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The Black Angels – Phosphene Dream

today25/09/2010 249

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the-black-angels-phosphene-dreamPlongé dans une semi-obscurité, fixer la lumière puis les lignes géométriques qui se détachent sur le carton : blanc, noir, orange, vert, rouge, bleu. Les courbes, les pleins et les déliés, les arêtes sans commencement ni fin. Observer les cercles jusqu’à ce qu’ils tournent sur eux-mêmes. Prochain arrêt : le mur et ces roues qui continuent de virevolter devant les yeux – les phosphènes – jusqu’à finir par s’estomper complètement. L’obscurité à nouveau.
C’est à peu près ce qu’on risque à trop regarder la pochette du troisième album de The Black Angels, très justement nommé Phosphene Dream. Cette dernière, dessinée, comme les deux précédentes, par le guitariste Christian Bland, est un véritable piège pour les yeux, un labyrinthe bicolore hypnotisant dans lequel on a vite fait de se perdre – comme si le groupe avait voulu qu’on ne détache jamais le regard de leurs disques. Si l’on considère ne serait-ce que les deux premiers essais du combo texan, odes monolithiques au psychédélisme de 13th Floor Elevator et au Velvet Underground, ce n’est pas une si mauvaise idée. Mais prenez soin de bien chausser vos lunettes, car les Anges Noirs n’ont pas encore dit leur dernier mot.

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Manifestement bien décidé à se rappeler à notre bon souvenir tous les deux ans, le quintet d’Austin entre cependant dans une nouvelle ère avec son dernier album : après quatre années prolifiques chez Light In The Attic Records, il a désormais rejoint l’écurie Blue Horizon – qui connut son heure de gloire il y a quelques dizaines d’années avec Fleetwood Mac – et s’est adjoint pour la première fois les services d’un producteur en la personne de Dave Sardy, qui compte à son tableau de chasse des noms aussi prestigieux que Johnny Cash, Oasis, Wolfmother ou encore LCD Soundsystem. Les Black Angels ont également innové en quittant pendant six mois leur cité d’origine pour aller se perdre dans les studios de Los Angeles. Le résultat de ces bouleversements ? Un album deux fois plus court, deux fois plus optimiste et, à vue d’oeil, au moins cinq fois plus varié que ses prédécesseurs, certes extrêmement cohérents mais qui avaient l’inconvénient de se perdre parfois dans des envolées spirituelles interminables. Si on y retrouve les influences de toujours – The Brian Jonestown Massacre, Spacemen 3, The Warlocks, et le moins grabataire Black Rebel Motorcycle Club -, le soleil californien semble avoir tapé à profit sur le crâne d’Alex Maas, dont le chant et la diction réveillent avec brio le souvenir du fantôme de Los Angeles et du Père Lachaise. Dès le deuxième titre, Haunting At 1300 McKinley, c’est bien en effet une version plus moderne de Jim Morrison que l’on entend. C’est aussi le cas sur River Of Blood, d’une façon presque troublante. Le génie des Doors semblent avoir également rejailli sur les claviers ensoleillés de Sunday Afternoon qui scellent définitivement l’image sombre et torturée que l’on se faisait des Black Angels – vont-ils penser à se rebaptiser ? Ils opèrent néanmoins un léger changement de direction avec Entrance Song, dont les choeurs rappellent fortement le Black Rebel Motorcycle Club et les sombres « hmmmm hmmmm » entonnés par Peter Hayes et Robert Levon Been sur le titre éponyme de leur dernier opus, Beat The Devil’s Tattoo. Le groupe revient ensuite à ses fondamentaux avec un Phosphene Dream habité à souhait, dont l’issue stroboscopique a sans doute déjà causé nombre de crises d’épilepsie. Avec True Believers, on retrouve des rivages plus noirs – mais, oh, est-ce de l’accordéon ? – avant d’atteindre un Telephone qui constitue la plus belle preuve de l’envergure des progrès des Black Angels – mélodie sixties et paroles légères qui ressuscitent le meilleur des Kinks – on est loin des horizons oscurs de Passover et Direction To See A Ghost. L’heure de la décharge finale a malheureusement déjà sonné : The Sniper, en plein dans le mille.

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Un seul constat s’impose : il n’y a rien à jeter dans Phosphene Dream, et on ne peut que féliciter The Black Angels pour l’initiative de cette féconde conquête de l’ouest. Un seul risque, que grâce à cet album plus varié et plus accessible, le groupe rencontre un succès moins confidentiel qu’avec ses précédents essais – on les plaint, vraiment. Et on en profite pour rappeler aux autres groupes dont le nom commence aussi par « black » qu’ils sont en train de se faire damer le pion et qu’ils feraient bien de s’activer à réparer leurs motos et à trouver un moyen de gravir cette foutue montagne.

Audio

The Black Angels – Sunday Afternoon

Vidéo

Tracklist


The Black Angels – Phosphene Dream (Blue Horizon, 2010)

1. Bad Vibrations
2. Haunting At 1300 McKinley
3. Yellow Elevator #2
4. Sunday Afternoon
5. River Of Blood
6. Entrance Song
7. Phosphene Dream
8. True Believers
9. Telephone
10. The Sniper

Écrit par: Emeline Ancel-Pirouelle

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