment ce mec pour sa musique mais également pour avoir proposé un jour à un individu peu recommandable de « chanter » sur sa techno élastique et brumeuse. Tapez Gibby Miller suivi de Boston Hardcore sur Google, vous verrez par vous-même. Comme dit précédemment, j’aime profondément le duo qu’il forme avec Gibby (Louderbach), c’est statique sans être chiant. Sans mentir, je venais principalement pour Troy. Trois heures de mix, je suis servi. J’ai le temps de contempler l’offre de liquides champagnisés servis dans des coupes factices. On rigole pas chez We Love.
Photos © Julien MignotLa piste de danse est large et profonde. Le système son est honnête. Un bémol, il manque néanmoins dans le mix façade tout ce qui fait le liant entre le kick et les basses (merci le mix mp3) : une zone malléable qui désosse le groove selon moi et retire toute puissance aux morceaux une fois que l’oreille est faite au volume sonore (rassurez-vous, on reparlera de ce fameux liant un peu plus bas). Je m’envole néanmoins sur son mélange quand il commence à passer des sons faits de séquences cabossées, de lignes de basses malveillantes et de parties vocales pitchées à mort dans les graves. C’est ce que je recherche dans la techno. Je ne m’y retrouve malheureusement que très rarement. Ses enchaînements cassent parfois la dynamique du set. La sélection est agréable sans être transcendante.
Je monte sur la passerelle pour observer le roulement Troy Pierce-Marc Houle. Je constate également que les choses se passent des qu’on s’élève. Des têtes connues de personnes en tout genre qui faisaient, font ou feront la nuit parisienne.
Applaudissements pour Troy et voilà Marc Houle qui débarque avec une constante techno : la scénographie la plus naze au monde ; à savoir un mec derrière un laptop et une console. Marc démarre fort avec Yonkers, un morceau récent qui clôturait son EP Salamandarin. Ce morceau résume bien sa techno-montagne russe avec une bassline concise qui lance chaque mesure des motifs sonores qui se gonflent et se dégonflent. Le malaise, c’est que je n’entends que les basses. Le kick me paraît parfois cotonneux, les médiums et les aigus étouffés dans le pré-mix. Et ça dure, Marc massacre son hit Techno Vocals. Je ne discerne pas du tout les voix en questions. Déception. Même le remix de Battant ne me procure que peu de plaisir. Ça se finit comme ça avait commencé.
Photos © Julien MignotGros blanc (ou plutôt gros noir total dans la salle), on change de plateau, le rideau tombe, tout le monde gueule et voilà Plastikman. Enfin, d’un premier abord personne ne discerne Richard camouflé derrière son 16/9ème géant. Les mecs et nana qui ont déboursé le triple du billet au marché noir ne le savaient peut-être pas mais le running order de la soirée prévoyait une heure de Plastikman centrée autour du recrachage live de Closer. Une ligne horizontale rouge parcoure l’écran au rythme de la voix pitchée de l’énorme Ask Yourself. Honnêtement, je ne suis pas un grand fan de Plastikman. Seulement 5 ou 6 morceaux de sa discographie me font lever le cul de ma chaise. Mais là je dois m’incliner. Il s’agit ici d’un live total. Le son est énorme. Le fameux liant entre le kick et les basses se fait bien ressentir, le volume sonore est monté d’un cran. Les nappes sont prodigieuses. Les lignes de programmation déclinent des rythmes pas forcément cadencés pour le dancefloor. Il ne se passe parfois pas grand-chose mais même dans le minimalisme, Richie pousse tout à fond. C’est une façon d’appréhender les choses qui me plaît. En résumé, j’ai aimé pour les textures, un peu moins pour la musicalité mais l’essentiel est là . Au final, Plastikman dépasse l’heure qui lui était donnée et termine à la cool avec sa console et des boucles acides qui font mal devant une animation vidéo super geek-cheap à la Matrix.
Le changement de plateau prend bien dix bonnes minutes. Magda apparaît, décontractée et fraîche (c’est une impression). J’avais déjà un peu lâché lors du changement de plateau donc je me laisse porter par sa sélection ronde, peut-être plus légère et house que les prestations de ses collègues masculins (c’est toujours une impression). 5h15, je suis toujours sur la passerelle où des personnes de plus en plus chelous déambulent, et je vais dans le sens de cette blonde à qui je ne pourrais donner d’âge qui m’apostrophe en me disant « Comment tu veux qu’on reconnaisse nos potes dans ce bordel ?» tout en ayant du mal à s’accrocher à la rambarde. Elle semble n’avoir saisi que tardivement les enjeux de la soirée.
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Écrit par: Nicolas
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Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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akitrash sur 29/05/2010
Merci à Nico pour le report! :)