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Who are you Visage Musique ?

today27/02/2013 40

Arrière-plan
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Appréhender Visage Musique, c’est être subjugué par la beauté et la cohérence d’une compilation, leur première. Tenter de s’immiscer dans le monde de Visage Musique, d’en démasquer les contours, c’est contacter Dino Secondino. Et questionner Dino, c’est attendre les réponses d’un collectif de groupes - Gold Zebra, Brusque Twins, Tony Cops, Police des Moeurs et Violence -, unis et soudés autour de leur existence comme label. Pas d’entremetteur donc, mais un relatif et excitant anonymat pour ce label montréalais initié en août 2010 via un premier EP de Gold Zebra, et dont la discographie s’est récemment étoffée par le biais d’un split 7″ de Police des Moeurs et Frank (Just Frank) (lire) et d’un maxi de Violence – dernier groupe ayant rejoint la micro-structure -, défloré cette semaine à peine (lire). Mais questionner Dino, c’est aussi penser plus que consciemment au truculent Bernardino Femminielli (lire ici et là), qui partage, outre la feuille d’érable et la consonance transalpine des noms d’emprunt, un irrépressible attrait pour une musique européenne, mélange d’italo-disco et de synth-pop, le tout sur fond d’atmosphères rétro-futuristes. Bernardino m’expliquait ce choix, que l’on fera leur, signifiant un amour certain « pour la sensualité des ambiances des discothèques et des pulsions de la musique disco ». Pourquoi ? « C’est une musique qui possède une base assez simple pour la complexifier à sa guise ». Visage Musique est ainsi assimilable à ces curieux anachronismes avant-gardistes revisitant une esthétique minimaliste eighties – musicalement grimée aux sons de synthétiseurs d’époque et graphiquement froide et épurée – tout en conservant une tonalité résolument moderne, voir post-mortem, Police des Moeurs se définissant tel « un moment transitoire vers un monde post-technologique et post-écologique ». Contrebalançant adroitement la rigidité d’une image déshumanisée propre à l’ère digitale par une certaine dose d’humour et d’auto-dérirision – leur blog en atteste – et par la récurrente volonté de se produire sur scène, chaque groupe délaye à sa manière une palette de sentiments qui en font sa spécificité au sein du label : il en va de la magie noire et sensuelle des deux Brusque Twins, de la mélancolie d’alcôve propre à Gold Zebra – en concert le 7 juin prochain à Paris -, de la vindicte acide de Police des Moeurs – s’invitant cette année le temps d’un EP sur Atelier Ciseaux -, de l’érotisme feutré du duo Violence ou encore de l’hédonisme ludique d’un Tony Cops auteur d’une mixtape à (re)découvrir ci-après et dont le tracklisting révèle deux inédits du futur LP de Gold Zebra.

Audio

01. Gold Zebra – Love, French, Better
02. Gold Zebra – Dark Musique
03. Brusque Twins – Speaking in Colors
04. Brusque Twins – What Else Is There to Say
05. Tony Cops – Eventide
06. Tony Cops – Umberto
07. Police des Moeurs – La Politique de la division
08. Police des Moeurs – Incertitude et démission
09. Police des Moeurs – Monde Fallacieux
10. Violence – Façades

Entrevue avec Dino Secondino

D’où est venue l’idée et la volonté de créer Visage Musique ? Quels sont vos modèles et influences ?

C’est en voyant l’engouement pour notre musique à l’étranger ainsi que le manque d’intérêt du public et des médias montréalais que nous avons eu l’idée de créer VM. En nous regroupant, nous voyions l’avantage de s’associer entre groupes locaux, autant pour la facilité de bâtir une confiance entre tous, mais aussi la possibilité de faire la promotion de la musique sous cet angle, organiser des spectacles…

Nous ne suivons pas de modèle pré-établi, car y en a-t-il un encore aujourd’hui ? Pour ce qui est des labels qui nous ont influencés, il y a d’abord Factory pour l’esthétique et le travail graphique. Certains labels français comme Kitsuné et Tigersushi nous avaient impressionnés par leur approche « boutique » et une sélection raffinée. Nous aimons beaucoup les labels qui s’efforcent de faire de bon repress de disque maintenant cultes comme Minimal Wave et .

Peux-tu nous expliquer la signification d’un tel nom, Visage Musique ? Est-ce lié à cette obsession de donner corps à l’immatériel, le digital ?

Effectivement, (le) Visage est la somme de notre identité commune, l’interface avec laquelle nous présentons notre musique. L’idée de travailler face à face, sous une identité commune, semblait être bien exprimée de cette façon. Nous voulions un nom en français pour illustrer notre identité montréalaise francophone, même si paradoxalement le nom a été suggéré par un de nos membres anglophone (Derek de Brusque Twins) !

Le fait d’être basé à Montréal n’est-il pas un avantage conséquent quand on veut faire vivre ce type de structure ?

Oui dans la mesure où Montréal est reconnu pour sa créativité et son rayonnement à l’international. En revanche les scènes sont nombreuses mais petites, donc il y a d’une part un travail rassembleur à faire, et d’une autre la nécessité de s’exporter.

Les groupes du label semblent proches aussi bien esthétiquement qu’humainement. Visage est-il tourné vers ce qui se fait ailleurs, comme le laisse penser la collection de split entamée avec Gold Zebra et Police des Moeurs ? Y-aura-t-il un jour des artistes étrangers ? 

C’est une question que nous nous posons toujours. Serait-ce dévier de nos intentions initiales ou plutôt manquer l’opportunité d’offrir cette modeste plateforme à d’autre, puisqu’elle existe ? La série de splits 7” donne un début de réponse à cette question tout en reflétant les liens que nous avons tissés avec des groupes étrangers.

Comment définis-tu l’esthétique musicale et graphique du label ?

L’esthétique graphique minimale vient du désir de mettre la musique à l’avant-plan. Tous les groupes ont leur propre style et influences, mais l’utilisation des synthétiseurs, le contexte sonore rétro et la mélancolie définissent l’homogénéité entre les groupes, le son VM.
Visage compte aujourd’hui neuf sorties physiques. Votre mode de production est essentiellement DIY.  Pouvez-vous décrire votre fonctionnement ? 

Le design graphique, l’assemblage et le shipping des releases se font de manière collective. Nous avons trouvé notre vitesse de croisière avec la sortie des derniers 7″. Le cycle de fabrication des disques vinyles est de plusieurs semaines, ce qui nécessite un ajustement si on a l’habitude de faire des sorties mp3 ou CD.

Gold Zebra, Brusque Twins, Police des Moeurs, Tony Cops… Peux-tu nous présenter les artistes du label ?

Gold Zebra : amoureux et pourvoyeurs de disco noir bouleversante et déchirante. Parfois en français, parfois en anglais, ils célèbrent le passé, entourés d’instruments analogiques, de mélodies et de mélancolies.

Brusque Twins : perdus quelque part dans la captivité d’un vol chamanique, les Brusque Twins refont occasionnellement surface, offrant des morceaux d’eux-mêmes, nous donnant ainsi un bref aperçu de l’émotion fervente de leur esprit venant d’un monde lointain.

Police des Moeurs : groupe de musique pop synthétique fondé à Montréal qui propose une musique froide, mélodique et nostalgique pour les coeurs brisés et les âmes noires. Police des Moeurs est la trame sonore de la nuit nucléaire, un moment transitoire vers un monde post-technologique et post-écologique.

Tony Cops : un projet solo sous un pseudonyme, célébrant le côté leftfield des productions discos électroniques du début des années 80.

Quels sont les projets immédiats et futurs du label ? 

2013 sera l’année des LP ! D’abord avec le premier long jeu de Gold Zebra en mai, suivi du premier LP des Brusque Twins dû pour la fin de l’année. Gold Zebra et Police des Moeurs planifient présentement des tournées européennes pour l’été. La série de splits 7″ se poursuivra avec VM09 et VM10. La compilation Volume II est aussi prévue pour la fin de l’année.

La première compilation Visage Musique donne un seul indice en la personne de Femminielli. Quels sont les amis de Visage Musique ?

Nous avons partagé la scène avec plusieurs groupes d’ici et de l’extérieur comme Automelodi (lire), Chevalier Avant Garde, Digits, Frank (Just Frank), Dream Affair, Martial Canterel (lire) et Kontravoid. De plus nous avons développé de bonnes relations avec des groupes comme The Golden Filter, Soft Metals, Neud Photo et aussi avec l’excellent blog de Toronto Silent Shout, ainsi que le label français Chez Kito Kat.

Écrit par: Thibault

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