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On y était : les 15 ans de Born Bad (la boutique), 30 mai 2014, La Machine.
Born Bad, c’est notre fierté rock nationale. Un magasin de disques ouvert à l’aube de l’an 2000 à Paris par trois amis désireux de réhabiliter les mauvais élèves des cours d’histoire du rock’n’roll : garage, punk, hardcore, post-punk, et la petite soeur dépressive, cold waave. Puis un label créé sept ans plus tard par un ami de la boutique en colère après la frilosité de certaines radios et majors. JB Wizz redessine d’abord la carte de France des années cinquante à nos jours en compilant les oubliés de l’Hexagone et signe ensuite les futures grandes figures de notre pays. Résultat : Born Bad est devenu en France le prof principal d’une classe perturbatrice mais franchement attachante comme on a pu le constater lors d’un week-end sur la route avec le délégué Frustration (lire).
Pour fêter 15 ans de bons résultats de la boutique de disques, une sortie est organisée… à la Machine du Moulin Rouge. Après le concert Born Bad Goes Pop il y a quelques jours au Point Éphémère, on nous fait cette fois le coup de la soirée Born Bad Goes Electro ? On hésite à y aller avant même d’avoir vu le programme. Et au programme, pas de Cheveu ! Le Cheveu que tout le monde s’arrache en ce moment aurait pu assurer le sold out des semaines avant le festival. C’en est trop, on demande à voir l’organisateur. La veille, on rend donc visite à Mark dans sa boutique de la rue Saint-Sabin à Paris. « Il aurait pu y avoir Cheveu, ouais. Après, ils ont fait leur release party y’a pas longtemps et comme c’est les 15 ans de la boutique, je voulais pas qu’il y ait trop de groupes du label. J’aurais pu faire jouer beaucoup plus de groupes Born Bad mais je voulais faire un peu différent. » Effectivement, sur les sept groupes présents, un seul est labellisé Born Bad : Frustration. Mais Mark, tu es aussi batteur de Frustration… « que j’ai programmé pas du tout parce que je joue dedans, mais parce que c’est une des meilleures ventes de la boutique. Donc c’est un peu normal qu’ils fassent partie des 15 ans. » Le gérant-batteur-organisateur a longtemps planché sur sa copie : « J’ai voulu faire venir des groupes que j’aime et qui reflètent aussi l’identité de la boutique. » Coupez ! On en est.
Intensité, transpiration, technique, engagement… Coup gagnant de Born Bad. 1 000 spectateurs sur le Central pour assister à la performance de Frustration. 1 000 personnes, c’est la capacité maximale du Central, la grande salle de la Machine. Mark aurait donc pu voir encore plus grand. Si on est allé l’interroger la veille, c’est qu’on se doutait aussi qu’on ne ferait que le croiser ce soir. C’est d’ailleurs le cas avec la plupart des groupes. Kid Congo veut voir Frustration, Frustration ne veut pas rater Kid Congo… Après avoir fait transpirer 400 personnes dans la Chaufferie et ce dès 22h, Pierre & Bastien veulent bien se prêter à une interview. Pas évident d’ouvrir la soirée, non ? « On pensait qu’il n’y aurait personne et que ça arriverait plus tard. On était agréablement surpris. Le public était enthousiaste et réactif. C’était pas mal, non ? » Si c’était pas mal ? Les mecs, vous êtes nos chouchous, vous le savez. Ce soir, on vous donne une image en récompense de la fin jouissive de Twist. Quand on finit par leur demander s’il y a des groupes qu’ils souhaitent voir en particulier, ils énoncent un peu tout le monde. D’ailleurs, ils sont en train de rater Dictaphone. On s’entend bien avec eux, on va pas faire nos Nelson Montfort, alors on coupe court et on fait comme tout le monde, on va voir les concerts. On embarque dans la grosse Machine et on survole les différentes villes et périodes qui ont fait et font le rock’n’roll. Born Bad tient son nom de compilations de morceaux des 50’s et 60’s qui ont influencé The Cramps. The Cramps n’est plus mais il reste leur guitariste Kid Congo, également membre fondateur du Gun Club. Mark s’est fait plaisir et nous fait honneur. Ce soir, l’emblème du rock garage est accompagné des Pink Monkey Birds. Autre gros gabarits : Shannon Shaw, membre de GravyTrain!!! et de Hunx and his Punx (elle est Hunx). Tout ce beau monde fait danser le public dans le plus pur esprit garage rock.
On reprend notre voyage dans le temps pour se retrouver aspirés dans une faille spatio-temporelle : avec Mama Rosin, le blues du Mississippi croise la musique cajun de la Louisiane. On a comme une envie de bourbon. Alors qu’on baigne déjà dans des eaux marécageuses, on nous annonce un ouragan dans la salle d’à côté. On a beau avoir vu plus d’une fois Frustration en concert, on dénombre toujours autant de traumatisés à chacun de leurs passages. On monte sur scène et on commence à filmer pour pouvoir en témoigner plus tard. On n’en croit pas nos caméras : Frustration déverse son post-punk et crée une marée humaine. C’est l’hystérie. On ferme nos caméras et on les met à l’abri. Après le chaos, on s’attable avec le bassiste Patrice qu’on n’a pas vu depuis la tournée à Liège et Cologne. 1 000 fans, c’est impressionnant, non ? « Ouais. Eh, les gars, depuis la dernière fois qu’on s’est vus, on a joué à Moscou devant 30 personnes ! Le public connaissait les paroles par cÅ“ur ! C’était incroyable ! » Humilité. On est heureux de te revoir, Pat. Il est 2h, il y a toujours autant de monde sur la piste du Central mais cette fois c’est le public la star. Il est mis à contribution à l’occasion d’un concours de danse rock orchestré par le DJ Jonathan Toubin. Depuis la scène, un jury composé de membres des différents groupes scrute les performeurs puis attribue le prix du meilleur danseur à un jeune homme qui repart avec 100Є. Qui repart, manière de parler. Car la soirée n’est pas terminée. Enfin, pour nous, elle l’est. C’est qui, les mauvais élèves ?
Écrit par: Laurent Berthomieu
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Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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