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Notre activité d’organisateur de soirées nous demande parfois de replacer nos critères artistiques dans une démarche hyper terre à terre qui se résume souvent ainsi : « On a un groupe parisien crédible pour une première partie ?« . Notre intérêt pour BLWBCK est le produit par ricochet de ce questionnement. Un de leurs artistes, Appalache, s’est placé en tête de nos post-it listant ces oiseaux rares. Positionné en soutien de projets musicaux en développement, BLWBCK a récemment étendu sa visibilité à des sorties physiques sous forme d’éditions limitées de cassettes. Appalache donc, mais également Noir Coeur et Metal Alvin sont de ceux-là .
Nous avons pu discuter avec Romain, Simon et Adrien des conditions de création de leur label ainsi que des conditions d’existence de ce genre d’entreprise.
La première des questions, simple mais indicative : comment doit-on prononcer le nom de votre label ?
Romain : Il suffit d’ajouter les voyelles et ça donne « BLOWBACK ».
Y a-t-il des dates ou des évènements importants dans votre démarche de création du label ?
Romain : L’évènement vraiment déclencheur est la sortie de la première cassette fin décembre 2011. On a tout vendu en trois jours, et du coup on s’est dit que ça valait le coup de se lancer à fond. Depuis qu’on est passé à quelque chose de physique, on se voit cruellement comme un label, on fait des réunions, des plans promo, alors qu’avant on était plus une étiquette sur un mp3. C’est ce premier succès qui nous a vraiment motivés à passer le cap.
Simon : Comme dit Romain, le « succès » de notre première sortie nous a motivés à nous lancer, mais c’est aussi l’amitié qui nous lie tous les trois qui a été motrice dans la démarche à la base de BLWBCK.
Romain : Et même au-delà de notre amitié à tous les trois, les artistes que l’on sort sont des amis proches et donc il y a aussi ce côté grande famille.
Diriger un label à trois, est-ce quelque chose de simple ? Est-ce que l’on peut parler de rôles arrêtés pour chacun d’entre vous ?
Simon : C’est plutôt simple dans le sens où on est complémentaire, les tâches se répartissent naturellement.
Romain : C’est bien pour la dynamique du label de pouvoir se répartir le travail ou se passer le relais. En général, on redistribue les rôles à chaque sortie.
Adrien : Et puis, il y a une certaine émulation à trois têtes car la création d’un label part avant tout de la volonté d’échanger et de partager de la musique, ce que nous faisons avant tout entre nous.
Vos deux dernières sorties sont limitées à 44 exemplaires K7. C’est un choix dicté par le « marché » potentiel de la musique que vous sortez, ou plutôt un moyen de vous projeter rapidement d’un projet à l’autre ?
Simon : C’est effectivement plus confortable pour nous en termes de stock et de gestion de l’aspect financier des différentes sorties, et la K7 est aussi un média que l’on aime et qui permet beaucoup de possibilités en matière d’artwork et de packaging. Et vu que tout est »fait-main » dans nos sorties, on se concentre sur des petites séries en essayant de faire des objets DIY qui ont de la gueule.
Romain : C’est un mélange de plusieurs facteurs. L’aspect économique nous permet de sortir n’importe quoi sans avoir peur de parler chiffres de ventes, nos choix restent artistiques et on peut faire ce qu’on veut. Nos prochaines sorties vont rester en dessous de la centaine de copies, ça permet comme tu le dis de se projeter rapidement d’un projet à l’autre, et on en a beaucoup. Mais au-delà de tout ça, j’aime le son, cette chaleur de l’analogique et ses petits crépitements. On fait partie de la génération qui a connu les cassettes, et ça me renvoie à mon adolescence. Sur les stands, les gens sont parfois étonnés ou émerveillés que ça existe encore et on a déjà fait ressortir pas mal de baladeurs des placards.
Avez-vous trouvé un peu de résonance à ce que vous sortez ici, en France ?
Romain : On a sorti le premier single de Noir CÅ“ur cet été et on peut dire qu’il a plus que marché, puisque six mois après le groupe s’est retrouvé sur la scène du Nouveau Casino pour son premier concert. SaÃ¥ad a reçu également un très bon accueil, mais là c’est clairement plus à l’étranger, autant en termes de public que de presse, même si tout ça est en train de changer, du moins localement. La plupart de nos commandes et de nos contacts viennent des États-Unis et du reste de l’Europe, mais on espère que cela va changer car il y a clairement un public pour ces musiques en France.
Quelles sont les voies de développement du label ? Aller vers d’autres esthétiques sonores ? Des collaborations avec d’autres labels ? D’autres formats à exploiter ?
Simon : Quelques projets plus axés « musiques extrêmes/alternatives » sont en préparation, BLWBCK va bientôt révéler son côté obscur. Pour les collaborations, c’est déjà le cas avec Blonde Records pour le Metal Alvin. Cela dépendra des artistes, je pense, et des projets.
Romain : On va continuer à sortir des choses sans se soucier des étiquettes, mais le printemps va être noir, c’est sûr ! À plus court terme on sort deux projets parisiens, Karelle et son nouvel EP Disparition de Mu & Vu, une musique électronique remplie de spleen et l’album de Painting By Numbers, du math rock hybride et improvisé qui regroupe leur premier EP augmenté de trois titres bonus.
Si vous deviez évoquer un disque du label ?
Romain : Dur de choisir ! Je dirai le Metal Alvin. Je suis tellement fier d’avoir sorti l’album de Molly ! Je l’ai rencontrée dans un bar à Manhattan à l’époque où elle jouait dans l’un des groupes de Brooklyn les plus sous-estimés, The Love Story. Elle me parle de son album depuis plus d’un an, mais comme elle est du genre assez timide j’ai du lutter pour écouter le disque. Quand j’ai pu enfin le récupérer, j’ai pris une claque monstrueuse. Cet album est tellement beau, simple et précieux à la fois.
Simon : Une de nos futures sorties sera le premier disque de Nereids, un one-man-band derrière lequel se cache Charles de Sed Non Satiata. Neireids pourrait être assimilé à une certaine frange du black-métal US, très introspectif, sombre, mélodique, et chargé de désespoir.
Adrien : Le premier EP de Papy Slow devrait sortir avant la fin du printemps sur BLWBCK, un projet de chopped and screwed très inventif, revisitant des classiques des années 80, mettant en exergue le meilleur de cette esthétique très typée.
01. Painting By Numbers – Banana Ray
02. Karelle – Visite Écourtée
03. Noir CÅ“ur – Hizzouse
04. Metal Alvin – Water Silver
05. Metal Alvin – Breaking
06. Appalache – Dimensions Of Truth
07. SaÃ¥ad – Missing Parts (Jam VI)
08. Stitched Vision – Glass Palace*
09. Demdike Stare – Hashshashin Chant*
10. Papi Slow – After All
11. Do Make Say Think – The Landlord Is Dead*
* Titres non parus sur le label.
01. Painting By Numbers – Banaray Ray
Un des trois titres inédits de la réédition du 2008-2009 de Painting By Numbers. Comme le reste, c’est issu des sessions live et improvisées enregistrées entre 2008 et 2009.
02. Karelle – Visite Écourtée (BLWBCK, 2012)
Premier extrait du nouvel EP, Disparition de Mu & Vu. On retrouve son électronica lente et ‘spleenesque’, mais comme on peut l’entendre sur ce titre, une grande place a été laissée à la voix et aux mélodies.
03. Noir CÅ“ur – Hizzouse (BLWBCK, 2012)
Extrait du premier EP de Noir CÅ“ur, Jahnimal. Derrière ce titre énigmatique, des nuages de voix et de synthé sur un beat chaloupé. Une impression d’été en slow motion.
04 & 05. Metal Alvin – Water Silver/Breaking (BLWBCK, 2012)
Les deux chansons qui ouvrent l’album de Molly et qui illustrent parfaitement cet opus aux multiples facettes : pop, noise, lo-fi, folk…Et puis cette voix…
06. Appalache – Dimensions Of Truth (BLWBCK, 2012)
Extrait de l’album Fue de notre ami Julien Magot sorti le mois dernier et déjà épuisé. Son disque le plus sombre et aussi le plus électrique.
07. SaÃ¥ad – Missing Parts (Jam VI) (BLWBCK, 2011)
Extrait de l’EP Delayed Summer sorti en décembre dernier, compilation d’improvisations enregistrées à l’été 2011.
08. Stitched Vision – Glass Palace (Eternal Solitude, 2011)
Romain : J’aimerais vraiment qu’on travaille avec lui… S’il nous écoute… J’ai écouté ses cassettes en boucle et je ne jetterais rien. J’ai essayé de le contacter plusieurs fois sans succès.
09. Demdike Stare – Hashshashin Chant (Modern Love, 2011)
Adrien : Une discothèque avec un sol bien dégueulasse.
10. Papi Slow – After All (BLWBCK, 2012)
11. Do Make Say Think – The Landlord Is Dead (Constellation Records, 2000)
Simon : Simplement parce que Constellation fait partie de nos modèles… Ou plutôt un idéal impossible à atteindre…
Écrit par: Nicolas
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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