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La plupart du temps, la seule prononciation du mot Always nous est synonyme de serviettes hygiéniques. Au final, nous n’en sommes pas si loin, tant le nouvel opus des Californiens de Xiu Xiu semble se gorger de sang. Une redondance malsaine, maculant une pop loin d’être proprette, éponge des sentiments délabrés et des expériences malheureuses d’un Jamie Stewart dont les névroses nous sont dévoilées sans retenue. Une recette qu’il érode sur neuf albums indispensables, sans aucune assonance ni verbiage, faisant fi d’une originalité à toute épreuve, plongeant peu à peu l’auditeur dans un univers aussi morose que délectable. Se réinventer tout en restant constant, tel pourrait être le secret de la longévité de Xiu Xiu. Il faut dire que Jamie Stewart sait tirer le meilleur parti de ses collaborateurs. Il confie une nouvelle fois la production de son dernier bébé à Greg Saunier, légendaire batteur du groupe Deerhoof avec qui il partageait autrefois le même label, mais surtout ce goût impétueux pour les mélodies expérimentalo-grotesques. On retrouve également au casting de ce nouvel opus la magnifique et charnelle Angela Seo, déjà partenaire dans le crime de l’excellent Dear God, I Hate Myself, mais également Zac Pennington, leader incontesté de Parenthetical Girls et proche de Stewart, embrassant le même amour de la controverse.
À peine entré dans le vif du sujet, Stewart nous invite, autour d’un Hi répulsif, à prendre le siège du psychanalyste et à écouter ses complaintes colorées, sublimées d’une horreur euphorique coulant le long de sa voix timide. Une synth-pop éraillée et acide, dissimulant parfois les instances macabres  de Joey’s Song et de Beauty Towne – ce dernier faisant d’ailleurs écho au morceau Clowne Towne, figurant sur l’essentiel Fabulous Muscles. Et bien que l’on soit fan de ces atmosphères bordéliques et borderline, ce sont finalement les complaintes mortifères du groupe qui nous touchent le plus. De la ballade faussement folktronica mais vraiment tordue Honey Suckle à la danse obscure des arpèges de Factory Girl, Xiu Xiu triture nos sens, laissant notre âme totalement cabossée. Et c’est toute l’histoire de cet Always, qui provoque chez l’auditeur des traumas sonores délectables (I Luv Abortion) qui n’ont d’égale que la noirceur des fables devenues la marque de fabrique du groupe de San José. Les furieux labours anaux d’une tendre chanson d’amour finissant dans le meurtre le plus craspec, entonné sur des rythmiques gymnastiques, des entrelacs de bidouillage électronique dissonant et de mélodies lo-fi débraillées bien qu’acoustiques. Des formules certes mille fois entendues, mais dont le degré de fascination semble ne vouloir cesser de nous torturer avec le temps… Des titres comme Chimneys Afire et Gul Mudin se positionnent non seulement comme au centre névralgique de ce nouveau monument musical, mais bâtissent aussi un nouveau palier architectural et viscéral dans la carrière déjà très riche du groupe californien.
Alors dire que le dernier album de Xiu Xiu surprend serait mentir, mais en ont-ils vraiment besoin, tant Jamie Stewart nous assène avec régularité d’ovni discographiques aussi audacieux que de première nécessité. Et une fois de plus, notre croquemitaine de la pop-expérimentale ne nous fait pas faux bond, nous offrant un recueil de poèmes lacérés aux barbelés, parfumés aux chrysanthèmes et au foutre.
Xiu Xiu– Always (Bella Union, 2012)
01. Hi
02. Joey’s Song
03. Beauty Towne
04. Honeysuckle
05. I Luv Abortion
06. The Oldness
07. Chimneys Afire
08. Gul Mudin
09. Born to Suffer
10. Factory Girls
11. Smear the Queen
12. Black Drum Machine
Écrit par: Akitrash
Hier, sans aucune forme de prétention, nous cherchions à transcrire et à réfléchir notre époque. Curieux et audacieux, défricheur passionné, nous explorions sans oeillères et à travers un contenu éditorial toujours riche
et exigeant l’ensemble des strates qui composaient le monde bouillonnant de la musique indépendante, ses marges souvent nichées dans le creuset du web comme le halo médiatique qui entourait certains. Mais çà c’était avant. Aujourd’hui, on fait ce qu’on peu !
dieu vous le rendra….
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